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Claude Michy : « L’humain sera toujours indispensable au stade »
Le Clermont Foot teste une nouvelle technique pour mettre l’ambiance dans son stade. Des animations sonores sont diffusées durant les temps morts pour inciter les supporters à pousser leur équipe. À l’origine de cette initiative, le président du club, Claude Michy.
Lors de ses derniers matchs au stade Gabriel-Montpied, le Clermont Foot a testé une nouvelle technique pour mettre l’ambiance dans son stade. Des animations sonores ont été diffusées durant les temps morts pour inciter les supporters à pousser derrière leur équipe. On pouvait par exemple entendre l’air de We will Rock you avant l’engagement, le son du clapping islandais sur les coups de pied arrêtés, celui de Seven Nation army sur les six mètres, ou encore de Shakira après les buts. Utilisé à vingt reprises par match en moyenne lors des quatre dernières rencontres, le dispositif unique en France va être reconduit jusqu’à la fin de saison. À l’origine de cette initiative, le président du Clermont Foot, Claude Michy, nous en explique les raisons.
Monsieur Michy, comment vous est venue l’idée de mettre l’ambiance dans le stade par des animations sonores ? Je n’ai rien inventé. Cet été, le stade Gabriel-Montpied a accueilli un tournoi mondial de rugby féminin. Je suis passé à côté du stade et je trouvais qu’il y avait beaucoup de bruit. Mais à ma grande surprise, quand je suis rentré à l’intérieur, il n’y avait pas plus de 500 personnes dans les tribunes. Il faut bien reconnaître qu’on n’a pas une grande affluence, ni une grande ambiance durant la saison. Je me suis donc renseigné auprès de la Ligue pour savoir ce qu’il était possible de faire.
Vous êtes-vous inspiré du basket ou des sports américains qui sont très friands de ce genre d’animation ? Comme je vous l’ai dit, je n’ai rien inventé. J’ai copié ce qui se faisait dans le basket ou dans d’autres sports. Après, attention, il n’y a pas besoin d’aller en NBA ou aux États-Unis pour voir ce genre d’animation. Ce qu’on fait, je l’ai vu dans des stades de basket en France, comme par exemple à Vichy. On l’a testé lors de nos derniers matchs et ça a bien marché. Mon seul regret, c’est qu’on aurait pu les copier beaucoup plus tôt.
Pensez-vous que le modèle « basket » est transposable dans les stades de football ? Je ne sais pas, on verra. On vient de le tester et on va le faire jusqu’à la fin de saison, puis on fera le bilan à la fin. Notre volonté, c’est bien évidemment de nous améliorer et puis d’innover régulièrement. Pour tout vous dire, je n’accompagne jamais – ou très rarement – mon équipe à l’extérieur, alors je ne sais pas trop ce qu’il se fait dans les autres stades de Ligue 2. Si ça se trouve, des présidents ont déjà mis en place des initiatives similaires.
Lorsqu’on va dans les stades ces derniers temps, on a l’impression que « l’animation technique » remplace de plus en plus l’humain. Est-ce que ce genre d’initiative ne va pas dans ce sens ? Non, je ne crois pas. Au stade, l’ambiance humaine sera toujours indispensable. C’est d’abord l’humain, et ensuite la technique, comme dans la vie. Les spectateurs et les supporters seront toujours très importants. Avec cette initiative, je souhaite juste montrer à notre public que l’on prend soin d’eux, que l’on est là pour les aider à encourager l’équipe. Rien de plus.
Sans vouloir être arrogant, est-ce que ce n’est pas pour vous un aveu d’échec, à savoir que le club n’est jamais arrivé à faire venir des gens au stade de manière régulière, et à avoir un groupe de supporters important qui le suit sur le long terme ? Oui et non. On a tenté plusieurs initiatives jusqu’à maintenant, et ça ne sert à rien de se cacher : ça n’a jamais marché. Alors on voulait tenter quelque chose de nouveau. On a depuis plusieurs années une affluence qui ne dépasse pas les 3500 personnes, un stade qui sonne creux et on est à Clermont, le royaume du rugby. Le seul moment où on arrive à remplir le stade, c’est pour les grosses affiches. L’an passé, quand on a reçu Marseille en Coupe de la Ligue, on a tout vendu en deux heures. On a un problème d’attractivité. Que les gens ne veulent pas venir au Montpied, je peux le comprendre. On n’est pas au centre-ville, ils ont des problèmes pour se garer et on ne joue pas souvent face à des grosses équipes. Moi, en mettant en place ce genre d’animation, j’essaie juste de compenser certains défauts. J’aimerais donner envie aux gens d’aller au stade.
Vous pensez que ça peut avoir l’effet inverse, à savoir que ce genre d’animation peut vous aider à trouver un soutien populaire ? Pour tout vous dire, je n’ai vraiment pas cette prétention. On est dans une ville où les gens vivent pour le rugby depuis cinq générations. On ne va pas changer les choses comme ça du jour au lendemain. C’est un ensemble de choses qui nous permettra de grandir et de trouver du soutien. Si vous prenez Saint-Étienne, qui est juste à côté de chez nous, le foot est ancré chez eux depuis de longues années, et le club de foot est la vitrine de la ville. Ce n’est pas le cas chez nous. Il faut qu’on tienne compte de ça, et qu’on compose avec une offre culturelle et sportive très forte. Après, je ne veux surtout pas me plaindre, le rugby nous permet aussi de faire des choses formidables, comme le centre de formation commun que l’on a inauguré dernièrement. Je ne suis pas en compétition avec qui que ce soit, je n’essaie pas d’inventer un nouveau modèle, j’essaie simplement de donner envie aux gens de venir au stade, et d’encourager l’équipe. C’est mon seul objectif.
Propos recueillis par Charles Thiallier