- Français de l'étranger
« Comme s’il y avait huit chiens morts dans le coffre »
C'est l'histoire d'un mec de Montreuil qui est passé de la CFA 2 au National avec l'UJ Alfortville en trois saisons. Souvent annoncé en Ligue 1, le meneur de jeu de 27 ans se retrouve à Ploiesti, la capitale du pétrole roumain. Damien Boudjemaa, coéquipier de Monsef Zerka au FC Petrolul Ploiesti, raconte ses premières fois en Roumanie.
Ta première image à la descente de l’avion ?
Normal, j’arrive à l’aéroport. J’avoue c’est pas Orly et Roissy mais c’est pas le Kosovo non plus.
Ton premier choc ?
Le jour où j’arrive, il y a environ 20 cm de neige. Un truc de malade, je voyais rien, ni les voitures ni les gens. Tout était blanc.
Ta première rencontre avec tes coéquipiers ?
Tranquille, je suis arrivé et j’ai bien été accueilli. Dans l’équipe, il y a pas mal de Français, du coup, c’est plus facile.
Ton premier match ?
C’était contre le deuxième, Valsui. A cause d’un supporter qui avait mis une droite à un joueur du Steaua Bucarest en plein match, on a dû jouer le match à huis clos, c’était bizarre. Les supporters sont trop chauds ici.
Ton premier but ?
Contre le Dinamo Bucarest, je mets un lob de folie des 40 mètres. En plus, c’était chez eux. J’ai kiffé.
Ta première heure de gloire ?
Toujours contre le Dinamo : ce soir-là, j’ai aussi donné une passe décisive (victoire 3-1). Et comme nos supporters détestent les équipes de Bucarest, depuis, je suis le chouchou.
Ton premier mot roumain ?
Ce-faci, ça veut dire bonjour. Mais attention, il faut le dire avec l’accent italien.
Ton premier chauffeur de taxi ?
Un fou, sa voiture puait. J’avais l’impression qu’il y avait huit chiens morts dans le coffre. Je me souviens, c’était une Logan. De toute façon, ici, tout le monde a une Logan.
Ton premier repas ?
Laisse tomber. C’était au resto du club. Ils appellent ça Koh-Lanta je crois, c’est un truc bizarre, avec du blé ou je ne sais pas quoi, bref c’est dégueulasse.
Ton premier pote ?
Sony Mustivar, c’est le premier mec qui m’a parlé, et en plus, il a la même tête que Busta, c’est un de mes potes à Montreuil.
Ton premier mendiant au feu rouge ?
C’était une dame avec sa fille, les mêmes qu’en France.
Ton premier clash ?
C’était à mes débuts, au mois de janvier, avec l’entraîneur des gardiens. Je ne sais même plus pour quelle raison.
Ton premier fou rire ?
Un jour, on a fait des recherches sur Internet sur l’ancienne coupe de cheveux de Moncef Zerka, il avait une coupe de fou. Va jeter un coup d’œil, tu vas comprendre.
Ton premier coup de blues ?
Oh, ça va, en général, sauf que parfois ma famille me manque, mais ça, c’est normal.
Ton premier soupçon de match truqué ?
C’est Valsui qui gagne chez le premier et qui perd la semaine d’après contre le dernier à domicile. De toute façon, ici, il y a trop de trucs bizarres.
Ton premier supporter « relou » ?
Une fois, j’étais au resto, le mec vient avec vingt places du match que je venais de jouer et il a fallu que je signe un autographe sur chacune des places avec des prénoms chelou. À la fin, j’avais mal au poignet.
Ton premier « Mais putain qu’est-ce que je fous là ? »
Le jour de mon premier entraînement, quand j’ai vu les installations, j’étais vert. Mais bon, franchement, je suis content d’être là. Je m’amuse bien et les gens sont drôles.
Propos recueillis par Rachid Laireche