CM 2010 : Eliminatoires de la zone Afrique

Quelques brefs rappels divers. Grande première, il y a aura six représentants africains à la prochaine Coupe du Monde. Heureuse décision de la FIFA, mais à double tranchant : ces six qualifiés devront justifier ce quota élargi en allant le plus loin possible s’ils veulent que l’Afrique conserve ce contingent, voire l’accroisse davantage. Disons le tout net : ces dernières Coupes du Monde, l’Afrique a plutôt stagné, à la différence des nations de la zone Asie (Corée du Sud, demi-finaliste en 2002).

Absent de marque déjà éliminé pour les deux épreuves Mondial et CAN 2010 : le Sénégal. L’Angola, privé de Mondial 2010, est qualifié d’office pour la CAN 2010 en tant qu’organisateur et l’Afrique du Sud, virée de la CAN 2010, est qualifiée d’office pour « sa » Coupe du Monde.

Groupe A : Cameroun, Togo, Maroc, Gabon

Quatre coaches toubab. Groupe 100% « sorcier blanc » (quelle sale expression ! Imaginez Tigana, sélectionneur des Bleus, qu’on appellerait le « marabout noir » …). Reste que ce Groupe A apparaît comme le plus serré.

Favori a priori logique, le Cameroun coaché par Otto Pfister. Même en demi-teinte, les Lions Indomptables ont disputé la finale de la CAN 2010, battus mais pas surclassés par l’Egypte. Le Cameroun des Eto’o et Cie est rompu aux joutes continentales épuisantes et impressionne toujours autant ses adversaires. Un bémol : l’âge avancé du capitaine Rigobert Song…

Le Maroc de Roger Lemerre a une sérieuse carte à jouer. Après un tour précédent sans relief (premier à la différence de buts contre le Rwanda), on retiendra surtout du Maroc à la fois l’impression de solidité et de cohésion collective qu’il a démontrées contre la France (2-2 au Sd F en 2007) mais aussi son élimination précoce au premier tour de la CAN 2008 (défaites contre Guinée 2-3 et Ghana 0-2)… A voir, donc.

Le Togo d’Henri Stambouli (désormais entraîneur de l’équipe nationale du Togo et directeur sportif du FC Istres en parallèle : cherchez l’erreur !) est en perte de vitesse, repêché comme meilleur deuxième au tour précédent derrière la modeste Zambie, avec aussi ses problèmes récurrents d’instabilité dirigeante et d’un Adebayor toujours en conflit avec la fédé (feuilleton habituel).

Attention au Gabon d’Alain Giresse, vainqueur au tour précédent du Ghana 2-0, qui a fini deuxième derrière la Lone Star, à la différence de buts (12 points chacun !). Le Gabon pourrait jouer les juges de paix entre les « gros » supposés, le Maroc et le Cameroun.

Groupe B : Nigeria, Mozambique, Kenya, Tunisie

Groupe indécis même si le Nigeria apparaît comme le favori devant une Tunisie bien pâle (nettement battue 3-1 par la France, 2ème au tour précédent derrière le Burkina Faso même si valeureuse quart de finaliste à la CAN 2008, battue 3-2 a.p par le Cameroun…). La chance de cette Tunisie drivée par le Portugais Humberto Coelho, c’est le long déclin du Nigeria, qui n’a plus rien à voir avec ce qu’il a été il y a encore 6 ans (Mondial 2002).

Les deux coaches des Super Eagles, les Nigérians Shaibu Amodu et Daniel Amokachi, ont hérité d’une équipe absente du Mondial 2006, simple quart de finaliste de la CAN 2008, qui n’a plus qu’une star de niveau international (Obi Mikel de Chelsea) et deux très bons joueurs (Ayegbeni d’Everton et Martins de Newcastle)… Disons ballottage favorable pour les Super Eagles…

Le Mozambique coaché par Artur Semedo (ancien footballeur mozambicain) va-t-il nous refaire le coup de l’Angola 2006 et disputer sa première Coupe du Monde ? Why not ! Tout est possible, mais c’est très improbable. Idem pour le Kenya du local Tom Olaba, simple deuxième derrière la Guinée au tour précédent

Groupe C : Egypte, Rwanda, Algérie, Zambie

Un boulevard pour l’Egypte de maître Hassan Shehata ! Doubles champions d’Afrique en titre (2006 et 2008), les Pharaons vont se friser avec le meilleur gardien du continent Al Hadary, son milieu de fer et de feu (Abou Treika, etc.) et son attaquant Amr Zaki (Wigan, meilleur buteur de Premiership avec 7 buts)… Sauf que l’Egypte n’est pas allée en Coupe du Monde depuis 1990 (sa deuxième participation depuis 1934…). Et puis surtout, l’Egypte retrouve sa bête noire : la vaillante Algérie.

