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Clubs français : Ballottage défavorable, sauf pour Lille !
Et les Dogues sauvèrent l’honneur au bout d’une nouvelle semaine noire... Mais le chef-d’œuvre lillois contre Milan (3-0 à San Siro) ne peut plus racheter les quatre défaites insipides du contingent tricolore (OM, PSG, Rennes, Nice). À quand le déconfinement des clubs français ?
« En attendant de se mesurer au Celtic et à Milan, le LOSC semble posséder les atouts qui font les épopées européennes dans une C3 mieux taillée à sa mesure. » C’est ce que l’on écrivait au lendemain du succès probant des Dogues au Sparta Prague (4-1), ponctué d’un triplé de Yusuf Yazici. Et l’épopée a pris forme hier soir à San Siro avec une victoire totale contre Milan, avec un nouveau triplé de l’attaquant turc (3-0). Après le faux pas contre le Celtic (2-2), consécutif aux non-titularisations, entre autres, de Renato Sanches et Fonte, « Galette » a rectifié le tir en les faisant démarrer. Mieux : le coach lillois a persisté, devant, avec Jonathan David encore stérile, associé à Yazici, au détriment de Yılmaz. Et bingo ! Une performance carrément orchestrale, digne de la Scala, avec un Renato Sanches monstrueux à la baguette, et Yazici, soliste en état de grâce, a envoyé par le fond l’AC Milan, son Zlatan et son invincibilité de 24 matchs. En passant, Yusuf Yazici a rappelé toute l’importance en coupes d’Europe de réussir les penaltys. Il a transformé le sien alors que Payet (Porto-OM) et Di María (Leipzig-PSG) ont échoué à un moment crucial pour leur équipe respective. Parmi les « atouts qui font les épopées européennes », la constance de l’organisation rationnelle en 4-4-2 et le fonds de jeu dynamisent en C3 et en L1 un groupe lillois paré pour aller loin.
Christophe Galtier a ainsi opté au milieu pour Xeka plutôt que Benjamin André. Et ça a marché parce que le système de jeu est en place et que chaque entrant y trouve naturellement sa place. Et là, on touche du doigt l’une des lacunes principales du marasme hexagonal de cette semaine : l’absence (OM) ou l’insuffisance de système de jeu viable en Coupes d’Europe (PSG, Rennes, Nice). On a généralement imputé aux quatre défaites françaises des causes justifiables, mais secondaires : l’apathie marseillaise (0-3 à Porto), le positionnement discutable de Danilo en défense pour Paris (1-2 à Leipzig), la VAR bizarroïde contre Rennes (0-3 à Chelsea) et la trop grande jeunesse de la défense niçoise (2-3 au Slavia Prague). Arguments recevables, mais qui masquent une évidence : celle que tous leurs adversaires offrent un plan de jeu lisible sur lequel se reposer quelles que soient les circonstances. Il a suffi à un Porto pas extra d’étouffer l’OM avec un pressing haut et bien coordonné à 7 joueurs dans le camp olympien pour le neutraliser et le pousser à la faute. Le commentaire d’après-match d’AVB (« on fait de la merde ») atteste vertement d’un club en panne d’idée de jeu. En panne de tout, en fait.
Indice non protecteur
Face à un Nice encore en rodage tactique, un Slavia Prague pas génial, mais méthodique a pu imposer son occupation du terrain et sa circulation de balle en parvenant à trouver souvent ses attaquants. Le PSG trop diminué (Neymar, Mbappé, Verratti, Draxler absents) s’est montré vaillant une mi-temps, grâce à Di María et Kean, avant de se faire submerger au milieu par les vagues offensives allemandes. Or, une équipe qui ne tient plus le ballon (Di María a plongé) recule et s’expose au danger. Les revers face à MU et Leipzig confirment que Paris ne dispose pas de plan B, un système de rechange qui permet au moins de subir sans sombrer… Rennes avait plutôt bien bougé Chelsea avant de se retrouver à 10 contre 11 dès la 40e à Stamford Bridge après le péno surréaliste en plus de l’expulsion grotesque de Dalbert. Mais le mal était déjà fait : les Bretons étaient déjà menés 1-0 dès la 10e et forcés de faire le jeu contre des Blues disciplinés et appliqués à gérer leur avance. Le match retour avec un groupe au complet (retour de Camavinga ?) permettra de mieux juger un Rennes jusque-là pas assez armé tactiquement (cf. défaite à Séville) pour la C1.
À mi-parcours, on peut lire froidement un ballottage défavorable aux clubs tricolores. Mais, étonnement, tout n’est pas perdu. Lille (1er avec 7 points et invaincu) est bien parti pour sortir des poules, et Paris (3e) est encore en course après la défaite surprise de MU à Istanbul. Ceci dit, on voyait le PSG finir leader de sa poule et bien placé pour le tirage des 8es. On n’en est pas là… En égalant Anderlecht (12 défaites d’affilée en C1), la Fanny guette l’OM (dernier, zéro point) qui peut toutefois croire encore à une troisième place qualificative en C3 en battant au moins l’Olympiakos à dom. Idem pour Rennes (dernier, 1 point), qui pourrait accrocher aussi la C3, mais en signant une victoire à Krasnodar ou au moins un nul 2-2. Nice (3e) devra battre Prague pour espérer glaner une deuxième place encore accessible. Enfin, avec notamment 4 points pris en 9 matchs de C1, l’indice UEFA de la saison en cours fait dégringoler la France à la 12e place. L’incidence n’est pas énorme, cependant, puisque le foot français restait de toute façon bien ancré avant même la reprise des compétitions européennes à une 5e place durable, en avance sur le Portugal et la Russie, mais encore plus éloignée du top 4 (Liga, PL, Bundesliga, Serie A). Pas de quoi valoriser le foot hexagonal dans la perspective d’une Ligue fermée…
Par Chérif Ghemmour