- C1
- FC Barcelone/Real Madrid
Clasico, dernier round
Real et Barça s'affrontent ce soir pour la cinquième fois de la saison. Le dernier clasico étant toujours le plus important, le Real est condamné à l'épopée s'il veut avoir l'air de quelque chose.
Coups de coude, expulsions, gros mots, injustice et guerre de communiqués : la répétition a eu raison de la perfection. Les deux meilleures équipes du monde mettent fin ce soir à la pantalonnade du printemps. 4 clasicos en 18 jours c’est beaucoup trop pour les promesses d’amitiés, les bonnes manières et les unions de convenance. Même Xavi en a marre de la sale ambiance : « franchement c’est pathétique » . L’UEFA met de l’ordre dans la cour d’école, en déboutant les deux gamins de leurs plaintes, mais l’impression qui règne c’est le petit génie catalan qui la résume le mieux : « j’ai l’impression qu’on ne parle jamais de football. Parler de choses extra-sportives plutôt que de foot, ça me fait de la peine » . Ce soir, le Barça attend les blancs dans son jardin. L’herbe y sera bien humide et le public bien énervé. Le Mou, lui, aura réussi à s’éviter un séjour sur le banc de touche. Suspendu par la grâce d’une expulsion à l’aller, le Special One regardera le Real jouer son dernier gros match de la saison derrière une vitre. Il était temps.
Néanmoins au Real, malgré les remous, il y a une bonne raison d’être content: avoir enfin soulevé un trophée et mis fin à la disette de titres. Trois ans au Real Madrid c’est long comme au moins une éternité ailleurs. La gourmandise madrilène a été en outre de priver l’ennemi héréditaire d’un trophée national. Le lendemain du match, la Coupe du Roi 2011 a fait mieux que Les Ménines, chef d’œuvre enfermé quelques centaines de mètres plus au Sud. Le Musée du Real Madrid est le deuxième musée le plus visité de la ville (derrière le Prado). Le lendemain du titre, la file d’attente pour admirer l’objet faisait presque le tour du stade. Certes la Coupe du Roi ce n’est pas un Velazquez. Certes, ce qui compte c’est la Liga, voire même la Champions League. Mais « le meilleur entraineur du monde » a fait trébucher le Barça et Perez peut enfin soulever autre chose que le tapis du salon. Mou a mis à feu et à sang le foot espagnol mais il a rempli son objectif cette saison : sauver l’honneur. Mais de qui ?
L’honneur est une chose bien trop raffinée pour être laissé dans les mains des mal appris. Après trois matchs passés à attendre dans sa moitié de terrain, après trois cartons rouge (Albiol en Liga, Di Maria en Coupe et Pepe en Champions), après des polémiques de comptoir (rouge ou jaune sur Pepe, le complot anti-Mourinho, les gros mots de Guardiola, le maillot Unicef et les plongeons de Busquets), Mourinho a sauvé son honneur, certes. Mais le Real a perdu le sien. Le plus grand club du monde est devenu une équipe de quartier jalouse de son voisin. Même Cruyff a l’air de le regretter dans sa chronique hebdomadaire : « quand la seule valeur qui compte est la victoire finale, quand tu donnes les plein pouvoirs à ton général avec pour seule mission d’en finir avec ton ennemi, quand tu oublies ton histoire, tes valeurs; une frontière très dangereuse est franchie » . Quand un totem blaugrana en arrive à regretter les temps anciens du madridisme, il y a quelque chose de pourri dans le Royaume de Castille.
Le carnet de Mourinho
Ce soir, le Real n’a pas le choix. La suspension de Ramos et de Pepe va faire bouger les lignes. L’antidote anti-Messi ayant disparu, les madrilènes vont devoir penser à faire autre chose qu’à regarder ces deux-là se tirer sur le short. Deux impératifs sont à respecter : faire honneur à la tradition épique du Real sans toutefois se découvrir et rééditer l’humiliation de novembre dernier. La clé pour le Mou c’est de marquer le premier pour rendre les catalans nerveux et profiter d’une erreur de la défense expérimentalemade in Pep. Mourinho étant un homme de spectacle, le scénario prévu du match c’est donc, en première mi-temps : 0-15′ : voler le ballon et marquer (1-0). 16-30′ : resserrer les lignes. 31-45′ : casser le rythme. En seconde mi-temps : 45-60′ : entrée d’Adebayor pour fixer Piqué. 60-75′ : chercher le coup franc énervant ou le péno facile (2-0). 75-90′ : entrée de Kaka, marquer en contre (3-0). Le 11 de l’impossible exploit devra donc être à la fois rapide, technique et compact. Il pourrait bien ressembler à ça, en tout cas au début : Casillas/Marcelo-Carvalho-Albiol-Arbeloa/Lass-Alonso-Granero/CR7-Benz-Ozil. Bonne nouvelle pour les accrocs qui ont vraiment envie d’y croire malgré tout, il y aura peut-être des prolongations ce soir. Mauvaise nouvelle pour les autres, la Supercoupe d’Espagne vous réserve une surprise : deux Real-Barça pour commencer la saison. Putain de rentrée.
Thibaud Leplat, à Madrid
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