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City et son miroir barcelonais
Désormais coaché par Pep Guardiola, Manchester City retrouve le Camp Nou avec des ambitions toujours plus élevées. Entre expansion économique et développement du projet sportif, la réussite des Citizens doit beaucoup au modèle blaugrana qu’ils tentent de copier.
Quatre ans de labeur, de drague et de refus. Puis, le « yes sir » qui change tout. Débarqué en 2012 à Manchester City pour y occuper la fonction de directeur du football, Txiki Begiristain remplit enfin sa mission prioritaire en février dernier lorsque Pep Guardiola, entraîneur le plus courtisé de la planète foot, répond par l’affirmative à ses avances. Désormais à la barre du navire citizen, le natif de Santpedor compte y bâtir une reproduction 2.0 du Barça qu’il remet au centre de l’échiquier mondial entre 2008 et 2012. Mais ce recrutement, aussi réussit soit-il, ne rassemble que la partie visible de l’iceberg.
En profondeur, loin des tumultes médiatiques et de l’attente populaire, les propriétaires de City, depuis le rachat du club en 2008, travaillent d’arrache-pied pour hisser le second fanion de Manchester au niveau des mastodontes européens historiques tels que le voisin de United, le Real Madrid ou le Bayern Munich. Pour ce, ils calquent leur développement sur celui du FC Barcelone. Un miroir blaugrana qui, grâce au bien nommé Txiki Begiristain et au conseiller délégué du club, Ferran Soriano, ressemble de plus en plus à la version originale catalane.
La tentaculaire expansion économique de City
En décembre 2011, Manchester City n’en est qu’aux prémices de son évolution. À des milliers de kilomètres de là, sur la côte méditerranéenne, Ferran Soriano se démène pour achever la vente de Spanair, compagnie aérienne dont il est l’un des principaux responsables. En pleine gestion de crise financière, l’ancien vice-président économique du Barça de Joan Laporta refuse poliment les avances du cheikh Mansour Bin Zayed Al Nahyan. Six mois s’écoulent, la compagnie met la clé sous la porte et, rebelote, le propriétaire de City renouvelle son offre. Cette fois, la réponse du Catalan est positive, le changement est en marche. Lorsqu’il débarque dans les offices de l’Etihad Stadium, il découvre un projet qui va plus loin que de simples titres : il doit prendre en main la construction d’un club aux lignes directrices claires, aussi bien économiquement que sportivement. Une bonne pioche pour les gérants d’Abu Dhabi : « Quand nous sommes arrivés au Barça en 2003, nous n’étions pas parmi les dix clubs les plus riches d’Europe. Trois ans plus tard, nous avions dépassé Manchester United » , dixit le señor Soriano, désormais fort d’un second succès avec City.
Car loin des fourberies de son cousin, président de Málaga, le cheikh Mansour sait où il souhaite emmener le fanion citizen. Dans un sport toujours plus mondialisé, l’économie est le nerf de la guerre. Pour City et ses millions, l’expansion passe alors par une présence sur tous les continents. Sous l’impulsion de Ferran Soriano, le club dispose désormais de boutiques à Londres, Tokyo, Abu Dhabi, Singapour, Shanghai, Melbourne et New York. Pis, le City Football Group, racheté 250 millions d’euros, pèse désormais 2,7 milliards, en partie grâce à ses filiales en Australie (le Melbourne FC), aux États-Unis (New York City) et au Japon (Yokohama Marinos). Une vraie multinationale, désormais à 13% entre les mains d’investisseurs chinois pour favoriser cette expansion dans le marché asiatique. En l’espace de quatre ans, la marque citizen s’impose comme une place forte de l’économie footballistique et suit le sillage des toujours numéros un mondiaux merengues et blaugrana. La mission n’est pas loin d’être accomplie, d’autant plus qu’autrefois dans le rouge – 219 millions d’euros de perte en 2009 –, les comptes du club sont aujourd’hui excédentaires de 22 millions.
La City Academy, « pierre angulaire du projet »
Ces comptes d’apothicaires ne font pourtant pas le bonheur des supporters de City. A contrario, seul le terrain est gage d’engouement populaire. Pour ce, sitôt installé dans son office de l’Etihad Stadium, Ferran Soriano fait appel à Txiki Begiristain, ailier de la dream team de Cruyff et ancien directeur sportif du Can Barça. À la manœuvre lors des nominations de Rijkaard et de Guardiola, il calque le développement sportif de City sur le modèle blaugrana. Avec pas moins de 200 millions d’euros investis sur les 80 hectares de la flambant neuve City Academy – le plus gros chantier que connaît Manchester depuis la construction de son port –, il s’agit là « de la pierre angulaire du projet sportif pour former des joueurs dans un même style de jeu dès le centre de formation » , dixit Begiristain dans les colonnes de La Vanguardia. Depuis l’arrivée de Guardiola, qui déclare dès sa signature « être là grâce à Txiki » , le projet sportif semble enfin prendre le pas de l’essor économique des Citizens. La venue au Camp Nou fait donc office de test pour un City qui entend bien dépasser son miroir azulgrana.
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Par Robin Delorme