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Colleau/Bassila : « Voir un stade aux couleurs de la Bretagne, c’était exceptionnel »

Propos recueillis par Gaspard Manet
8 minutes
Colleau/Bassila : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Voir un stade aux couleurs de la Bretagne, c’était exceptionnel<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Face à Angers, ce mardi, Guingamp a l'occasion de se qualifier pour la quatrième fois de son histoire en finale de la Coupe de France. L'occasion idéale pour aller rencontrer ceux qui étaient les deux capitaines de l'EAG, en 2009, lorsque le club breton a soulevé la coupe pour la première fois. Un moment que ne sont pas près d'oublier Fabrice Colleau et Christian Bassila.

Vous vous souvenez bien de cette Coupe de France 2009 ?Fabrice Colleau : Évidemment, c’est quelque chose d’ancré. Il y a plusieurs matchs qui nous ont marqués, notamment celui du huitième tour contre La Vitréenne où on se qualifie de justesse aux tirs au but alors qu’on peut perdre le match plein de fois pendant la prolongation. Et finalement la chance était de notre côté. Qui sait, c’est peut-être ce match-là qui a soudé le groupe.

Rétrospectivement, comment expliquez-vous ce parcours alors que dans le même temps, vous réalisiez une assez mauvaise saison en Ligue 2 (terminée à la 13e place) ? Christian Bassila : Il y a des saisons comme ça… On avait un super groupe, avec une bonne ambiance, une parfaite alchimie entre les anciens et les jeunes. Honnêtement, tout était réuni pour que l’on fasse une bonne saison. On espérait monter en première division, mais finalement le fait de remporter cette Coupe du France nous a permis de vivre quand même une super saison. Ce trophée n’était que du bonheur. FC : Il faut savoir qu’on avait des joueurs de grande qualité comme Oruma ou Eduardo ainsi que plusieurs jeunes très forts qui commençaient à pousser derrière. Et on n’avait pas un style de jeu très adapté à ce que demande la Ligue 2. Et puis quand tu as dans ton équipe un Wilson Oruma qui parvient à être champion olympique et qui sait donc se préparer pour les grands rendez-vous, ça t’aide à te transcender pour les matchs de Coupe. Alors certes, c’est paradoxal de jouer le maintien et de gagner la Coupe de France, mais en fait la Coupe était pour nous le moyen de réussir ce que l’on n’était pas capables de faire en championnat.

Surtout que lorsqu’on se rend compte qu’on ne peut plus rien jouer en championnat, on se donne forcément à fond dans ce genre de compétition ? FC : Tout à fait. Ça devient non seulement une échappatoire, mais surtout un objectif à part entière, car avec les résultats qui étaient très mauvais en championnat, c’était le seul moyen pour essayer de faire tout de même une bonne saison. La priorité restait tout de même de se maintenir en Ligue 2, mais c’est vrai que la Coupe en devenait une au fur et à mesure que l’on avançait dans la compétition. CB : Oui, c’est sûr. On mise tout dessus, car de toute façon, c’est tout ce qu’il nous reste, donc on n’a plus trop le choix si l’on veut sauver la saison. Ça devient la priorité par défaut en quelque sorte.

Vous arrivez en finale alors que vous faites une mauvaise saison en championnat et surtout avec les couleurs d’un club qui n’avait encore jamais rien gagné. Cela ne vous a-t-il pas mis de pression ?CB : Quoi qu’il arrive, ça reste une finale, donc il y a toujours un peu de stress avant un match comme ça. Mais on avait un groupe d’expérience avec des joueurs comme Oruma, Deroff ou encore Mathis qui avaient l’habitude de ce genre de rencontres. Tous les joueurs d’expérience avaient bien entouré les plus jeunes pour que tout le monde parvienne à bien gérer cet événement. FC : Je pense qu’il y avait plus d’adrénaline que du stress. Je ne dirais pas que nous étions sereins, ce serait de la prétention, mais disons que l’on avait conscience que l’on pouvait battre une Ligue 1 sur un match au vu de l’expérience que l’on avait. Puis de toute façon, tout le monde nous voyait perdant, donc on n’avait rien à perdre.

Quand on joue une finale pour un club qui n’a jamais rien gagné jusque-là, l’enjeu doit forcément être plus grand, non ? La pression populaire n’est-elle pas trop forte ?CB : Effectivement, il y avait une grosse attente de la part des supporters. Puis notre président, Noël Le Graët, rêvait particulièrement de soulever un trophée. FC : Pour Guingamp, c’était déjà une grande fierté de retrouver la finale de Coupe de France. Les supporters de ce club amènent la passion, mais ne sont pas du genre à mettre la pression sur les joueurs. Il y avait une grosse ferveur, une grosse émulation autour de cette rencontre, ce qui nous a aussi permis d’être prêts pour le jour J.

En parlant de la ferveur, cette finale a connu un record d’affluence pour un match de Coupe de France avec 80 056 supporters. Vous vous souvenez de l’ambiance qu’il y avait dans le stade ce jour-là ?CB : Oui, d’autant que c’était une ambiance réellement bon enfant.