Rappel : les Fennecs avaient barré la route aux Pharaons pour le Mondial 2002 (1-1 fatal à Alger) et pour les quarts de la CAN 2004 (2-1 à Sousse). Anecdote : avant le tirage au sort, les Algériens redoutaient moins de tomber sur l’Egypte que sur le Cameroun, Côte d’Ivoire ou Nigeria…

L’ultime match du groupe, Egypte-Algérie au Caire, pourrait se montrer ultra décisif. Une désillusion égyptienne serait étonnante mais elle peut malheureusement se produire. « Malheureusement » parce qu’on a hâte de voir enfin cette super équipe d’Egypte, même si un peu vieillissante, se mesurer aux grandes nations européennes et sud-américaines en Afrique du Sud.

Sélection étalon du foot africain, ses performances ou ses échecs en 2010 permettraient de mieux situer sa valeur intrinsèque et celle plus globale du football continental. On a aussi hâte de voir ce diable de Shehata se mesurer lui aussi à ses grands pairs du foot mondial…

L’Algérie coachée par Rabah Saadane est en « reconstruction » améliorée (18 ans que ça dure depuis sa victoire à la CAN 1990 !) : elle n’a dû sa qualif à ce tour final que grâce au nul miraculeux des Gambiens 1-1 à Dakar chez des Sénégalais désormais à la ramasse. Les Algériens le savent, ils sont réalistes (l’Egypte actuelle n’est pas celle de 2002 et 2004) et joueront crânement leur chance. Jouer la CAN 2010, objectif réalisable, serait déjà un bon retour dans l’élite africaine…

Le Rwanda, entraîné par le Croate Branko Tukac, surprenant vainqueur 3-1 contre le Maroc et finalement deuxième de son groupe au tour précédent derrière les Lions de l’Atlas, a peu de chances de créer la surprise. Idem pour la Zambie drivée par le Français Hervé Renard, qui a fini première devant un Togo en perte de vitesse.

Groupe D : Ghana, Bénin, Soudan, Mali

Favori logique, le Ghana du Serbe Milovan Rajevac (qui a succédé à Claude Le Roy après la CAN 2008). 8ème finaliste de la Coupe du Monde 2006, blindé d’un milieu killer (Essien, Muntari, etc.), et surtout redevable d’une revanche auprès de son public pour la performance mitigée de sa CAN 2008 ( « seulement » 3ème), la Lone Star a les cartes en mains pour « doubler » aux Mondiaux 2006-2010.

Gare au Mali, l’étoile montante du Continent Noir (Mahamadou Diarra, Seydou Keita, Momo Sissoko, Fred Kanoute : ça jette !) et entraîné par le Nigérian Stephen Keishi, rare coach africain reconnu et respecté. L’occasion sans précédent, peut-être, pour les Aigles du Mali de disputer enfin leur première Coupe du Monde.

Encore un autre match sûrement décisif : le Mali-Ghana de la dernière journée…

A priori, le Bénin de Sessegnon (drivé le Français Michel Dussuyer), tombeur de l’Angola au tour précédent et le Soudan (coaché par le Soudanais Mohamed Mazda) avec son effectif composé à 100 % de joueurs évoluant au pays, ne devrait lutter que pour la troisième place qualificative à la CAN 2010…

Groupe E : Côte d’Ivoire, Malawi, Burkina Faso, Guinée

La Côte d’Ivoire, bien sûr ? Oui, mais… OK : équipe solide, nouveau ténor continental, présent en Allemagne 2006, des expat’ extra (Drogba, Kolo Touré, etc.) qui jouent dans les meilleurs clubs européens… Sauf qu’on sent un certain laisser-aller (des joueurs qui sèchent la sélection), comme un coup de mou chez les Eléphants qui ont pas mal ramé au tour qualificatif précédent, au point que le coach Vahid Hallilodzic failli jeter l’éponge…

Attention aux Guinéens drivés par l’inénarrable Robert Nouzaret ! Les Feindouno, Mansaré, Bangoura ou Baldé (Celtic) se feraient un plaisir de coiffer au poteau leurs frères ivoiriens. A suivre : le Côte d’Ivoire-Guinée de la dernière journée…

Le Burkina Faso de Kaboré (OM), entraîné par le Portugais Paulo Duarte, pourrait créer des problèmes aux Ivoiriens et Guinéens vu qu’il a fini premier devant la Tunisie au tour précédent, mais sans plus.

Quant au Malawi, coaché par le sélectionneur du cru Kinnah Phiri et auteur d’une victoire surprise 1-0 contre l’Egypte au tour précédent, il se battra surtout pour une première participation à la CAN…

Chérif Ghemmour

« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »