Club Bruges : Noa Lang dans sa poche

«  J’ai rendu le football belge intéressant. Je le pense sincèrement. Croyez-moi, je vous manquerai quand je serai parti. » Courtisé par les plus grandes écuries européennes après deux saisons de rayonnement sous la tunique du FC Bruges, l’ailier de 23 ans ne range pas sa langue dans sa poche, ce 1^er juin 2022. « La saison prochaine, vous allez prier pour qu’il y ait en Belgique un nouveau Noa Lang, qui puisse jouer un aussi beau football. » Plein de sarcasme et de provocation, l’international néerlandais se voit alors déjà rejoindre les rangs de l’AC Milan, d’Arsenal ou encore du LOSC, tous à l’affût sur le dossier. Finalement, rien ne se déroulera comme prévu : l’ailier fantasque n’a jamais décollé du Plat Pays, n’est plus indiscutable chez les Blauw en Zwart, et ne gère pas du tout une pression qu’il semble s’être mise tout seul sur les épaules.

Les palabres puis le placard

Le président du Club Bruges, Bart Verhaeghe, a eu beau assurer en septembre dernier avoir « reçu beaucoup d’offres pour Noa »au quotidien Het Nieuwsblad, son feu follet est tranquillement resté à la maison. La mère de Noa Lang avait expliqué au même média que son petit chéri avait préféré rester en Belgique : « Bien sûr qu’il souhaite jouer au sommet un jour. Mais si ça n’est pas le bon club, il peut rester un an de plus ici. » Pas de grand saut pour cet été donc, mais des attentes renforcées après des palabres plus qu’insolentes. Avec de telles sorties, le meilleur espoir de l’année en 2021, deux fois vainqueur du championnat belge depuis son arrivée en 2020, s’est donné l’obligation de prouver. Une mission pour le moment ratée.

Touché à la malléole lors de la cinquième journée de championnat, Noa Lang a été écarté des terrains pendant un peu plus d’un mois, regardant donc les exploits de ses remplaçants depuis le poste de télévision. Et Kamal Sowah et Ferran Jutglà, respectivement transféré et revenu de prêt à Bruges cet été, ont impressionné en son absence. De quoi chambouler la hiérarchie ? Le 16 octobre dernier, alors qu’il était apte à refouler les pelouses, Noa Lang n’a en tout cas pas été retenu par Carl Hoefkens pour le déplacement à Anderlecht (0-1), en raison d’un mauvais comportement à l’entraînement. « C’est un signal que je voulais absolument lui envoyer », avait ensuite déclaré l’entraîneur. Objectif : faire comprendre à son joueur de ne pas voir trop grand trop vite, et l’obliger à se concentrer sur son retour en forme.

Patience et Qatar en ligne de mire

« Il a fait preuve d’un caractère incroyable pour revenir de sa blessure. Maintenant, l’équipe est bien en place, et parfois, il faut être patient, a plus tard ajouté Hoefkens. Je peux comprendre qu’il remette les choses en question. Mais pourtant, je ne vais pas changer pour le plaisir de changer. » De retour dans le groupe lors les deux dernières rencontres, Lang s’est mis au service du collectif en délivrant une passe décisive pour Roman Yaremchuk lors du succès face à Saint-Trond (3-0). L’international néerlandais – appelé pour la première fois par Louis van Gaal en octobre 2021 – a peut-être enfin compris qu’il devait s’armer d’humilité s’il voulait répondre à ses propres exigences, et accessoirement espérer prendre la route du Qatar.

« Noa est dans une sorte de pression temporelle avec le Mondial. Mais pour moi, il est important qu’il ne pense pas à ça et qu’il mette toute son énergie sur le terrain », pointait Hoefkens ce week-end. D’autant plus que du côté des Oranje, la concurrence à son poste n’a pas chômé. Cody Gakpo comptabilise déjà treize buts et treize passes décisives en vingt apparitions avec le PSV toutes compétitions confondues, sans oublier qu’il a été décisif sur les deux matchs des Pays-Bas lors du dernier rassemblement en septembre. Arnaut Danjuma retrouve quant à lui peu à peu des couleurs du côté de Villarreal. Bref, Noa Lang a du retard à rattraper. L’honneur de Nourdin Boukhari est en jeu.