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Claudiu Keserü, une décennie de football français
Un but, une passe décisive et, surtout, un grand sourire. Pendant que son compatriote et nouveau voisin Adrian Mutu s’est pris le bec avec Fabrizio Ravanelli, Claudiu Keserü a retrouvé le chemin des filets en Ligue 1 neuf ans après sa première apparition dans l’élite. Retour sur une décennie de hargne, de Christian Karembeu et de montagnes russes.
C’est un peu la deuxième remontée du FC Nantes, un mois après la reprise de la Ligue 1. L’horloge affiche 20h43 ce samedi 31 août quand Claudiu Keserü, attaquant titulaire du SC Bastia, se rappelle aux bons souvenirs de l’élite, de Luigi Pieroni et de La Beaujoire. À l’affût après un bon boulot de Wahbi Kazri, le Roumain fait ce qu’il sait faire de mieux : envoyer une sacoche du pied gauche. C’est le premier pion de l’ancien Nantais dans l’élite depuis le 16 août 2008. En cinq ans de football, ce bon vieux Claudiu a eu le temps de galérer un peu, dans l’antichambre du football français, avant de trouver une place au chaud à Angers, puis de rebondir sur l’Île de Beauté. Landreau, Ilan, Romaric, Maoulida, Squillaci et donc Keserü. Bastia ou le meilleur de votre album Panini des années 2000.
La patte gauche d’un vieux loup de 26 ans
Non, votre téléviseur ne bugue pas. Si l’enchaînement de Claudiu Keserü contre Toulouse est aussi lent sur votre super écran plat qu’il l’était sur votre écran à tube cathodique, c’est tout simplement parce que la vitesse n’est pas la qualité première du natif d’Oradea. Au vrai, le Roumain est plutôt lent. Plus Donkey Kong que Toad, Claudiu compense grâce à quelque chose qui ne s’invente pas : une patte gauche exceptionnelle. Les supporters de Nantes n’oublieront pas son coup franc face à Lille en huitièmes de finale de la Coupe de France. Ceux de Tours, Libourne Saint-Seurin et surtout d’Angers ont également quelques agréables souvenirs de celui dont on a tendance à oublier qu’il n’a que 26 ans, tant son nom semble familier depuis longtemps. Il faut dire que ça fait 10 ans que Claudiu a posé ses valises en France. À cette époque, l’ancien du Bihor Oradea espère embrasser les pas de l’immense Viorel Moldovan, pas ceux de Shivastar N’Zigou, l’autre pensionnaire de l’attaque de Loïc Amisse à cette époque. Précoce, l’enfant adoptif de la Jonelière fait ses débuts en Ligue 1 lors de la saison 2004-2005. Le môme est à peine majeur et regrette aujourd’hui ce « manque de maturité footballistique » , nécessaire à l’apprentissage du haut niveau. Quelque chose que le Roumain ne réalise qu’aujourd’hui, après avoir rejoint Bastia, et qui ne l’a pas empêché de disputer une petite centaine de rencontres sous la tunique vert et jaune et d’être appelé régulièrement par l’entraîneur de l’équipe espoir de la Roumanie.
Claudiu, Mutu, Vinceremu
C’est en vacances au bled que Claudiu a décidé de son avenir cet été. Après trois années de bons et loyaux services en L2, à Angers, où il a planté 42 fois en 120 rencontres, dont 17 banderilles la saison passée, Keserü a des envies d’ailleurs. Pas insensible à l’offre provenant du Steaua Bucarest, qui lui permettrait de retrouver un pays qui lui manque, le Roumain, également courtisé par l’Olympiakos, n’a pas beaucoup hésité au moment où le challenge bastiais s’est présenté à lui. Pourquoi ? Parce que dans la vie comme sur le terrain, Claudiu est un battant. S’il a emprunté le chemin de la France pour découvrir ce qu’il appelle le « vrai foot » , le football professionnel, en somme, ce bon gars souhaite retrouver l’élite par ce même chemin : sur les routes de France. C’est donc sur les allées escarpées de Corse qu’il souhaite « prendre sa revanche sur lui-même » comme il l’a justement dit lors de sa présentation au Sporting. Sur l’Île de Beauté, le néo-Bastiais a trouvé un drôle de boy next door en la personne d’Adrian Mutu. « Un type humble et sympa » , il paraît. Il faut dire qu’on peut difficilement faire aussi sympathique et agréable que Keserü. Un homme de la vieille Ligue 1. Un homme de valeur. Quelqu’un qui est capable de terminer la saison avec deux buts au compteur, mais quelqu’un qui compte. Ne serait-ce que parce que les supporters de Nantes le savent : son compteur ne s’arrêtera pas à un pion, Claudiu va planter à Furiani contre eux. Et ce sera très bien comme ça. Une boucle bouclée.
Par Swann Borsellino