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Classicos à gogo au Brésil
Ce week-end, la 19e journée du Brasileirão prévoit pas moins de huit matchs chauds bouillants aux rivalités locales exacerbées pour fêter comme il se doit la fin des matchs aller.
C’est un peu comme si en France, les matchs OL/Saint-Etienne, Lille-Lens et Rennes-Nantes avaient lieu le même week-end. Et encore, vu que les Sang et Or et les Canaris végètent en L2, les rivalités régionales historiques se font de plus en plus rares en L1. Le derby local à l’ancienne perd du terrain au profit des « clasicos » entre métropoles à la sauce Barça-Real ou OM-PSG.Au Brésil, c’est tout le contraire. Ce week-end, pas moins de huit classicos (avec deux « s » en portugais) auront lieu pratiquement en même temps, lors d’une 19e journée de folie. Les plus grandes villes du pays disposent toutes d’au moins deux grands clubs (il y en a quatre à Rio et à São Paulo). Lors de ces fameux classicos, on ne parle plus de matchs à domicile ou à l’extérieur et les torcidas (groupes de supporters) des deux camps se partagent la plupart du temps le stade à 50-50.
Le problème, c’est que les rivalités sont tellement exacerbées qu’il n’est pas rare qu’en fin de championnat, une équipe fasse exprès de perdre contre un club d’un autre Etat si elle peut empêcher son rival historique d’être titré. La saison dernière, Fluminense, champion en titre, s’est imposé à l’extérieur contre Palmeiras lors de l’avant-dernière journée, dans un stade acquis à sa cause. Les supporters ont même copieusement sifflé leur gardien Deola qui faisait trop de zèle. Tout ça pour éviter à tout prix que Corinthians, l’ennemi juré, ne finisse en tête. Du coup, cette année, la fedération brésilienne a eu l’idée géniale de regrouper la plupart des classicos lors des dernières journées pour que les toutes équipes restent motivées quoi qu’il arrive. Forcément, cette situation se reproduit à la fin des matchs aller, c’est pourquoi les supporters du Brésil tout entier vont pouvoir se chambrer dès la mi-championnat. L’occasion de réviser ses classiques…
Flamengo-Vasco
Surnommé « classico dos milhões » (le derby des millions, en référence millions de supporters que comptent les deux équipes), il met aux prises les deux torcidas les plus acharnées de Rio. Flamengo, c’est avant tout l’équipe du peuple – même si comme l’OM en France, elle brasse très large, transcendant les classes sociales et surtout les frontières de l’Etat de Rio -, tandis que Vasco est l’équipe fétiche de la communauté portugaise. Ce dimanche, avantage Fla, avec un Ronaldinho en état de grâce qui a encore marqué mercredi soir lors du match retour de la Copa Sudamericana contre l’Atlético Paranaense. Cela dit, attention au Vasco de Juninho, qui commence à prendre forme sous la houlette de coach Ricardo.
Fluminense-Botafogo
S’il est surnommé le « classico vovô » (le derby de pépé), c’est avant tout parce qu’il s’agit du plus ancien du Brésil. Lors de sa première édition, le 22 octobre 1905, le Flu a pulvérisé le Botafogo 6-0. Mais on pourrait aussi dire que c’est un match pépère parce que les torcidas sont bien moins acharnées que celles de Vasco et Flamengo. Fluminense, c’est historiquement l’équipe de la bourgeoisie, tandis que les supporters de Botafogo sont souvent considérés (parfois à tort) comme de gentils souffre-douleurs. Cette saison, les tricolores du Flu, coachés par Abel Braga, ne sont que l’ombre de la machine de guerre qui a remporté le titre l’année dernière, tandis que le Botafogo pratique un des meilleurs footballs du pays, avec un milieu de terrain très talentueux (Maicosuel, Elkeson et Renato, tout frais rapatrié de Séville).
Palmeiras-Corinthians
Sans doute le plus bouillant des classicos paulistes, avec des torcidas connues pour leur violence notoire, qui se vouent une haine sans borne. Le « Timão » des Corinthians est le club le plus populaire de São Paulo, voire même du Brésil (juste un cran en-dessous de Flamengo), tandis que Palmeiras est l’équipe traditionnelle des supporters issus de l’immigration italienne. Les Corinthians, leaders du championnat mais en vraie perte de vitesse depuis quelques journées, risquent de passer un sale dimanche contre des verts de Palmeiras plus revanchards que jamais, qui commencent enfin à trouver son équilibre sous la houlette de coach « Felipão » Scolari
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São Paulo FC-Santos
Le classico São-San n’est pas un vrai derby, vu que Santos est une ville côtière située à 70 km du centre de São Paulo. Du coup, la rivalité est moins intense au niveau des supporters. Par contre, sur le plan sportif, ce match vaut le détour. Il s’agit de deux des meilleurs centres de formation du Brésil, qui comptent aujourd’hui dans leurs rangs les meilleurs espoirs du pays : Lucas et Casemiro pour le São Paulo FC, Neymar et Ganso pour Santos. Depuis le début Brasileirão, l’ancien club de Pelé semble avoir du mal à redescendre de son nuage après sa victoire en Copa Libertadores et pointe à une piteuse quatorzième place. Cela dit, la troisième place du São Paulo FC est aussi trompeuse, pour une équipe qui se montre trop irrégulière pour viser la tête.
Grêmio-Internacional
Les Gre-Nal sont toujours des matchs à couteaux tirés, entre les deux grands clubs de Porto Alegre. L’attachement aux couleurs (le rouge pour l’Inter et le tricolore bleu/blanc/noir pour le Grêmio) est tellement viscéral qu’il n’est pas rare que certains fassent agresser s’ils se baladent en ville avec des fringues de la teinte indésirable. L’Inter compte bien ne faire qu’une bouchée d’un Grêmio moribond depuis qu’il a vendu Jonas, meilleur buteur du dernier championnat brésilien, à Valence. Alors que de son côté, l’attaque des rouges carbure à bloc grâce à un Leandro Damião irrésistible, auteur de trois pions lors des deux derniers matchs, dont une splendide bicyclette contre Flamengo.
Atlético Mineiro-Cruzeiro
Dans ce match entre les deux grands clubs du Minas Gerais, l’Atlético est le club le plus populaire de la capitale, Belo Horizonte, tandis que le Cruzeiro a la cote dans les autres villes de cet Etat plus grand que la France. Tandis que l’Atletico flirte avec la relégation depuis plusieurs saisons, le Cruzeiro, qui pratiquait un des plus beaux jeux d’Amérique du Sud en début d’année, semble avoir perdu tous ses moyens depuis son élimination surprise en huitièmes de la Libertadores contre les colombiens de Once Caldas.
Coritiba-Atlético Paranaense
Ce derby entre les deux clubs les plus traditionnels de Curitiba donne toujours lieu à des rencontres très chaudes, même si ces deux équipes n’ont guère brillé ces dernières années. Mention spéciale tout de même au Coritiba, qui vient de retrouver l’élite et a commencé l’année par une incroyable série de 24 victoires d’affilée (un record pour une équipe brésilienne), ce qui lui a permis de remporter haut la main le championnat de l’Etat du Parana.
Figueirense-Avai
Ce match est certes un derby, puisqu’il oppose deux clubs de Florianopolis, mais son intérêt dépasse rarement les frontières de l’Etat de Santa Catarina. Et pour cause, loin d’être des grosses cylindrées, Figueirense et Avai ont plus l’habitude de jouer en deuxième division que parmi l’élite du foot brésilien.
Louis Génot, à Rio de Janeiro
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