- C3
- J6
- F91 Dudelange-Betis Séville
Clément et Giovani
En moins de cinq mois, Clément Couturier et Giovani Lo Celso se sont affrontés deux fois lors de deux affiches improbables : Les Herbiers-PSG et Betis Séville-F91 Dudelange. Le troisième round n’aura pas lieu, ce soir au Luxembourg, puisque l’international argentin est suspendu.
Le destin est parfois comme Vincent Lindon : il se met à faire plein de clins d’œil sans que personne ne lui ait demandé quoi que ce soit. On ignore ce que le détenteur du césar du meilleur acteur en 2016 pour son rôle dans La Loi du marché a fait de son année 2018. En revanche, on sait très bien où était le destin cette année : sous les yeux de Clément Couturier.
Installé dans son canapé, le natif de Chaumont (Haute-Marne) l’a vu défiler dans sa télé, le 31 août dernier. Sur son écran, le milieu de terrain, qui avait signé chez le champion du Luxembourg deux mois plus tôt en partie car sa copine avait trouvé un boulot à Nancy, découvrait le nom des adversaires du F91 Dudelange en Ligue Europa : AC Milan, Olympiakos et Betis Séville, donc. « J’ai directement pensé à Lo Celso. Je me suis dit que c’était fou de jouer contre lui une deuxième fois en si peu de temps » , se souvient Couturier. Car il y a eu une première fois. C’était le 8 mai dernier, pour une finale de Coupe de France improbable entre Les Herbiers et le Paris Saint-Germain (0-2). Un match dont Giovani Lo Celso avait décidé de faire sa chose. Devant 74 000 spectateurs, l’Argentin avait trouvé le poteau (20e), ouvert le score (26e) et, surtout, vu Clément Couturier remplacer Joachim Eickmayer à la 88e minute. « Dans le vestiaire, on était unanimes : les deux meilleurs joueurs étaient Mbappé et Lo Celso » , affirme celui qui, aux Herbiers comme à Dudelange, porte le n°14 : « Quand j’étais petit, j’étais fan de Sidney Govou, je ne sais pas pourquoi… »
Maillot de Draxler et golazo à Varsovie
Le 8 mai, Couturier avait quitté le Stade de France avec les yeux humides et le maillot de Julian Draxler. Il avait aussi la quasi-certitude de ne jamais revivre des émotions de ce calibre. Il faut dire que quand on est passé par les centres de formation d’Auxerre et de Dijon sans parvenir à signer un contrat professionnel, on a parfois tendance à se voir moins beau qu’on n’est. Or, Clément Couturier, 25 ans, est un vrai bon footballeur. Si, pour la première fois de l’histoire, un club luxembourgeois a réussi à atteindre les poules d’une Coupe d’Europe, c’est en partie grâce au talent de Couturier, auteur de deux buts cet été, chez les Hongrois de Videoton et les Polonais du Legia Varsovie.
Golazo à 1’00 :
Clément Couturier a disputé chacune des minutes de la phase de groupes. Il a donc pu recroiser la route de Giovani Lo Celso, le 4 octobre dernier, au stadio Benito-Villamarin de Séville. À l’inverse de la première fois, Couturier était titulaire et le natif de Rosario dans la peau du remplaçant. Mais puisque la partie était fermée (0-0 jusqu’à la 55e minute), Quique Setien a envoyé son petit prince sur la pelouse. « On a immédiatement vu la différence. Dès qu’il est entré, on a beaucoup plus souffert. Il est tout le temps bien orienté, il a un super placement. Et en plus, il nous a mis un but magnifique. Finalement, à chaque fois que je joue contre lui, il marque » , déclare Couturier avec les yeux de l’amour. Un 3-0 plus tard, le vestiaire dudelangeois est abattu, mais formel : « On a tous dit que Lo Celso était au-dessus du lot. »
Attention les yeux à 0’20 :
S’il n’a pas pu faire grand-chose sur le terrain, Couturier a réussi à intercepter Lo Celso au coup de sifflet final : « Je lui ai dit : « Eh, tu ne dois pas t’en souvenir, mais on a joué l’un contre l’autre la saison dernière, j’étais aux Herbiers ! » Il m’a dit :« Mais qu’est-ce que tu fais là ? Ah oui, c’est vrai, le Luxembourg, c’est juste à côté de la France ! » Et puis, il m’a souhaité bonne chance pour la suite. Ça se voit que c’est un bon gars. » À la fin de ce dialogue en français, chacun est reparti de son côté, Couturier embarquant dans sa collection de maillots celui de… Barragan, le latéral droit andalou. Lo Celso, lui, finira dans le tiroir à souvenirs. « À moins qu’on se recroise sur un terrain ! Mais si c’est le cas, ça voudra dire que j’ai eu raison de ne me fixer aucune limite dans ma carrière… »
Par Matthieu Pécot
Propos de Clément Couturier recueillis par MP