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Coefficient UEFA : Pourquoi le Portugal va continuer à emmerder la France

Par William Pereira
6 minutes
Coefficient UEFA : Pourquoi le Portugal va continuer à emmerder la France

Ce soir, Benfica se déplace en Turquie pour y défier le Fenerbahçe. En cas de victoire, le Portugal passerait devant la France au classement de l'UEFA par nations. C'est l'occasion de comprendre comment nous en sommes arrivés là, et pourquoi les clubs de Liga Sagres risquent de continuer à enquiquiner notre Ligue 1.

Cinquième, sixième, cinquième et re-sixième… La France et le Portugal se frittent depuis quelques années – surtout depuis la saison dernière – pour le gain de la cinquième place au classement UEFA. Au point que ce dernier soit devenu quasiment aussi célèbre que le classement de l’ATP chez les deux belligérants. Et la guerre ne fait que commencer. Pour le moment, la France est toujours devant le Portugal avec un coefficient de 59, contre 58,668 pour les Lusitaniens, qui peuvent compter sur Benfica pour reprendre la place qu’ils avaient gagnée l’an passé. L’affaire semble mal embarquée pour la France, qui aura besoin d’un miracle pour garder son adversaire dans le rétroviseur. Car en face, le Portugal n’a besoin que d’une victoire ou de deux matchs nuls de Benfica en demi-finale de la C3 pour récupérer sa place. Bref, le troisième de Ligue 1 est quasiment sûr de disputer le troisième tour des qualifications pour la Ligue des champions en 2014-2015 (ce sera déjà le cas la saison prochaine). Simple accident de parcours ? Pas vraiment. La Liga Sagres poursuit son ascension et risque d’emmerder la Ligue 1 pendant quelques années encore.

Paris vs Porto et Benfica

Évidemment, la France peut se vanter d’avoir dans ses rangs une arme de poids, le PSG. Pour sa première année dans l’élite européenne depuis des lustres, le club de la capitale a atteint les quarts de finale de la Ligue des champions. Si le club est bien géré, il devrait viser plus haut lors des années à venir grâce aux fonds illimités dont il dispose. Le problème, c’est qu’aucun autre club français ne peut en dire autant. Monaco relève pour le moment du fantasme, tandis que l’OL et l’OM ont besoin de temps pour se reprendre.

Paris se retrouve donc quasiment seul face à l’envahisseur, mené par deux grands habitués des joutes européennes : le FC Porto et Benfica. Sans compter l’Europa League, les deux ennemis jurés collectionnent les qualifications en huitièmes et quarts de finale de la C1 – même s’ils le font très rarement en même temps, quand en France, on sort encore le champagne lorsqu’un club se retrouve dans le top 8 européen. Mais la vraie force du Portugal réside dans la complémentarité de Benfica et Porto. Les deux dernières saisons, les Dragons se sont montrés moins performants en C1 et en C3, sans pour autant miner le coefficient du Portugal, parce que Benfica était derrière pour sauver les meubles. Les années précédentes, c’était l’inverse. L’année prochaine, qui sait, les rôles s’inverseront peut-être de nouveau. En France, si le PSG venait à se ramasser comme Manchester City ne serait-ce qu’une année, qu’elles en seraient les conséquences ? Qui serait là pour ramasser les morceaux ? Pas grand monde. Le Portugal possède donc l’avantage du nombre.

L’Ibéra League

La Ligue des champions, c’est bien, mais l’Europa League, c’est mieux. En tout cas pour le coefficient UEFA. Le Portugal s’est littéralement appropriée cette compétition, bien qu’aujourd’hui Benfica en soit le seul représentant dans le dernier carré. En 2010-2011, Porto l’avait remporté face à Braga en finale à Dublin. Les guerriers du Minho avaient eux-mêmes éliminé Benfica au tour d’avant. Cette saison de rêve sert de base aux clubs de la Liga Sagres, puisque pour la troisième année consécutive, au moins une écurie lusitanienne atteint les demies en C3. En 2011-2012, le Sporting avait échoué aux portes de la finale face à l’Athletic Bilbao au cours d’une saison pourtant chaotique. Quand le chat dort, les souris dansent. Les équipes françaises ont longtemps boudé la petite sœur de la Ligue des champions pour des raisons diverses. La Ligue 1, trop grande pour s’abaisser à son niveau, a fini par le payer.

Et puis Lyon a décidé de tenter le coup. En début de saison, la plupart des dirigeants et journalistes français prédisaient un brillant parcours des Gones avec, pourquoi pas, une victoire finale à la clé. Si Porto l’a fait, pourquoi pas nous ? Et patatra, l’OL tire Tottenham, résiste et perd, la faute à pas de chance. La faute au plateau trop relevé de la compétition, aussi. Car l’Europa League n’est pas une compétition de guignols comme on l’entend trop souvent. Pour en atteindre la finale, Braga avait sorti Liverpool, le Dynamo de Kiev et Benfica. Pareil pour le Sporting, bourreau de Manchester City – qui avait atomisé Porto au tour précédent – l’année dernière. Si le Portugal menace autant la France aujourd’hui, c’est tout simplement parce que ses représentants sont plus forts en Europe.

Braga arrive, le Sporting revient

D’autant que les dynamiques des deux pays sont totalement antagoniques. Sans parler du PSG, l’OL et l’OM semblent avoir du mal à freiner leur déclin. Que deviendrait l’OM si Valbuena prenait son cartable, remontait ses chaussettes et se barrait de Marseille ? Comment l’OL va remplacer Lisandro et les autres cadres susceptibles de partir cet été ? « Marseille ne regarde pas assez loin » , disait Lucho dans une interview parue dans le n°103 de So Foot. « Porto, lui, voit dans le futur. » Lucho aurait pu dire la même chose de Benfica. Et même de Braga. Les grandes écuries de Liga Sagres savent qu’elles vont devoir vendre à la fin de chaque saison, c’est pourquoi elles préparent en amont la saison prochaine. Porto a déjà remplacé Moutinho, Benfica Cardozo, etc. Ces équipes-là sont déjà prêtes pour la saison prochaine. Elles ont un coup d’avance sur la majorité des clubs français. Comment ne pas penser à Lille et Montpellier qui ont débarqué en C1 les mains dans les poches ?

Évidemment, tout n’est pas rose à l’ouest de la péninsule. Le Sporting connaît une grave crise, mais pourrait bien s’en sortir plus vite que prévu, si le nouveau président tient ses promesses. Celles d’un club plus stable qui arrête de virer ses entraîneurs tous les deux mois, et qui compte sur son centre de formation – le cinquième d’Europe.

Et puis il y a le cas Braga – qui pourrait louper la Ligue des champions l’année, c’est vrai. L’équivalent du LOSC, mais en pauvre. Et en moins loser. Car Braga, en petit club qu’il est, grandit vite, très vite. Outre la finale de la C3, les Minhotos ont déjà connu les phases de poules de la Ligue des champions. Pour y accéder la première fois, ils étaient passés par le dernier tour des éliminatoires puis les barrages, et avaient sorti le Celtic ainsi que le FC Séville. L’année prochaine, ce sera à un club français de faire aussi bien…

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