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Collectif des joueurs du PSG
Lors des premières sorties estivales du PSG de Laurent Blanc, d’aucuns s’étaient interrogés sur la « qualité » du collectif parisien. On parlait alors d’individualités, d’égoïsme, d’incapacité à jouer ensemble. Aujourd’hui, à l’heure où le club peut – déjà – valider son billet pour les 8e de finale de la Ligue des champions, le collectif est au-dessus de tout. Et même d’Ibrahimović.
Avoir un permis de conduire, c’est bien. Surtout quand papa vous file une Ferrari à votre anniversaire. Reste à ne pas caler bêtement au premier feu rouge. C’est un peu le cas de figure de Laurent Blanc qui, depuis juillet dernier et son intronisation à la tête du PSG, a entre les mains un bolide alors qu’il a toujours préféré les transports en commun. Hériter d’une équipe championne de France, quart-de-finaliste de la C1, sans départ majeur et renforcée d’Edinson Cavani, Marquinhos et Lucas Digne, on a connu cadeau de Noël plus honteux. On attendait donc le Président sur un terrain jusque-là inexploré par son prédécesseur Carlo Ancelotti : le jeu et l’expression collective. L’an passé, le PSG était solide et procédait essentiellement en contre. Des matchs maîtrisés et agréables, ça se compte sur les doigts d’une main (Rennes, Lyon, un peu le retour au Barça et basta). Alors oui, quand on dégueule de pognon, c’est plus facile de « s’acheter » un collectif. Mais encore faut-il que la mayonnaise prenne. Avec Laurent Blanc, c’est évident, il s’est passé quelque chose. La marque de fabrique est beaucoup plus prononcée. Comment ne pas tirer de conclusion sur le travail de l’entraîneur français quand celui-ci arrive à installer son 4-3-3 là où Carlo Ancelotti avait échoué avec le même matériel. Ou presque.
Pourtant, quand on avance à l’ancien coach des Bleus que son équipe envoie du jeu, il s’excuserait presque en conférence de presse : « Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que Thiago Motta était très souvent absent la saison dernière et c’est un joueur très important. Notre milieu de terrain est une des garanties de notre jeu. Car notre philosophie, c’est de vite récupérer le ballon et de construire en partant de derrière. » En quelques phrases, Blanc a néanmoins mis en avant son PSG. En haut de la colonne « crédit » , il y a notamment une philosophie de jeu, déjà. Derrière le FC Barcelone et le Bayern Munich, Paris est le club d’Europe qui affiche le meilleur pourcentage de possession de balle (64,1% de moyenne). Le pourcentage de passes réussies ? Troisième également (toujours derrière les deux équipes guardioliennes avec 87,9% de passes réussies). Des statistiques qui confirment la montée en puissance du triangle magique Motta-Verratti-Matuidi, véritable pierre angulaire du projet de jeu de Blanc. Pour Thiago Motta, qui s’exprimait récemment en conférence de presse, il s’agit avant tout d’un « gros travail qui nous a permis d’atteindre ce niveau, mais nous devons continuer à travailler pour le maintenir » . Paris veut contrôler et réduire ses adversaires au néant. Dès lors, la colonne vertébrale est évidente, c’est la même que durant le règne d’Ancelotti : Sirigu – Thiago Silva – Thiago Motta – Ibrahimović. Sauf que Blanc a surtout construit autour. Et plutôt bien.
L’apport de Jean-Louis Gasset
Des réussites, Blanc commence à en collectionner quelques-unes depuis juillet. Elles sont multiples : communication, coaching, turnover, gestion des hommes, philosophie de jeu, résultats. Tout ce que touche Blanc se transforme en or. Même Van der Wiel. Dans ce torrent de réussites, deux sont à sortir du lot. La première, elle est humaine. Elle s’appelle Jérémy Ménez. Buteur contre Lorient et auteur d’un match très intéressant, le numéro 7 francilien revient de loin. Blessé en début de saison puis logiquement à court de compétition, l’ancien Romain a mis du temps à revenir. Après son coup de sang contre Benfica, Blanc – appuyé par sa direction – fait comprendre au joueur que personne n’est au-dessus du collectif. Personne. Moralité, Ménez file droit, voit le déplacement à Marseille lui passer sous le nez, et met les bouchées doubles pour revenir dans le game. Ce fut chose faite à Lorient où le joueur a été très clair : « Je remercie l’équipe, le staff et le coach qui ont toujours été derrière moi » .
Entre le Blanc qui se faisait marcher dessus par ce même Ménez lors de l’Euro 2012 et celui du PSG, la donne a bien changé entre les deux hommes. L’un a mûri. L’autre, un peu moins. L’autre apport collectif de Blanc, c’est Jean-Louis Gasset. Les coups de pied arrêtés, c’est son truc. Et force est de constater que la qualité de frappe dans ce secteur de jeu saute aux yeux. Une corde supplémentaire dans l’arc offensif parisien. Un arc tenu par des monstres qui plus est. Des mecs qui prennent de plus en plus de plaisir à jouer ensemble. On a souvent tourné en dérision le fameux « projet » parisien, sauf que la réalité est froide et évidente : ce groupe a une âme. Il s’y passe quelque chose. Un mélange d’amitiés et de transmission de savoir. Chacun apprend de l’autre. On avait prédit le cauchemar à Blanc pour son incapacité à gérer de tels caractères. Moralité, il s’en sort à merveille. Entre responsabilisation et auto-gestion d’un vrai groupe de compétiteurs. Collectivement, ce PSG est sans doute le plus fort de l’Histoire. Et Laurent Blanc y est pour quelque chose. Sa première victoire, c’est celle-là. Allez Lolo, passe la seconde, tu vas voir, elle en a sous le capot.
Par Mathieu Faure