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- J12
Citizen Silva
En délivrant une offrande pour Gabriel Jesus qui a lancé le succès de City face à Leicester ce samedi, David Silva a renforcé son statut de meilleur passeur de Premier League. À l'ombre de Kevin De Bruyne, l'Espagnol s'affirme encore comme un rouage essentiel de Manchester City. Et confirme qu'il reste un modèle de constance et de régularité, sept ans après son arrivée chez les Citizens.
À force d’être exemplaire, il a presque fini par banaliser la qualité de ses performances. Souvent très bon, jamais au centre de l’attention médiatique, tel est le destin qui semble coller à la peau de David Silva. Alors cette saison, l’Espagnol a changé de look, peut-être en espérant attirer un peu plus l’attention générale. Adieu la coupe de bon élève, place à un crâne rasé beaucoup plus dépouillé. Une tentative louable, mais vaine. Au sein du City de Guardiola, c’est plutôt Kevin De Bruyne qui croule sous les louanges depuis le début de la saison. Life is unfair.
La tête et les jambes
Pourtant, l’Espagnol réalise un début de saison proche de la perfection. En attestent ses statistiques hyperboliques. Le milieu des Sky Blues a déjà claqué pas moins de huit passes décisives rien qu’en Premier League. Personne ne fait mieux. Face à Leicester ce samedi, Silva a donc ouvert le bal en étant à l’origine de l’ouverture du score de Gabriel Jesus. Après avoir combiné avec De Bruyne et Sterling, il s’est intelligemment introduit dans les lignes des Foxes, pour pouvoir servir sur un plateau l’attaquant brésilien, complètement esseulé face au but. Une justesse technique qui ne l’a ensuite jamais quitté. Silva a notamment mis au supplice la défense adverse en éliminant trois défenseurs de Leicester d’une ouverture pour Sterling à la 70e minute, sans que l’Anglais ne parvienne à trouver la faille cette fois-ci. Deux éclairs de génie pour illustrer l’influence déterminante que l’ancien de Valence garde au sein du collectif des Citizens. Moins tape-à-l’œil que De Bruyne, dont il ne peut égaler le volume de jeu, moins rapide que Leroy Sané, Silva a d’autres qualités – plus sobres, plus cérébrales aussi – dans son sac à malice : une vision du jeu et un sens du timing, notamment dans le jeu court, qu’aucun de ses coéquipiers n’est en mesure d’égaler. Les erreurs commises par le champion du monde sont d’ailleurs rarissimes et se comptent sur les doigts d’une main.
Icône discrète
Kevin De Bruyne lui-même ne disait pas autre chose début novembre, s’étonnant de voir Silva rester une fois de plus dans l’ombre des projecteurs : « Je trouve que David Silva est vraiment sous-coté. Je trouve ça injuste qu’on ne parle pas plus de lui. Il a joué plus de cent matchs avec la sélection et il a tout gagné. Quand je joue avec lui, je trouve que l’équilibre est parfait. J’apprends beaucoup de lui, de sa façon de garder le ballon dans les pieds. Quand je suis arrivé à Manchester City, j’étais un joueur qui tentait beaucoup et qui perdait beaucoup de ballons. J’ai énormément appris de Silva. » S’il a beaucoup à donner, c’est aussi parce que Silva sait à peu près tout faire.
Aligné au poste d’ailier à ses débuts en Premier League, il ne s’est jamais plaint, restant fidèle à son ADN de technicien virtuose, mais discret : « Le problème, entre parenthèses, c’est que je suis polyvalent. Je me suis toujours considéré comme un meneur de jeu, même si je me suis retrouvé sur un côté. » L’avènement du City de Guardiola l’a vu revenir à ses premières amours, dans une position axiale certes plus reculée que celle qu’il occupait lorsqu’il cassait la baraque en Liga, mais qui lui permet de plus aisément dicter le jeu. Alors tant pis si la lumière n’est pas toujours braquée sur ses ouvertures millimétrées. Silva sait que les fans de City, eux, ne l’oublieront pas, lui qui est actuellement le joueur le plus ancien de l’effectif avec Vincent Kompany. Une idylle que l’Espagnol compte bien prolonger au maximum : « J’aimerais encore jouer dix ans pour City si cela est possible. » Les paroles d’un Citizen modèle, un vrai.
Par Adrien Candau