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Club de foot cherche demandeurs d’asile
L'Entente sportive du Plateau est un petit club des petites divisions de Corrèze. Mais l'équipe de Peyrelevade a une particularité. Elle accueille depuis cette année des demandeurs d'asile venants du monde entier au sein de son effectif.
Peyrelevade est un petit village de 800 habitants, perdu au fin fond de la Corrèze, à une heure et demie de Limoges, la grande ville la plus proche. Tout le monde se connaît, tout le monde passe au moins une fois dans la journée par la place du village et tout le monde supporte le club de foot, même si ses résultats ne sont pas faramineux. Mais depuis le mois d’avril, la petite routine quotidienne du village a connu un chamboulement lors de l’ouverture d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA). Depuis deux ans, les bâtiments de l’ancienne maison de retraite n’ont plus d’utilité. Pierre Coutaud, le maire du village, décide alors de lancer le projet du CADA avec les encouragements du ministère de l’Intérieur. « On s’est d’abord renseigné en allant rencontrer le maire de Montamarault dans l’Allier qui avait créé un centre de ce type. On a ensuite organisé deux réunions publiques avec les habitants l’année dernière pour en discuter. C’est finalement devenu un projet de ma campagne » , explique le maire.
Ces 61 demandeurs d’asiles fraîchement installés à Peyrelevade, venant de tous les horizons (Nigeria, Congo, Angola, Russie, Ukraine, Syrie, Kosovo), se sont surtout rapidement transformés en vivier inespéré pour le club de foot local. L’Entente sportive du Plateau, c’est seulement une trentaine de licenciés qui jouent pour le plaisir, en troisième division du district de Corrèze pour l’équipe première, en quatrième division pour la réserve. À l’instar de la classe sauvée par l’arrivée de nouveaux enfants scolarisés et la création de quatre postes de travailleurs sociaux, l’arrivée des migrants a permis la création d’une deuxième équipe. Six joueurs provenant du CADA ont ainsi intégré l’effectif. « Ces nouvelles recrues nous font du bien, elles apportent du sang neuf. Ces six joueurs nous ont permis de consolider notre effectif. Il est pour l’instant trop tôt pour dire s’ils seront tous en équipe première. En tout cas, ce sont les plus motivés de l’effectif, les plus fervents. Ils n’attendent que ça, la reprise de la saison » , témoigne Jean-Louis Brette, le président du club.
« C’est un autre football que le nôtre »
Depuis l’ouverture du CADA à Peyrelevade, le village semble plus dynamique. « Cela a redonné une deuxième vie à notre petite commune. C’était le but. La vie associative et les commerces ont été boostés » , se réjouit le maire. Côté football, même constat. Pour l’instant, les nouvelles recrues n’ont participé qu’à un seul match amical contre Flayat. Suffisant pour comprendre que le mix culturel peut faire des ravages. « Ce sont de très bons joueurs, ils vont tirer le groupe vers le haut. Ils ont l’esprit foot, ça se voit tout de suite. Bon après, ils ne jouent pas le même football que nous. Ils sont davantage dans le spectaculaire. Ils aiment beaucoup dribbler, jongler, c’est joli, mais ce n’est pas toujours très efficace » , s’amuse Jean-Louis Brette, pas mécontent d’avoir, enfin, plusieurs options à sa disposition. L’Entente sportive peut même rêver de mettre la main sur un crack. « Dans le centre de Montmarault, je me souviens que Clermont avait mis le grappin sur un membre du centre. Alors on espère que nous aussi, on va récupérer de très bons joueurs » , concède Pierre Coutaud, maire de Peyrelevade, mais libéro du club depuis 20 ans avant tout.
L’intégration des six joueurs a aussi nécessité un élan de solidarité de la part des partenaires du club. « Généralement, ils sont loin d’avoir de gros moyens financiers. Ils ne pouvaient même pas se payer de chaussures. Alors on a fait appel à nos partenaires comme les banques du coin, et on a pioché dans les subventions de la mairie pour leur acheter du matériel » , explique Jean-Louis Brette. Les licences, quant à elles, ont été prises en charge par le centre d’accueil. « Le football, c’est un formidable moyen d’intégration » , ponctue le président de l’Entente sportive du Plateau. Cette histoire corrézienne a en tout cas de quoi faire méditer, dans ce contexte actuel où tout le monde esquive la question de l’accueil de ces migrants venus chercher la paix dans une Europe paniquée à l’idée de les recevoir.
Par Kevin Charnay & Lhadi Messaouden