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City, une entreprise qui tourne

Par Régis Delanoë
City, une entreprise qui tourne

En Angleterre avec Manchester City, à New York avec New York City FC, à Melbourne avec Melbourne City et maintenant au Japon avec Yokohama F. Marinos (futur Yokohama City ?), l'empire City continue de s'étendre un peu partout dans le monde. À la tête de toutes ces entités, une seule et même holding : City Football Group. Ses méthodes d'échanges de joueurs en interne ont de quoi étonner, voire même agacer… Explications.

C’était une remarque acerbe, pleine de sous-entendus. Il en a l’habitude. Tellement l’habitude qu’elle est passée assez inaperçue. D’autant qu’elle a été prononcée en plein cœur de l’été, le 3 août dernier. Ce jour-là, Arsène Wenger, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’est trouvé à commenter l’arrivée de Frank Lampard à Manchester City, sous forme de prêt, alors que le joueur s’était engagé quelques semaines auparavant pour lancer les débuts de New York City FC en MLS. « C’est une surprise, après toutes les déclarations que nous avons entendues, a alors déclaré le technicien alsacien des Gunners. Mais on dirait que tous les clubs « City » vont nourrir le club principal, Manchester City. J’ai entendu dire qu’ils veulent acheter cinq clubs dans le monde entier. Les joueurs signent dans ces clubs et peuvent alors venir en prêt. Est-ce une façon de contourner le fair-play financier ? Je ne sais pas… » Quand on vous disait qu’il était chafouin, tonton Arsène, on ne vous mentait pas. Ses déclarations méritent qu’on s’y attarde. Car de fait, l’empire « City » étonne et détonne dans le monde du football. Pour bien situer la chose, un petit rappel chronologique s’impose.

Un jouet après l’autre

Tout commence donc à l’été 2008, quand le cheikh émirati Mansour bin Zayed Al Nahyan annonce sa volonté d’investir dans le football – pour la promotion des EAU selon la version officielle. Il fonde The Abu Dhabi United Group (ADUG), un fonds d’investissement destiné à acheter le club de Manchester City à l’ancien proprio, le controversé Thaïlandais Thaksin Shinawatra. L’opération aboutit et le club mancunien passe alors à la vitesse supérieure, grâce à la puissance financière de ses nouveaux bienfaiteurs. Rappelons le palmarès de ce Manchester City 2.0 ces dernières saisons : deux championnats nationaux (dont le dernier en date), une FA Cup, une League Cup et un Community Shield. Manque encore un trophée continental pour parachever le succès. Mansour bin Zayed Al Nahyan est tellement content qu’il décide en mai 2013 de s’acheter un nouveau jouet (sans lâcher le premier bien sûr). Contacté quelques mois auparavant par les dirigeants de la MLS, à la recherche d’investisseurs pour fonder une nouvelle franchise à New York, il se laisse convaincre par le projet. Le cheikh s’associe dans l’histoire avec les proprios des Yankees, la fameuse franchise de baseball, à hauteur de 80 % des parts pour lui et 20 % pour son partenaire américain. C’est la naissance du premier club satellite de Manchester City, fêté d’ailleurs par un clip promotionnel où Kompany, Agüero et quelques autres Citizens jouent à la balle dans les rues de New York pour promouvoir cette nouvelle franchise, qui débutera en compétition à compter de la saison prochaine (mars 2015).

Et ce n’est pas fini, comme le dit l’agaçante vendeuse de la pub SFR. Voilà qu’on apprend en janvier dernier qu’Abu Dhabi United Group, renommé entre-temps City Football Group, décide aussi de racheter la majorité des parts du club de Melbourne Heart, dans le championnat professionnel australien, la A-League. Un deal qui ressemble fort à celui réalisé à New York : un partenariat avec des businessmen locaux spécialisés dans le sport, en l’occurrence les propriétaires du club de rugby de Melbourne Storm. Même rapport : 80 % pour les Émiratis, 20 % pour les locaux. Pour l’occasion, la marque « City » s’impose avec un relooking du nom – de Melbourne Heart en Melbourne City –, du logo et des couleurs. Enfin la dernière acquisition en date concerne le club japonais de Yokohama F. Marinos, l’un des meilleurs du pays (3 titres en J. League), propriété du groupe Nissan. Cette fois, City Football Group est le partenaire minoritaire, le constructeur automobile gardant la majorité des parts. Une affaire rondement menée, par ailleurs de Nissan, nouveau sponsor de… Manchester City.

Une multinationale du football

Et c’est là qu’on commence à voir combien ce conglomérat a des capacités de fonctionner en vase clos et les bénéfices qu’il y a à en tirer pour chacune des entités du groupe. C’est ainsi pour Nissan, Yokohama et Manchester, donc. Sur le plan sportif, des choses se passent aussi. Des échanges de joueurs à l’amiable se font déjà : Frank Lampard qui vient compléter l’effectif de Manchester City en attendant le début de saison de New York City FC, l’hiver prochain ; David Villa qui va lancer la saison de Melbourne City FC en Australie avant de rejoindre son club de New York en même temps que Lampard. En creusant un peu, on s’aperçoit aussi que le défenseur américain Jeb Brovski, une acquisition de longue date de la nouvelle franchise new-yorkaise, a été prêté pour garder le rythme de la compétition à la formation norvégienne de Strømsgodset, qui a conclu récemment un partenariat avec le City Football Group. Et oui, car en plus des cas Manchester, New York, Melbourne et Yokohama, les Émiratis ont passé une foule d’accords avec d’autres clubs depuis quelques années : l’Espanyol Barcelone, Aarhus, Strømsgodset, Djurgardens… Dans ces différents cas, il n’est pas question pour le « groupe City » de mettre directement des ronds dans les capitaux, mais plus d’avoir des priorités sur le recrutement des jeunes, en échange d’un accueil gratos sur les installations sportives du groupe par exemple, ou de prêts à l’amiable de joueurs. Les Émiratis possèdent aussi des académies en Afrique pour former des joueurs sur place : en Afrique du Sud, au Ghana… Bref, on assiste à la naissance progressive d’une espèce de multinationale du football, présente d’une manière ou d’une autre sur les cinq continents.

Une seule fortune, plusieurs comptes en banque

Officiellement, le but est de promouvoir l’émergence des Émirats arabes unis via le sport, un peu comme le fait le voisin qatarien. Bon, pourquoi pas. Sauf que cela couvre aussi des pratiques à la limite de la légalité vis-à-vis des règlements internationaux. Et c’est là qu’on en arrive au cas de Lampard, que les Citizens ont pu récupérer gratuitement pour au moins la première moitié de saison de Premier League. Son nouveau club de New York City FC peut continuer à payer son salaire pendant ce temps. Ce qui est bien pour Manchester City, c’est que l’argent payant le joueur provient de la même fortune, mais est prélevé d’un compte en banque différent. Le club étant particulièrement surveillé concernant le fair-play financier, il a ainsi pu contourner la règle et obtenir un joueur pour pas un rond. Un Anglais aussi, la bonne affaire pour respecter les règlements UEFA pour disputer ses compétitions (un minimum de joueurs formés au pays dans la liste des joueurs qualifiés). Tout ceci a eu le don d’irriter ce cher Arsène Wenger. Quelque part, il a raison : ce nouvel empire City a de quoi interpeller.

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