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Comme un Rabillard
Ce soir, Antoine Rabillard devrait être aligné en pointe, en lieu et place de Michy Batshuayi, suspendu. Pour une première titularisation, quoi de mieux que de revenir au pays, à Montpellier.
Vendredi soir, à la 96e minute, Antoine Rabillard a frappé pour la première fois en Ligue 1. Menés 1-0 au terme d’un match encore une fois exécrable contre Lille, les Marseillais ont pu compter sur un gamin de 20 ans pour ramener le point du match nul. Sur un ballon repoussé par Enyeama, Rabillard était là pour marquer dans le but vide. Un but tout fait, mais surtout un but d’avant-centre. De quoi le placer encore un peu plus dans les petits papiers de Michel, qui ne cesse de dire du bien de lui. Alors ce soir, face à Montpellier, ce devrait être lui qui commencera en pointe, pour suppléer Michy Batshuayi, suspendu. Un beau symbole puisqu’il est né à Rodez et a grandi à Montpellier. « C’est vrai que ce sera particulier, il y aura toute ma famille et tous mes amis dans les tribunes » , a-t-il expliqué sobrement dans les colonnes de La Provence. Après de bons débuts chez les jeunes avec l’Olympique de Marseille, il se blesse à la cheville plusieurs mois l’année dernière. Un coup dur, puisque l’OM hésite à le conserver. Mais la motivation et le travail de Rabillard vont porter leurs fruits.
« Toujours généreux dans l’effort »
Le début de carrière d’Antoine Rabillard est un long fleuve tranquille. Il prend sa première licence à l’AS Saint-Martin Montpellier. Un club familial dans lequel il reste jusqu’à ses quatorze ans. Son père, bien conscient des qualités de son jeune fils, l’emmène alors quelques kilomètres plus loin, en périphérie de Montpellier, à Castelnau. Jean-Marc Bourrier, en charge des U15 au club, se souvient d’un garçon « toujours généreux dans les efforts » . « C’était un besogneux, il courait partout. Même s’il est cuit, cuit et archi-cuit, il continuera à courir comme un dératé à la 90e minute » , se souvient le fils de Marc Bourrier, ancien entraîneur de l’OM. Une bonne nouvelle, quand on sait à quel point le public marseillais attache de l’importance au fait « de mouiller le maillot » . L’autre qualité qui saute aux yeux de ses éducateurs, c’est sa sérénité. « Il était d’un calme olympien, il était très posé pour son âge. Et surtout, il ne vivait que pour le foot. Il savait ce qu’il voulait et disait déjà qu’il mettrait tout de son côté pour réussir. »
Après deux ans de bons et loyaux services, il quitte Castelnau pour rejoindre Béziers, et faire la rencontre de son nouvel entraîneur, Christophe Lagrange. « Son père cherchait un nouveau défi pour son fils. Alors il m’a contacté, comme il savait que j’étais un ancien joueur pro. Je lui ai fait faire deux entraînements et il m’a convaincu immédiatement. Je n’ai pas hésité une seconde » , se souvient l’ancien joueur du SCO et de l’ASSE. Rapidement, une relation complice s’installe entre le coach et le joueur. Comme ils habitent tous les deux à Montpellier, Lagrange l’emmène souvent à l’entraînement et aux matchs. En tant qu’ancien attaquant, il lui distille ses conseils les plus précieux. « C’est quelqu’un d’attachant, il a besoin de la confiance d’un entraîneur pour s’épanouir pleinement. Je ne suis vraiment pas surpris de sa réussite actuelle, il ne se pose pas de questions. » Un attaquant qui marche à la confiance donc. Heureusement, Michel répète chaque jour qu’il croit en son jeune joueur.
Obsédé par le but
Mais Rabillard n’est pas juste un attaquant besogneux. C’est avant tout un buteur. « Il était obnubilé par le but. Quand il ne marquait pas, il était énervé, comme tous les buteurs (rires). Il faisait les bons appels, il sentait les coups et était toujours bien placé. Comme son but contre Lille après tout… » , explique Christophe Lagrange. À Béziers, Rabillard enfile les buts comme des perles et permet au club de monter en U17 nationaux. Il mène le front de l’attaque d’une main de maître et attise la curiosité de l’Olympique de Marseille. « Un des recruteurs de l’OM m’a appelé et m’a dit qu’ils le suivaient depuis maintenant quelques semaines. Ils lui ont fait passer un essai de dix jours là-bas et tout s’est très bien passé. Antoine m’a demandé mon avis, il avait peur de se précipiter. Je lui ai dit qu’il fallait foncer, ne pas réfléchir » , raconte son ancien entraîneur. Plus qu’à espérer pour lui que sa carrière continue à se dérouler comme sur des roulettes.
Par Kevin Charnay