Même les supporters rennais nous ont applaudis. Je crois que tout le monde était content que la coupe parte en Bretagne.

Les supporters des deux équipes arrivant par la même gare, tout le monde craignait un peu des débordements, mais c’était tout l’inverse. Il y avait réellement un esprit fraternel. Je me souviens que même les supporters rennais nous avaient applaudis. Je crois que tout le monde était content que la coupe parte en Bretagne. FC : Je ne sais pas si tout le monde était content que la coupe reparte à Guingamp, mais c’est vrai que lorsqu’on a fait notre tour d’honneur, les supporters rennais nous ont applaudis, ça prouve que l’on avait mérité notre victoire. Ce match est vraiment resté une grande fête.

Cela doit être impressionnant de jouer devant 80 000 personnes, lorsque l’on n’est pas habitué à de telles affluences…FC : Sur le moment, j’essayais de rester dans ma bulle, mais c’était vraiment fort. Voir un stade aux couleurs de la Bretagne, c’était exceptionnel. Car au-delà de la finale, c’était un derby breton au Stade de France, ce qui est assez incroyable. Et puis bon, c’est la première et seule fois où j’ai joué devant un stade de 80 000 personnes bondé…CB : C’est quelque chose à vivre… C’est impressionnant. Il y avait tellement de monde que l’on avait du mal à s’entendre sur le terrain. Franchement, c’est une expérience à vivre en tant que footballeur. C’est vraiment quelque chose.

Le moment de la soirée, c’est lorsque vous soulevez la Coupe tous les deux. Pourquoi avoir fait ça ? FC : En fait, au début de saison, j’étais capitaine, puis ensuite c’est Bass’ qui a hérité du brassard. Mais nous, on a toujours été très proches tous les deux. Pour lui, le brassard ne voulait pas tout dire. Si tu étais un leader dans le vestiaire, tu pouvais t’exprimer. Avant la finale, il m’avait dit : « De toute façon, Fab’, si on la gagne, on la soulève tous les deux. » Ça m’a forcément touché, d’autant que moi, en tant que joueur formé au club, c’est super fort de pouvoir soulever le premier trophée du club comme co-capitaine… C’est un souvenir immense. Et je le remercie encore pour ça. CB : J’ai voulu soulever le trophée avec Fabrice car nous étions les deux capitaines de cette équipe. Il n’y en avait pas qu’un, donc c’était important de soulever le trophée à deux. Et puis pour moi, ce ne doit pas être un moment individuel, c’est une joie collective. Soulever le trophée, ça ne veut pas dire grand-chose, l’important reste la victoire de l’équipe.

Il y a eu une belle fête dans les vestiaires ?

La fête a été un peu contenue à cause d’un match en retard à jouer contre Montpellier dans les jours qui suivaient.

CB : Pas vraiment, c’était assez particulier, car on avait un match en retard à jouer contre Montpellier dans les jours qui suivaient et il était déterminant dans la lutte pour le maintien, donc on ne pouvait pas passer au travers. Finalement, la fête a été un peu contenue à cause de ça. Après, la fête dans les vestiaires, c’est exactement celle que l’on voit à la télé, on saute dans les douches, on boit du champagne dans la Coupe, rien de particulier. On boit un coup, on s’embrasse. Rien de bien spécial.FC : C’est vrai que cette fête n’a pas été à la hauteur de l’événement à cause de ce match en retard…

Et comment s’est passé le retour à Guingamp ?FC : Le stade était bondé. Dix-huit mille personnes. C’était magnifique, j’avais passé la journée sur la pelouse avec mon fils, c’était super. Et puis les rues aussi étaient pleines, on ne pouvait pas vraiment circuler en ville, d’ailleurs on se demandait même d’où sortait tout ce monde.CB : Ah bah je vous laisse imaginer, il y avait beaucoup de monde dans les rues, et surtout dans le stade où l’on a présenté le trophée. C’était assez impressionnant car le stade était plein. Mais même là, la fête a été limitée à cause du match que l’on devait disputer contre Montpellier. Les sourires sur les visages des Guingampais, c’est un souvenir fort qui restera gravé. Et puis j’étais aussi particulièrement content pour le président Le Graët qui avait beaucoup donné pour ce club et qui méritait de voir son équipe gagner un titre.

Comment vous voyez le match de ce soir à Angers ? FC : Ça va être un match très ouvert. Je pense que les deux clubs se ressemblent beaucoup, avec à peu prés les mêmes budgets. Je pense qu’il n’y a pas vraiment de favori, mais j’espère de tout cœur que Guingamp va se qualifier. Ce serait magnifique qu’ils puissent retourner au Stade de France. CB : Angers a quasiment assuré son maintien, donc les joueurs vont être plus libérés. Mais bon, on connaît l’attachement de Guingamp pour la Coupe de France, c’est quelque chose qui a démarré il y a longtemps, bien avant 2009. Et les Guingampais vont avoir à cœur de retourner en finale pour perpétuer la belle histoire qu’ils entretiennent avec cette compétition.

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