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Comme des Lions en cage

Par Maxime Brigand
Comme des Lions en cage

D'un côté, la lumière du championnat le plus puissant du monde avec son attractivité massive, son internationalisation affirmée et son rayonnement total. De l'autre, la loi de la jungle pour des joueurs anglais souvent cantonnés aux seconds rôles. La Premier League pose aujourd'hui la question du développement des jeunes espoirs du pays et inquiète un emblème : la sélection nationale.

La machine est lancée, et rien ne semble être en passe de l’arrêter. Plus que jamais, l’été 2015 a été celui de la Premier League. L’an passé, les vingt pensionnaires de la lucrative Premier League avaient dépensé 835 millions de livres – 1,18 milliard d’euros -, arrosant à coups de sommes records le marché des transferts mondial. Ce total colossal représentait huit fois les dépenses des clubs de Ligue 1, le triple des investissements allemands et le double du carnet de chèques espagnol. Rien que ça. Alors que le mercato estival se terminera dans moins de deux semaines, ce record devrait tomber pour la deuxième année de rang alors que la bombe dorée des droits télé n’a toujours pas explosé dans les mains des riches propriétaires. La Premier League est née il y a 23 ans, sur les braises d’un football anglais hanté par ses démons hooliganistes et a, progressivement, fait muer le championnat d’Angleterre en une représentation théâtrale.

En deux décennies, le supporter a évolué, les joueurs étrangers ont débarqué avec, sur leurs talons, les agents. Le prix des billets a explosé et les propriétaires ont changé de vocabulaire. Le back four a laissé sa place au « business plan » , le tout discuté au-dessus d’un public versé dans un embourgeoisement forcé. Le football anglais a évolué, Richard Scudamore, le président exécutif de la Premier League, parle maintenant « d’entertainment » . Reste que le système pose aujourd’hui question et semble progressivement avoir fait une victime collatérale : l’Angleterre, elle-même, et une sélection nationale en perte d’identité.

Ce pays qui ne voit pas son vivier

Le système est tortueux. Aujourd’hui, chaque club anglais doit posséder au moins huit joueurs du cru dans son effectif. Un quota imposé par la Football Association (FA) qui étudie la possibilité de le faire évoluer à douze, ce qui ressemble à un souhait vain. La Premier League est égocentrique, et son président est un adepte de la politique de l’autruche. Le vivier national dans lequel le sélectionneur, Roy Hodgson, peut puiser semble sans cesse se réduire. Richard Scudamore lui répond que seuls les plus forts s’en sortiront. Anglais ou non, le joueur doit se battre pour se faire sa place, sans privilège, sans augmentation de quota. L’instance ne souhaite pas regarder par la fenêtre tant que l’argent irrigue les caisses. Preuve en est, lors du dernier exercice, seuls 10,2% de joueurs formés en Angleterre ont évolué en Premier League. Un taux historiquement bas.

Ce constat a des conséquences. En juin dernier, l’Angleterre a terminé dernière de son groupe au championnat d’Europe espoirs en République tchèque avec une petite victoire, le tout un an après la sortie prématurée de l’équipe première à la Coupe du monde brésilienne. Pourtant, dans le même temps, Chelsea a remporté en avril la Youth League, l’alter ego de la C1 pour les réserves des clubs européens. Reste que ce succès est à lui tout seul la représentation des maux profonds du football anglais. Les clubs de l’élite ne font pas confiance à leurs jeunes et, dans le cas de Chelsea, avec José Mourinho en première ligne. L’entraîneur portugais n’a quasiment jamais fait appel à l’un des joueurs du groupe victorieux lors de la Youth League, et ce, même pour faire le nombre. Un exemple confirmé par Manchester United, qui a laissé ces dernières années de nombreux jeunes quitter Carrington. De Gerard Piqué aujourd’hui à Barcelone à Danny Welbeck parti à Arsenal, en passant par les oubliés De Laet, Powell, Morrison, le symbole est unique : les jeunes Anglais souffrent d’un manque de place, parfois aussi de talent ou de maturité.

« La sélection a un côté embryonnaire »

Peu avant le Mondial 2014, Roy Hodgson, sélectionneur des Three Lions depuis mai 2012, avait évoqué (1) ce qu’il appelait alors « une période de transition » où « la plupart de (nos) joueurs sont bien dans les cinq ou six meilleurs clubs du pays, mais, (…) ils sont en concurrence avec ce que les marchés étrangers peuvent proposer de mieux » . L’ancien entraîneur de Fulham et Liverpool parlait même de sa méthode de sélection : « Il m’arrive souvent d’aller à un match après avoir lu que tel ou tel espoir fait de très bonnes choses ; je suis excité à l’idée de le voir en action ; et puis, quand j’arrive, il est sur le banc des remplaçants et n’entre que pour un quart d’heure. » Selon lui, sa sélection a un côté embryonnaire où certains talents peinent à se faire une place de titulaire en club. Progressivement, une nouvelle génération semble cependant émerger depuis un an. On pense alors à Raheem Sterling, transféré cet été à Manchester City, Ross Barkley et John Stones à Everton, Luke Shaw à Manchester United ou encore Harry Kane et Ryan Mason dans les rangs de Tottenham.

Reste que la sélection est en perpétuelle recherche d’identité depuis le départ de ses anciens cadres. L’Angleterre ne possède pas dans ses rangs de leader, à l’exception de Wayne Rooney qui peine à assumer ce statut une fois le maillot national sur le dos, ou de très grands joueurs confirmés. La relève arrive avec Danny Ings ou Saido Berahino, mais on ne parle pour le moment que d’espoirs au moment où l’Angleterre cherche des piliers. La sélection souffre d’un championnat où les Anglais se font de plus en plus rares et cette saison est partie sur des bases similaires. Lors des deux premières journées de championnat, seulement 31,6% de joueurs sélectionnables par Roy Hodgson sont apparus sur les pelouses du pays. Le tout encadré par seulement cinq entraîneurs anglais. L’Euro 2016 n’est que dans un an et même si l’Angleterre est pour le moment en tête de son groupe de qualifications, avec six victoires en six rencontres, cette saison sera charnière, le pays n’ayant pas atteint le dernier carré d’un championnat d’Europe depuis 1996. Comme au carrefour de l’avenir d’un pays pour qui le football était roi, bien avant sa globalisation. À moins que Bill Fox, le président défunt de la Football League, ne fut un précurseur lorsqu’il déclara : « Vous faites une belle connerie en créant cette Super League, croyez-moi ! » C’était en décembre 1990. Vingt-cinq ans plus tard, la question est toujours d’actualité.

(1) : propos tirés d’un entretien paru dans France Football, le 10 juin 2014.

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