Clément Chantôme : Ici, c’était Paris

Clément Chantôme qui s’en va, c’est les derniers restes du PSG d’avant qui disparaissent. Mamadou Sakho devrait le suivre, et l’histoire sera définitivement terminée. Elle était pourtant belle. Au PSG, Clément Chantôme était un témoin du passé, en mesure de rappeler qu’à une époque pas si lointaine, c’est armé d’un milieu à trois fantasmagorique Rozenhal-Mulumbu-Chantôme que le club envisageait de démarrer une saison, avec Guy Lacombe sur le banc. Un témoin du passé en mesure de rappeler qu’à une époque pas si lointaine, le PSG jouait sa survie en Ligue 1 avec un trio Chantôme-Clément-Bourillon à la récup’ au Stade Bonal. Clément Chantôme qui s’en va, c’est surtout le dernier joueur vintage de l’effectif qui fait ses adieux au Parc. Un joueur qui court beaucoup, souvent pour les autres, et joue tête baissée, là où on veut bien le mettre. Un joueur complet, capable de défendre et de se projeter vers l’avant. Un joueur qui ne fait pas de vague, se dépouille et sourit. Un joueur qui était donc tout sourire un soir de mai dernier, fier d’annoncer être champion « avec son club formateur » . Une façon d’expliquer sobrement que l’histoire allait toucher à sa fin.

La saison passée, il avait pourtant connu sa seule et unique sélection (malheureuse, avec un claquage à la clé) et réussi à gratter des titularisations dans le onze de Carlo Ancelotti, qui avait catégoriquement refusé de le voir partir l’été dernier. Mais lors de la double confrontation contre Barcelone, durant laquelle il ne s’était même pas échauffé, il avait compris. Compris qu’il ne serait jamais qu’un joueur du samedi soir dans ce groupe d’All-Stars. Le départ paraissait alors inéluctable : « On te tape sur le dos pour aller jouer à Troyes, à Rennes ou je ne sais où, le coach vient te voir en te disant :« J’ai besoin de toi. » Et après, c’est Barcelone, il passe devant toi et ne te calcule plus. Ça, cette attitude, c’est terriblement frustrant quand tu as tout fait pour être réglo et gagner ta place. (…) C’est dans ces moments-là qu’on ne se sent plus à l’aise dans son club. » Sans regret néanmoins, et fier de ce qu’il a accompli : « Je crois que j’ai vécu ce que je voulais vivre avec ce club. Ma décision est plus facile à prendre maintenant. Comme ça, vu de l’extérieur, on peut penser que j’ai tout au PSG. Je joue régulièrement, j’ai un bon salaire, encore deux ans de contrat. On peut avoir besoin de moi, car j’ai été formé ici, je suis le garant d’une certaine image formatrice. Mais le PSG n’est pas mon assurance vie ! »

Le TFC va l’adorer

Prêté sans option d’achat par le PSG, pour faire grimper sa valeur et le vendre à prix fort l’été prochain, Clément Chantôme débarque donc sur les bords de la Garonne, à Toulouse. Dans un contexte qui devrait lui aller à ravir, à savoir une équipe jeune qui n’a jamais eu autant envie de jouer, le tout avec une pression somme toute très relative pour un joueur qui a connu le Parc avant le Plan Leproux. Dans le nouveau 3-5-2 toulousain, il pourra évoluer au milieu de Didot, Trejo et Aguilar ou sur le côté droit, délaissé par le roumain Roman depuis sa rupture du tendon d’Achille. D’ailleurs, la joie d’Alain Casanova ne trompe personne : « Je le remercie pour sa confiance. On n’a pas l’Europe à lui offrir, mais on va avoir beaucoup d’attentions à son égard. Il avait besoin de temps de jeu, ce que ne pouvait lui garantir Paris. Il avait besoin d’entendre certaines choses aussi. Moi, je lui promets beaucoup de travail, d’exigences et la mise en œuvre de ce qu’il faut pour qu’il progresse collectivement avec nous » , a-t-il déclaré, presque surpris de voir un joueur de cette trempe enrichir son effectif à ce moment du mercato. Après Rabiot et son jeu en une touche, un joueur multitâche n’était pas de trop pour une équipe qui vient de perdre deux hommes qui comptent en la personne de Capoue et Tabanou. Un joueur multitâche qui ne cache pas son ambition, à savoir le Brésil en juin : « L’équipe de France est un objectif personnel. Je vais tout faire pour y arriver. » On ne rigole pas.