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Classe-Jan Huntelaar
Lionel Messi fait une super saison. Cristiano Ronaldo aussi. Mais il ne faut pas oublier Klaas-Jan Huntelaar, qui a des stats incroyables: 40 buts en 38 matchs - pour le moment -. Le « Hunter » brille à nouveau, mais il en a vraiment chié pour revenir à ce niveau. Retour sur une résurrection qu’on attendait plus.
Depuis quelques années, il y a ceux qui affolent les stats grâce à leurs capacités physiques et techniques incroyables: vitesse, sens du dribble, technique de frappe bien au-dessus de la moyenne. Le numéro 10 du FC Barcelone et le numéro 7 du Real Madrid font partie de cette catégorie. Et puis il y en a deux autres qui font plutôt dans le vintage, qui ont un goût prononcé pour l’opportunisme. Il y a Mario Gomez, bien sûr, mais il y a également Klaas-Jan Huntelaar. Si le buteur du Bayern confirme saison après saison qu’il est digne de devenir docteur ès renardise/crevardise, le Néerlandais, lui, est surtout en train de redécouvrir ce qu’il était autrefois: un addict du but. A Schalke, Huntelaar est clairement en train de vivre une seconde jeunesse.
Des maillots de grands clubs taille XXXXXL
Faut dire qu’elle est mouvementée, sa carrière, au bonhomme. Premier match en pro, il remplace un Mateja Kezman incontestable à l’époque avec le PSV. Au lieu de le laisser crever l’écran, le club de Philips préfère le refourguer en prêt par deux fois avant de finir par le vendre à Heerenveen et ses maillots à cœurs (ou Babybel ouverts, c’est selon). Là-bas, il se trouve deux potes, Giorgios Samaras et Ugur Yildirim, avec qui il fait les fous en UEFA. Bon, c’était joli à voir, ça ne cassait pas des briques non plus, mais ça suffisait pour que le plus grand club du pays s’intéresse à l’homme aux trois prénoms (Dirk Jan Klaas). Huntelaar se retrouve donc à l’Ajax, et martyrise tout ce qui porte des gants. 92 matchs et 76 buts plus tard, le « Hunter » se voit proposer un contrat par le Real Madrid. Et là, ça tourne au vinaigre.
Mouais. Bof. Pas terrible. Huntelaar chez la royauté madrilène, c’est la chasse à courre. En mode « Tiens, marque, marque, histoire de pas avoir de stats trop dégueulasses. Mais tu restes bien sur le banc, et tu rentres qu’une fois que tout le monde a marqué, ok? ». Et ouais, Klaas-Jan. C’est ça, jouer chez les grands. C’est pas dans un championnat avec des scores de bowling qu’on impressionne qui que ce soit. Ici, c’est l’Espagne, c’est la vraie vie, pour laquelle on s’écharpe en termes de droits télé. Du coup on le prie d’aller voir du côté du Milan. Pas mal. Au Real, ça marquait une fois sur deux, à Milan une fois sur trois. Bon, on fait venir Ibrahimovic, on a envie de grandes choses. Alors, gentiment, KJH prépare son sac, et puis il se dit qu’il y aura bien quelqu’un d’assez fou pour venir le chercher, on ne sait jamais…
La renaissance à Schalke
Bingo. L’illuminé en question s’appelle Felix Magath. Un mec qui dégaine tellement vite sa carte de crédit qu’on pourrait presque croire que son nom complet est en vérité Al Wolfgang al Felix al Magathi. Et boum, 14 millions qui tombent pour Huntelaar. A ce moment-là, on est sur un type qui ne repose que sur la réputation qu’il a. Un Kezman amélioré, quoi. Un énorme pari, ça spécule sec du côté de Schalke. Et on a failli le regretter: une première saison à 13 buts en 35 matchs. Triste. Très triste, même. Mais l’arrivée de Huub Stevens en lieu et place de Ralf Rangnick (victime de surmenage) va tout changer. Huntelaar se remet à marquer. Dans toutes les positions. Avec toutes les parties du corps. Avec ou sans masque. Avec ou sans herbe dans la bouche.
Klaas-Jan Huntelaar est en pleine confiance. Il a un coach qui le comprend (enfin, qui comprend sa langue, surtout), il est dans un club très aimé aux Pays-Bas, pays dans lequel il habite à nouveau, d’ailleurs. Son père l’emmène tous les jours en voiture à l’entraînement (en même temps, le Gelsenkirchener Barock, bon…), apparemment. Bref, le chasseur sait à nouveau chasser parce qu’il baigne dans la confiance. Du coup, ça fait qu’il a franchi la barre des quarante buts cette saison. Et il n’a pas l’air de vouloir s’arrêter, ce qui fait grandement plaisir à Klaus Fischer. « Il est très dangereux dans la surface de réparation. […] Il a l’instinct du buteur et n’abandonne jamais. Je ne pense pas qu’il y ait quelqu’un de plus effectif que lui. Pour moi, Huntelaar est le meilleur attaquant de surface de réparation » , a ainsi déclaré le meilleur buteur de l’histoire des « Königsblauen » (188 buts en 305 matchs). Il y a donc une vie après Ebbe Sand et Kevin Kuranyi. Les propos de Fischer, ce sont les mêmes que Louis Van Gaal il y a quelques années. Clairement, Klaas-Jan Huntelaar est en train de renaître. L’Athletic Bilbao est prévenu. Ce soir, sur la pelouse de la Veltins Arena, il y aura un type qui se pointera avec sa bite, son couteau, son fusil, et surtout beaucoup de malice. Un renard comme on n’en fait plus.
Par Ali Farhat, à Bonn