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Collin : « La MLS, c’est l’antichambre de la Premier League »
Avec la star Thierry Henry, Aurélien Collin est l’autre joueur français qui affrontera Chelsea lors du All-Star Game de MLS le 25 juillet. Très populaire à Kansas City depuis son arrivée il y a un peu plus d’un an en provenance du Portugal, le rugueux défenseur ne tarit pas d’éloges sur le football à la mode soccer. Et il ne cache pas non plus ses ambitions. Entretien.
Tu as été retenu dans le onze de départ du All-Star Game de MLS 2012 pour affronter Chelsea le 25 juillet à Philadelphie. Alors, heureux ?Je suis super, super content. C’est une grosse reconnaissance que d’avoir été retenu, ça récompense mes performances individuelles, mais c’est aussi hyper satisfaisant de voir que mon équipe de Kansas City est la plus représentée, puisqu’on est trois nommés au total (le gardien Jimmy Nielsen, le milieu Graham Zusi et lui, NDLR). Après tout ce n’est pas étonnant, on est vraiment en pleine bourre actuellement, puisqu’on est premiers de la Conférence Est et qu’on est qualifiés pour les demi-finales de la Coupe des États-Unis (match joué la nuit dernière à Phliadelphie et remporté 2-0 par Kansas City, qui affrontera Seattle le 8 août en finale, Ndlr).
Est-ce une surprise d’avoir été sélectionné ?Je savais que je faisais partie des prétendants, mais de là à figurer dans le onze… Oui quand même, ça m’a étonné. Ce qu’il faut savoir, c’est que ce sont les fans qui votent, par texto, sur Twitter, via le site de la MLS. Étant trois de Kansas City retenus, on se dit que nos fans ont dû voter comme des malades ! Mais c’est bien, ça ne m’étonne pas, ils sont fantastiques.
Tu vas donc affronter le dernier vainqueur de la Ligue des champions avec de prestigieux coéquipiers : Thierry Henry, David Beckham, Landon Donovan… Sacré challenge !Oui, c’est chouette, et en même temps, je ne compte pas prendre ça à la légère. C’est aussi un bon test pour montrer ce que je vaux. Je suis un compétiteur avant tout. On a quelques entraînements avant le match pour mettre en place les automatismes, ça va être intéressant, je compte en profiter pour apprendre.
Le Sporting Kansas City n’est certainement pas la plus connue des franchises, mais ses performances sont remarquables. Peux-tu nous la présenter ?Depuis mon arrivée sur place il y a un peu plus d’un an, on est clairement une équipe qui monte en puissance et qui s’affiche comme une des grosses équipes de la Ligue. Déjà la saison dernière, on avait terminé en tête de la Conférence Est, avant de se faire sortir en finale (0-2 contre Houston). Notre force première, c’est la défense, la plus solide de MLS. On mise beaucoup sur le physique et nos adversaires le savent, on commence à être vraiment craint.
Comment es-tu arrivé à Kansas City ?J’ai débarqué ici en mars 2011 en provenance de Setubal, au Portugal. Je jouais là-bas depuis un an et demi. Sportivement, ça se passait bien, j’ai joué tous les matchs, mais il y avait un gros problème d’argent. On avait des retards dans les salaires et les primes. Via l’ami d’un coéquipier qui connaissait le coach de Kansas City Peter Vermes, je lui ai envoyé un DVD. Il est venu me voir jouer contre Nacional Funchal et Porto et m’a bien fait comprendre que je l’intéressais. Il me fallait juste me libérer de mon contrat, ce qui a été fait parce que je n’étais plus payé.
T’as pas un peu hésité avant de te lancer en MLS ?Le truc qu’il faut savoir, c’est que jusqu’à présent, je n’avais jamais eu de chance. Ou dans certains cas, on ne m’a jamais donné ma chance. À Amiens (2005-2007), le coach préférait aligner un gars moins bon que moi, en Écosse (Gretna, 2007-2008), c’était le début de la crise du foot là-bas, en Angleterre (Wrexham, 2009), il n’y avait pas d’argent… Et à Setubal, alors que je progressais clairement, il y avait encore ces problèmes d’argent. La galère. Or, depuis tout petit, je voulais me faire ce rêve américain, alors je n’ai pas hésité, non. En plus, j’en avais parlé avec un ami joueur, Florent Raimy, qui a connu l’expérience américaine en USL, un championnat en-dessous de la MLS. Il m’avait dit combien c’était pro et cool. J’ai pu le vérifier dès mon arrivée à Kansas City : un stade ultra moderne était en fin de construction et la franchise était déjà dotée de superbes installations. On est mis dans des conditions extraordinaires.
Niveau football pratiqué, ça donne quoi ?C’est physique et très intense. Personnellement, j’ai jamais autant couru ! Depuis deux mois, on est sur une moyenne de deux matchs par semaine et on va garder ce rythme encore un mois et demi. Il n’y a pas de trêve et on voyage beaucoup. Encore, nous, ça va. Kansas City étant au centre du pays, c’est moins éprouvant, on est à 2h de LA, 2h30 de New York. En fait, niveau football, je dirais que c’est l’antichambre de la Premier League anglaise, avec beaucoup d’engagement et peu de temps de récupération.
En parlant d’Angleterre, as-tu encore envie de revenir t’imposer en Europe ou comptes-tu rester aux États-Unis ?Pour l’instant, je suis très heureux en MLS, mais bien sûr, l’objectif serait de revenir au plus haut niveau en Europe. Attention, j’ai bien dit au plus haut niveau. Pour quitter ma belle vie ici, à Kansas City, il faut que ce soit pour quelque chose de grand.
La MLS peut-elle faire office de tremplin dans une carrière ?C’est un championnat encore super jeune, mais il est clair que les Américains savent faire les choses bien. C’est déjà hyper pro, tous les stades sont magnifiques, le marketing est au top, le niveau de jeu monte… À ce rythme, la MLS peut sans problème faire partie des grandes ligues mondiales d’ici une dizaine d’années.
Kansas City affronte Montpellier en amical le 24 juillet. Le All-Star Game étant le lendemain, tu n’en seras pas ?Hé non ! C’est un peu dommage d’ailleurs, car j’aurais bien aimé voir ce que je vaux contre le champion de France, ça fait super longtemps que je n’ai pas joué contre une équipe française. Jamais en match officiel, en fait. Mais bon, jouer Chelsea à la place, il n’y a pas à hésiter ! Dans tous les cas, ces matchs contre des équipes européennes sont des occasions de se montrer, de voir si j’ai progressé.
Tu continues à suivre le championnat de France ?Bien sûr. Je suis originaire de la région parisienne, alors évidemment, je suis attentif à ce qui est en train de se faire actuellement avec le PSG. Ça laisse rêveur…
Propos recueillis par Régis Delanoë