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Cockney Rejects : « Nous sommes le seul groupe de West Ham »
Franchement, personne n’a fait mieux pour définir a minima un style musical. En 1980, les Cockney Rejects gueulent comme des Bouchers en donkey jacket « OI OI OI » dans le très immodeste album « Greatest Hits Volume 2 » (qui pourtant porte si bien son nom). Les Rejects étaient d’indécrottables fans de West Ham et l'une des plus probantes et vivantes démonstrations des liens entre le punk et monde des « terraces ». Alors que le groupe tourne encore et a même invité par les Commandos Ultras Marseillais, rencontre avec leur chanteur Jeff Geggus, aka Jeff « Stinky » Turner . « We can't help it if we hate the snobs »
Peux-tu nous en dire plus sur ta relation avec le foot ? Quels sont tes meilleurs souvenirs ?
Je suis né à Custom House, à 1 kilomètre et demi du terrain de West Ham. Mon grand-père a même joué comme gardien de but pour le club. Il a fait trente et une apparitions en équipe première. C’était donc tout naturel pour moi de supporter les Hammers. Dès l’âge de 7 ans, j’ai commencé à suivre tous les matchs à domicile et plus tard fréquemment à l’extérieur. Mon meilleur souvenir, comme enfant, fut toujours de marcher jusqu’au stade et de pénétrer tardivement dans l’enceinte, de vivre et ressentir cette merveilleuse atmosphère.
A quoi ressemblait l’East End dans ta jeunesse ? Les gangs, la musique, le football ?
Le East end constituait un quartier très pauvre à l’époque mais je l’aimais vraiment. C’était un endroit assez dur pour ceux qui y résidaient. Il y sévissait plusieurs gangs, mais seulement des histoires d’ados, rien de vraiment sérieux. Il n’y a jamais trop eu de scène musicale, ce genre de délire restait plutôt un truc pour les artys des autres coins de Londres.
Cockney Rejects a toujours eu la réputation d’être un groupe de West Ham, qu’est-ce que cela pouvait signifier pour vous ?
Nous fumes et nous serons toujours un groupe de West Ham, le seul vrai groupe de West Ham. Oubliez les imitateurs qui ne sont jamais passés par ce que nous avons vécu. Et cela signifie énormément pour moi.
Et les autres groupes punks ou OI, comme The Business, Angelic Upstarts, Last Resort, Cock Sparrer, Four Skins ? Une équipe de cœur aussi ?
Je ne fréquentais pas trop ces groupes où je ne connaissais vraiment qui que ce soit parmi eux. À l’exception de Gary Hodges des Four Skins qui était un « régulier » de West Ham. Je n’ai aucune idée et aucun intérêt sur ce que les autres « bands » représentent, disent ou font.
Vous connaissiez des gens engagés dans l’ICF ou dans les autres Firms de Westham ?
L’Inner City Firm n’est plus active depuis la fin des années 80. Je connaissais tous les meilleurs d’entre eux et j’étais impliqué moi-même dedans. Cela appartient au passé et la violence dans le football est désormais devenue très rare en Angleterre.
Tu peux nous raconter la sortie de votre titre « I’m forever blowing bubble » , l’hymne des fans de West-Ham, en version OI, un titre qui est même arrivé en mai 1980 dans les Charts ?
Franchement l’enregistrement de « Bubble » fut un immense moment de plaisir. West ham nous l’avait déjà offert en allant jusqu’en finale de la Cup cette année-là. Et c’était la moindre des choses que de sortir cette version de la chanson en retour. Battre Arsenal lors de cette finale, à ce moment précis, ce fut la cerise sur le gâteau.
Gary Bushell a toujours affirmé que la violence autour de la scène OI était davantage due au foot qu’à la politique, tu partages ce point de vue ?
La violence dans nos concerts était effectivement reliée au foot, mais je ne peux pas commenter ce qui se passait chez les autres, puisque je n’étais pas présent à leurs concerts. Des nazis ont essayé de causer des problèmes lors de quelques-unes de nos prestations et nous les avons battus comme des merdes. Ils n’ont plus jamais trainé près de nous après cela.
Il y a eu aussi ce fameux concert à Birmingham avec l’attaque de fans locaux contre vous ?
Birmingham s’avéra en effet un lourd devoir en 1980. Deux d’entre nous durent se battre contre dix fans de Birmingham et Villa. Le concert fut un naufrage, mais nous avons gagné ce jour-là.
Quelle est ta chanson préférée des Rejects sur le football ? D’autres artistes ?
Celle que je choisirais dans notre répertoire demeure « War On the terraces » , une chronique vraiment mémorable de la spirale du mouvement hooligan à cette époque. En ce qui concerne les autres artistes OI, je n’ai jamais écouté aucun d’entre eux.
Tu suivais un peu le foot français ?
Franchement, pour être honnête, je ne connais pas grand-chose au football chez vous. Je me rappelle de Saint-Étienne comme d’une très bonne équipe dans les années 70. Je confesse toutefois une grosse affection pour l’ « Olympic » de Marseille. J’ai des bonnes relations avec nombre de leurs Ultras. Ils possèdent une « firm » très forte. J’ai été voir un match là-bas, une expérience vraiment passionnante, avec une grosse atmosphère. J’adore cela.
Qu’est-ce que « East End Babylon » ?
C’est une histoire sociale de l’East End durant presque 100 ans. On y évoque la dépravation, l’agitation sociale, la Seconde Guerre mondiale, la boxe, le football dans l’est de Londres et bien sûr les Cockney Rejects. Il y a eu une version cinéma et il doit sortir en DVD à travers le monde en février ou mars prochain.
Propos recueillis par Nicolas Kssis-Martov