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Claude Puel et Lyon, la querelle
Tout nouveau coach de Saint-Étienne en remplacement de Ghislain Printant, Claude Puel va affronter l'Olympique lyonnais pour son premier match sur le banc des Verts. Un adversaire qu'il a bien connu, puisqu'il l'a entraîné par le passé et l'a quitté très fâché. Mais quel était le problème du technicien avec les Gones, au juste ?
S’ils souhaitent trouver une bonne raison de fêter l’arrivée de Claude Puel en remplacement de Ghislain Printant, les fans stéphanois peuvent glisser une tête dans la pièce archi-comble des statistiques. Ils y dénicheront notamment un chiffre, qui devrait leur faire plaisir autant qu’il leur fera raviver de mauvais souvenirs à l’heure où ils préparent leurs voix pour le choc entre rivaux du soir : en six OL-ASSE, l’entraîneur a pris plus de 1,83 point par match en moyenne (trois victoires, pour deux nuls) et a vu l’équipe qu’il dirigeait – c’est-à-dire l’Olympique lyonnais, bien entendu – marquer à chaque fois. À une exception près, et c’est pourtant cette confrontation qu’ont sans doute retenue les fans rhodaniens.
Car si le technicien a connu quelques succès lorsque son fessier était posé sur le banc de Lyon entre 2008 et 2011, que ce soit contre l’ennemi juré ou sur le plan continental (une demi-finale de Ligue des champions quand même, la seule de l’histoire de l’entité), les anciens habitués de Gerland n’ont sûrement pas encore digéré la défaite concédée face au voisin à domicile le 25 septembre 2010. Ce jour-là, les Gones ne trouvent pas la faille et subissent l’affront de s’incliner lors du centième derby de l’histoire à la suite d’une réalisation de Dimitri Payet sur coup franc à un quart d’heure du terme. Chose plus vue depuis… seize ans, et le 6 avril 1994. Une humiliation donc, qui permettra au moins à Jean-Michel Aulas de rapatrier le public dans son camp dans la bataille interne l’opposant au coach français qu’il a lui-même choisi quelque temps auparavant. La valve des insultes dans la rue, des banderoles anti dans les stades (déjà assez présentes avant, certes) et des tags au domicile du pré-supposé coupable s’ouvrira ensuite naturellement.
Les raisons de la colère
Suivront un licenciement pour faute grave en juin 2011 décidé par le président du club, puis une baston judiciaire intentée par Puel à son ex-employeur pour rupture abusive de contrat (sept millions d’euros de salaires et de dommages et intérêts réclamés), mais définitivement perdue en juin 2016 à la suite des décisions de la cour d’appel et du conseil des Prud’hommes de la commune. Signe que les deux parties ne peuvent pas se voir en peinture, et encore moins depuis que JMA a observé Claude se baigner dans le pot vert. « J’espère qu’ils n’ont pas changé d’entraîneur pour nous battre, sinon ils vont être déçus » , a même balancé le boss lyonnais en conférence de presse, comme s’il n’attendait qu’une question sur CP pour réagir et histoire de lancer le derby sur de bons rails.
Aulas depuis le début de semaine sur Twitter pic.twitter.com/dGWLdD1OAO
— Alex Diciz ?⚽️ (@DicizAlex) October 4, 2019
Mais alors, que s’est-il passé pour que l’aventure commune parte autant en sucette en si peu de temps et que le goût très sucré de la rancœur colle si bien ? Attiré par l’OL pour succéder à Alain Perrin afin de prendre encore davantage de hauteur en France et en Europe, le natif de Castres n’aborde pas une mission facile quand il débarque. Sa nouvelle team est septuple championne de France en titre, et se heurte à un plafond de verre en C1. Plafond brisé dès la première année ? Insuffisant pour faire l’unanimité.
Les cadres trop cadrés
À Lyon, les méthodes de l’ « entraîneur général » proclamé par Aulas ne plaisent en effet pas à tout le monde. Avec Puel, formateur dans l’âme réputé pour donner facilement du temps de jeu aux jeunes, c’est bien connu : la rigueur est de mise, et personne n’a de passe-droit. Le monsieur veut du changement, et son caractère têtu ne passe pas partout. Du coup, Aulas doit partager un peu de son pouvoir, certains meubles se sentent devenir moins importants et ne sont pas charmés le moins du monde par la création d’un groupe intitulé « Pro 2 » ayant pour objectif de réunir les meilleurs éléments de la formation (avec Alexandre Lacazette, par exemple, comme vitrine). Bref, le bonhomme bouleverse un peu les choses dans une structure qui gagne déjà.
« Dans sa méthode, il y a peu de discussions. Il a voulu tout changer sans rien demander à personne, même à ceux qui connaissent le club mieux que lui, comme Bernard Lacombe, Sonny Anderson ou Joël Bats, critique ainsi Cris, dans les colonnes du Progrès. On a tout essayé pour faire passer le message, mais il n’y a pas eu de changement, d’autant plus qu’à son arrivée, il a été clair : dans le vestiaire, vous êtes tous pareils. Il n’y aura pas de cadre. Il fait ses choix tout seul. Il est comme ça. Je vais être honnête : tous mes entraîneurs m’ont apporté quelque chose. Puel, lui, ne m’a rien apporté. » Alors, le plan de Claude était-il trop ambitieux ? Difficile de savoir puisque l’ensemble des individus n’a pas voulu adhérer au projet, mais JMA aurait dû s’attendre à cette tentative de métamorphose. Devant un vestiaire coupé en deux, les dirigeants ont en tout cas opté pour couper la tête d’un seul homme. Sauf que celui-ci n’est pas mort. La preuve : il sera encore à Geoffroy-Guichard ce dimanche.
Par Florian Cadu