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  • Un jour, un transfert
  • Episode 44

Collins John à Fulham : lost in translation

Par Maxime Renaudet
5 minutes
Collins John à Fulham : lost in translation

Cet été pendant le mercato, So Foot revient chaque jour de la semaine sur un transfert ayant marqué son époque à sa manière. Pour ce 44e épisode, direction l'hiver 2004 et l'étonnant transfert de Collins John. Recruté par Fulham pour pallier le départ de Louis Saha, le Néerlando-Libérien de 18 piges est présenté dans la foulée à Craven Cottage aux côtés de son homonyme inversé : John Collins.

Le 31 janvier 2004, alors que la fenêtre des transferts va bientôt se refermer, Fulham tente un dernier coup de poker. Les Cottagers de l’homme d’affaires égyptien Mohamed Al-Fayed viennent de s’offrir l’attaquant de Twente, Collins John, pour 3,5 millions d’euros. Le joueur de 18 piges, également courtisé par Manchester City et le PSV Eindhoven, a décidé de rejoindre le club de Premier League après deux appels : celui du coach Chris Coleman et celui du gardien Edwin van der Sar. « J’étais comme un gosse dans un magasin de bonbons. C’était incroyable car tout était nouveau et excitant, résumait-il au site britannique PlanetFootball en avril 2020. C’était mon rêve parce que j’adorais la Premier League. Je regardais l’émission Match of the Day tous les dimanches, avec toutes les légendes : Shearer, Bergkamp, Zola, Hasselbaink. Et là, ce rêve devenait réalité. » Hélas, après une présentation étonnante et des débuts grandiloquents, le rêve éveillé de Collins John ne durera pas longtemps, au point de se demander si le poids du nom n’était pas trop lourd à porter.

« J’avais évidemment entendu parler de John Collins »

Le jour où Collins John paraphe son contrat de cinq ans avec l’équipe de Steed Malbranque, les supporters des Cottagers ont déjà fait leurs petites recherches sur le joueur. Ils savent qu’il a inscrit neuf buts en 18 matchs d’Eredivise avec Twente, mais que c’est un pari osé car il n’a pas encore une seule saison pleine dans les jambes. Qu’importe, car sept jours après le départ pour Manchester United de Louis Saha, auteur de 13 buts en 20 matchs de Premier League, il faut du sang neuf pour suppléer Brian McBride, Facundo Sava et Barry Hayles. Ces derniers ne vont pas tarder à le découvrir sur la pelouse de Craven Cottage, car les dirigeants le présentent au public et à ses coéquipiers dans l’après-midi, lors de la réception de Tottenham.

Dans le vestiaire on avait tous souri du fait qu’il avait presque le même nom que notre ancien coéquipier. Vu que j’avais été champion de France à Monaco avec lui en 1997, je lui ai un peu parlé du vrai John Collins. Il avait du boulot devant lui

Hasard du calendrier, l’ancien joueur de Fulham John Collins étant à Londres pour rendre visite à des amis, le jeune retraité en profite pour se rendre au stade dans le costume de VIP. Mais ce que ne sait pas celui que Jean Tigana a fait terminer sa carrière avec la réserve des Cottagers, c’est qu’il va croiser son homonyme palindromique dans le tunnel du stade et participer malgré lui à sa présentation. « J’avais évidemment entendu parler de John Collins, car je m’intéressais au foot, expliqua plus tard Collins John. Ils l’ont présenté, puis ça a été à mon tour. J’ai trouvé ça très drôle » En revanche, ses premiers mois à Fulham ne seront pas très drôles puisqu’il arrive avec un petit pépin à une cheville et doit attendre le mois de mars pour jouer ses premières minutes avec sa nouvelle équipe.

Alors, en attendant, le jeune John essaye de s’adapter à la vie anglaise loin des siens et de se faire son propre nom, que ce soit dans la presse, sur les forums des supporters de Fulham ou dans le vestiaire. « Dans le vestiaire on avait tous souri du fait qu’il avait presque le même nom que notre ancien coéquipier. Vu que j’avais été champion de France à Monaco avec lui en 1997, je lui ai un peu parlé du vrai John Collins, en lui disant qu’il avait du boulot devant lui » , rembobine Martin Djetou, alors prêté par Parme. Malgré ces comparaisons récurrentes avec l’ancien milieu écossais – qui a participé à la promotion de Fulham en Premier League en 2001 -, Collins John va bien se faire son propre nom.

Plutôt deux fois qu’une

Plus précoce que la moyenne, Collins John se distingue dès sa deuxième apparition en championnat, le 10 avril, lors d’un déplacement à Leicester. Ce jour-là, celui qui a rejoint les Pays-Bas à six ans pour fuir la guerre au Liberia rentre à 28 minutes du terme, avant de planter son premier doublé en Angleterre. Plus jeune buteur du club en Premier League après cette rencontre, il remet le couvert deux jours plus tard face à Blackburn, inscrivant deux nouveaux buts. Ce seront ses quatre seuls de sa première demi-saison à Fulham – qui terminera 9e au classement -, mais ils lui suffiront pour être appelé en sélection hollandaise en août 2004, huit mois après son arrivée en Angleterre. À même pas 19 ans, le frère aîné d’Ola John – qui évolue aujourd’hui en Arabie Saoudite après avoir joué à Benfica, Hambourg et Wolverhampton sans jamais percer – jouera au total 69 petites minutes avec les Oranjede Marco Van Basten; et la saison suivante sera la plus aboutie de sa carrière, l’attaquant scorant onze fois en Premier League, dont ce bijou face à Middlesbrough.

L’exercice 2006/2007 sera en revanche plus compliqué pour l’éphémère international hollandais, qui se crêpera le chignon avec Chris Coleman lors de la trêve hivernale. En cause : son souhait de rejoindre Watford, concurrent des Cottagers dans la course au maintien. « Collins a averti son agent qu’il voulait quitter le club et il lui a dit qu’il me l’avait signalé, mais en fait, il ne l’a pas fait, expliquait le coach gallois à Sky Sports. De mon point de vue, je trouve ça décevant, mais parfois tout se perd dans la traduction. »

Pourtant, le 14 avril 2007, Collins John n’a pas besoin de Google Traduction pour comprendre que Coleman s’est fait virer suite à une série de sept matchs sans succès en championnat. Ni même pour rejoindre en prêt Leicester quelques mois plus tard, avant de connaître une descente aux enfers. Celle-ci l’a conduit en Belgique, en Pologne, aux États-Unis, en Azerbaïdjan, et même en Iran, avant de raccrocher les crampons il y a quelques mois après trois ans au SC Buitenboys, un club amateur situé à une trentaine de kilomètres d’Amsterdam. Entre temps, le board de Fulham a réitéré l’expérience à l’été 2012 en recrutant le Français Moussa Dembélé, quelques semaines avant le départ à Tottenham de… Mousa Dembélé. Avec un peu plus de succès.

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L’entrée folle de Harry Wilson pour faire gagner Fulham
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Par Maxime Renaudet

Propos de Martin Djetou recueillis par MR.

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