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Civelli : «Messi doit porter l’Argentine»
La Copa America débute en Argentine. Rien de mieux qu'un Argentin qui traîne ses guêtres sur les prés de Ligue 1 pour parler d'une compétition méconnue. Depuis deux ans Renato Civelli traine sa solide carcasse au sein de la défense niçoise. Un rocher à l'accent chantant.
Ça représente quoi la Copa America quand on est sud-américain ?
Ça n’a rien à voir avec la Coupe du Monde. Si on doit comparer avec le championnat d’Europe, c’est un cran en-dessous. Que ce soit en termes de concurrence ou d’impact médiatique. L’importance n’est pas du tout la même. Si tu la gagnes, tu fais la fête un petit peu et il faut penser au Mondial. Le seul truc qui compte en Amérique du Sud quand tu es footballeur, c’est la Coupe du Monde. Le reste…
Même en jouant à domicile, l’engouement pour la compétition n’accompagnera pas l’équipe d’Argentine ?
Ce qui est certain, c’est que l’Argentine aura la pression. Tu joues chez toi, t’es presque obligé d’aller au moins en finale. Si tu gagnes, t’as fait le boulot. Derrière on te demandera d’être solide en 2014 au Brésil. C’est même plus difficile pour l’Argentine d’être à la maison. Si on ne gagne pas, il n’est pas impossible que Batista saute derrière. Cela fait pas mal de temps que nous n’avons pas gagné la Copa America. Il faut limiter la casse et ne pas se rater.
Ça se jouera entre l’Argentine et le Brésil de toute façon ?
C’est un classique mais cette année la compétition devrait être plus indécise. Tu as bien entendu le Brésil et l’Argentine. Mais derrière il y a l’Uruguay, le Paraguay et à un degré moindre le Chili. Ces trois équipes peuvent aller au moins en demi-finale. Tout le monde peut faire quelque chose. Le mondial 2010 n’est pas très loin. L’Uruguay s’était arrêté en demi-finale pendant que l’Argentine et le Brésil sortaient en quarts. C’était il y a peu de temps. Après l’Argentine fait toujours partie des favoris. Surtout en étant le pays hôte.
Tu vas suivre les matches ?
Je vais essayer. Mais certains sont diffusés à 2/3 heures du matin en France. Comme on est en pleine préparation avec Nice, c’est difficile. Si je regarde le tournoi en intégralité, je vais exploser le lendemain sur le terrain. Mais quoi qu’il arrive, je soutiens mon pays.
T’es fan de Lionel Messi ?
C’est le meilleur joueur du monde actuellement. Mais il aura beaucoup de pression. Tout le pays compte sur lui. Et les fans argentins n’ont pas du tout la même mentalité que ceux du Barça. On attend de lui qu’il porte l’équipe nationale à un titre. C’est la moindre des choses.
Comment tu expliques qu’il soit moins performant avec l’Argentine ?
En Espagne, il joue avec la même équipe depuis 4/5 ans. Il a fait ses classes là-bas. Ils ont l’habitude de jouer ensemble. En Argentine, il a connu différents sélectionneurs. Chacun avait son style, son système de jeu. C’est plus difficile de trouver une osmose quand tu ne joues pas souvent ensemble. Lors du dernier Mondial; il n’a pas été si mauvais. Il lui manque un tournoi référence avec son pays. Ça va venir, il n’a que 23 ans.
Tu penses que l’ombre de Maradona peut lui nuire ?
C’est inutile de les comparer. Rien que sur le caractère, ils sont diamétralement opposés. C’était une autre époque. Quand Diego massacre les Anglais en 1986, il y a le contexte politique qui rentre en jeu. La guerre des Malouines était encore dans toutes les têtes. C’est primordial dans la manière de comprendre l’importance de Maradona en 1986. On pourra vraiment les comparer dans dix ans. Si d’ici là, Messi remporte deux Coupes du Monde, ce débat n’aura plus lieu d’être.
Tu as un coup de cœur parmi les joueurs qui vont disputer la Copa America ?
Pas spécialement. Mon idole, c’était Roberto Ayala. Il avait une vraie classe. J’adorais ce joueur. Pour les joueurs actuels, je n’ai pas vraiment de coup de cœur.
Tu rêves toujours de porter le maillot Argentin ou tu t’es fait une raison ?
On y rêve tous un peu secrètement. Mais c’est difficile d’y croire en jouant le maintien avec Nice. Surtout que le championnat de France n’est pas médiatisé en Argentine. Quand tu vois que des mecs comme Lucho et Lisandro, pourtant des cracks, ne sont même pas sélectionnés, tu te dis qu’il faut être sacrément costaud pour intégrer la sélection. Alors quand tu joue à Nice, c’est difficile. Mais si on marche fort et que le sélectionneur a besoin de garçon avec mes qualités, pourquoi pas.
Ton favori ?
L’Argentine forcément. Tu veux que je te dise quoi d’autre (rires).
Propos recueillis par Mathieu Faure
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