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Combien de vies reste-il à Yohan Cabaye ?
Pour le milieu de Crystal Palace, l’année 2016 ressemblait surtout à un chemin de croix, après une saison galère en Premier League et une place plus que jamais menacée en sélection. Que peut-on lui souhaiter pour la nouvelle année ?
Une silhouette clignotante réapparaît sur l’écran. En inscrivant contre Watford (1-1) le premier but de Crystal Palace sous l’ère Sam Allardyce, Yohan Cabaye s’offre une nouvelle chance de passer ce niveau sur lequel il bute depuis plusieurs mois. Tel un certain plombier italo-japonais, l’international français a fini son année affaibli, mais sachant désormais ce qu’il doit faire pour éviter ce foutu ravin s’il ne veut pas y rester pour de bon. Dernier coup dur : le limogeage d’Alan Pardew, le coach qui l’avait fait venir d’abord à Newcastle en 2011, avant de le relancer à Crystal Palace en 2015. « Si vous voulez voir comment joue un milieu de terrain en Premier League, dans les tacles, de la tête, dans les passes, dans le calme, dans la création, venez voir Cabaye » , déclarait Pardew face à la presse. C’est pour cette polyvalence qu’il fût recruté il y a trois ans au Paris Saint-Germain. Et aussi ce qui l’a empêché de s’imposer dans la rotation parisienne, tant le rôle de sentinelle n’est pas celui qui lui sied le mieux.
L’éviction de son mentor britannique n’est qu’une désillusion de plus dans une année déjà bien pérave. Ses Eagles ont pris du plomb dans l’aile en échouant en mai à une banale quinzième place alors qu’ils s’étaient envolés jusqu’à la cinquième place à mi-parcours. Le début de saison actuel est aussi décevant, avec un Cabaye moins rayonnant et pas épargné par les blessures aux côtes en mai, aux ischio-jambiers en septembre. Plus dur à encaisser : sa place en Bleu est désormais compromise. Personnage incontournable du système Blanc, le Nordiste a vu les éléments se déchaîner contre lui. À quelques encablures d’un Euro à la maison, il s’est vu doublé par un Lass Diarra revenu en grâce. Puis c’est N’Golo qui a été installé sur le gong entre les indéboulonnables Matuidi et Pogba. Convaincu par le 4-2-3-1, Didier Deschamps a même retiré un milieu de son onze type, ce qui n’élargit pas les perspectives du « Xavi français » . En novembre, pour la première fois depuis cinq ans, le nom de Cabaye n’apparaissait pas dans la liste d’un sélectionneur qui a préféré miser sur Adrien Rabiot. Le même qui l’avait rétrogradé dans la hiérarchie à Paris. C’est simple, l’ancien Lillois n’a plus revêtu le maillot bleu depuis sa titularisation contre le Suisse à l’Euro (si on omet son entrée dans les arrêts de jeu en demie contre l’Allemagne), écarté du projet Russie 2018.
Changer de disquette en 2017
Des déconvenues qui l’ont conduit lui aussi à tenter à la mi-octobre la « blond therapy » . À l’instar de Lionel Messi après l’échec en finale de la Copa América, la teinture du milieu londonien apparaît comme un moyen (comme un autre) d’extérioriser sa volonté de tourner la page. Mais que peut concrètement espérer Yohan Cabaye pour cette année 2017 ? Alors qu’il fêtera ses trente et un ans le 14 janvier prochain, tout ne semble pas perdu pour lui en EDF. Le plan biennal de Didier Deschamps est d’installer Pobga et Matuidi comme les leaders du milieu tricolore à la veille du prochain Mondial, avec Kanté et Rabiot comme compléments idéaux, mais pas encore cuits à point. Mais en attendant que ces prévisions se confirment, les Bleus ont besoin de cadres dans l’entrejeu. Cabaye doit se positionner comme celui-ci. Son profil de relayeur-passeur permettrait une alternative bienvenue. Homme d’expérience à l’état d’esprit irréprochable, véhiculant une sérénité appréciée des médias, pouvant faire le lien entre les différents groupes, le vestiaire pourrait avoir besoin de lui lorsque Tonton Pat Évra s’en ira pour de bon.
Avant de revendiquer quoi que ce soit, il doit redevenir le franchise player qu’il fût à Newcastle et qui est attendu dans le sud de Londres. Avec l’intronisation d’Allardyce, Cabaye va découvrir un entraîneur qui partage certains principes avec les Puel, Garcia et Pardew. Des coachs assez paternalistes pour le mettre en confiance et l’inciter à prendre ses responsabilités. Reconnu comme un spécialiste pour tirer le meilleur de ses joueurs, Big Sam sait qu’il a « une équipe composée de joueurs qui étaient très bons en 2015, à Palace où ailleurs, notamment Yohan Cabaye à Newcastle et au PSG » . Surtout que l’effectif de Palace semble taillé pour le quarterback des Glaziers. Devant, les flèches comme Zaha, Benteke et Townsend ne demandent qu’à être servies. À ses côtés, les milieux Joe Ledley, Mathieu Flamini ou Jason Puncheon jouent dans un autre registre, lui évitant ainsi une concurrence qu’il n’a que très rarement supportée.
Et si les choses ne s’arrangeaient pas du côté de Selhurst Park, la question de rejoindre un club plus ambitieux pourrait lui sauver la mise. Lorsque son aventure parisienne touchait à sa fin, les pistes de l’AS Roma ou d’Arsenal étaient évoquées. Qu’en serait-il aujourd’hui ? Si les portes de ce niveau restaient closes, il pourrait toujours écouter le chant des sirènes marseillaises, puisqu’un certain Rudi Garcia avouait à La Provence être à la recherche de « un milieu polyvalent, du type Yohan Cabaye, qui était devenu international lorsqu’il évoluait au LOSC, à la hauteur de Balmont et devant Mavuba » . Revenir en Ligue 1, affronter le boss de fin, et profiter de l’ultime cinématique en charentaises.
Mathieu Rollinger