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Clément Lenglet et le labyrinthe catalan
À côté de la plaque face au PSG la semaine dernière, Clément Lenglet a enchaîné le week-end dernier face à Cadix en concédant le penalty qui a conduit le FC Barcelone à concéder le match nul. L'international français, dont la première partie de saison avait déjà été mitigée, est plus que jamais dans le dur.
L’image interpelle, mais elle est criante de vérité. Celle d’un joueur qui traverse une mauvaise passe sans en trouver l’issue. Clément Lenglet, filmé par des supporters, est à l’intérieur de sa voiture, les larmes aux yeux, lui qui vient de coûter la victoire au FC Barcelone. Dans les derniers instants du match face à Cadix ce dimanche, le penalty concédé par le défenseur central a occasionné l’égalisation andalouse (1-1). Quatre jours après la contre-performance subie face au Paris Saint-Germain (1-4), cet ultime incident assombrit un peu plus la période déjà trouble que connaît l’ancien Nancéien.
Cercle vicieux
Ce sourire nerveux de Clément Lenglet en dit long sur sa situation actuelle, au moment où Martínez Munuera indique le point de penalty. Sur un centre d’Anthony Lozano, l’ancien Sévillan manque son dégagement et vient taper le pied droit de Rubén Sobrino. Un coup de pied fatal qui condamne le Barça au match nul, à deux minutes du terme de la rencontre devant Cadix. Délaissé en défense, Lenglet se retrouve en première ligne d’un marasme collectif total et dans l’incapacité de réagir. En un an, le colosse est devenu un fantôme, errant sur la pelouse du Camp Nou.
À l’entame de la saison, le FC Barcelone n’a qu’une seule envie : effacer le traumatisme subi face au Bayern Munich en Ligue des champions (8-2). Un nouvel entraîneur arrive, au même titre que des recrues attendues afin de laver l’affront. Les Catalans, dont Clément Lenglet, débutent idéalement leur campagne, mais le rouage coince en octobre. Face au Celta de Vigo, l’international (11 sélections, 1 but) est expulsé dès la première mi-temps pour une obstruction grossière sur Denis Suárez. Deux semaines plus tard, il est victime de la malice de Sergio Ramos qu’il accroche (encore) par le maillot pour offrir un penalty au rival madrilène. Comme le scénario d’un film de série Z, il récidive. Des étourdissements notables contre la Juventus, le PSG et deux fois contre le même Cadix donc. Les conséquences sont importantes et plongent doucement le Barça dans une nouvelle saison galère.
Le style et les qualités de Lenglet s’estompent peu à peu. Positionné en couverture, il s’en sort d’abord grâce à la qualité de sa relance et son anticipation, mais quand il s’agit d’affronter les moments de galère, le château de cartes s’effondre. Des tacles, des dégagements non maîtrisés et un marquage souvent dur sur l’homme poussent le Français à commettre des fautes largement évitables. À la ramasse totale sur certaines actions, il coule complètement, chacune de ses prises de balle accentuant un peu plus la fébrilité de celui qui a perdu le goût du jeu, comme l’ensemble de ses coéquipiers. Alors quand le cerveau ne répond plus, difficile pour les jambes de suivre. Cette crise de confiance est accentuée par le manque de soutien dont souffre Clément Lenglet. L’hécatombe de blessures qui affecte les Catalans ne laisse que peu d’options à l’international. Seul en défense, il est obligé de s’adapter à des combinaisons en constantes modifications.
Les présents ont toujours tort
Le numéro 15 aura eu affaire à quatre charnières centrales depuis le début de saison et entre Piqué (11 matchs ensemble), Samuel Umtiti (5 matchs), Ronald Araújo (17 matchs) et Óscar Mingueza (18 matchs) difficile de trouver des automatismes. Victime d’une rupture des ligaments croisés en novembre, Gerard Piqué a laissé le soin à Clément Lenglet de diriger une défense déjà bancale. Bien que le Français soit un excellent footballeur, il est loin d’être un aboyeur. Au milieu de ces changements incessants, le natif de Beauvais a ainsi disputé 32 rencontres sur 36 possibles depuis le début de saison. Le trio « Lenglet-Piqué-Umtiti » a longtemps été inamovible au Barça, mais les absences de ces deux derniers ont changé la donne. Il est rare de voir un footballeur se plaindre de trop jouer, mais sans garantie défensive, difficile pour un seul homme de tenir la baraque. Les faibles performances d’un Sergio Busquets transparent et la déception Miralem Pjanić laissent le juvénile Frenkie de Jong colmater les brèches des ses aînés.
Une répétition inlassable de matchs peu glorieux, qui influe sur un physique déjà fragile. Le défenseur central évolue en effet avec un genou droit et une cheville en compote après un coup reçu face à Osasuna le 29 novembre. Pour ne rien arranger, le mental de Clément Lenglet pose question. Le journal SPORT pointe ainsi du doigt la gestion du joueur, qui fut « l’un des plus affectés lors de la déroute contre le Bayern ». Une surcharge émotionnelle visible tout au long de cette saison. À la suite d’un penalty provoqué contre la Juve en décembre dernier, il fut immédiatement remplacé par Samuel Umtiti. Un coup de massue supplémentaire. Après le triste épisode de ce week-end, Ronald Koeman a finalement décidé de remédier au problème et de « donner du repos à Lenglet afin qu’il puisse se retrouver avec lui-même ».
Un break pour faire le vide et revenir plus fort ne peut être que bénéfique, dans la ligne droite pour l’Euro. Lui qui semblait s’installer dans le groupe France deux ans auparavant (malgré une belle cagade contre la Moldavie), se retrouve désormais en ballottage défavorable. Le retour en forme de Raphaël Varane et la progression de Presnel Kimpembe tracent la route des Bleus pour l’été prochain. De plus, aux valeurs sûres viennent s’ajouter de jeunes pousses, à l’image de Jules Koundé, Dayot Upamecano ou Wesley Fofana. Le labyrinthe risque donc d’être long et tortueux pour Clément Lenglet, mais au bout, il ne peut y avoir que la lumière.
Par Adel Bentaha