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Cinq raisons de croire que l’Allemagne va battre l’Italie
La Mannschaft n'a jamais réussi à vaincre l'Italie en phase finale d'une compétition internationale ? Elle a toujours été éliminée par sa bête noire quand leurs chemins se sont croisés pour un match à élimination directe ? Oui. Mais tout cela, c'est du passé. En 2016, l'Allemagne gagne contre tout le monde, même les Italiens.
→ Parce qu’ils sont champions du monde
En cousant une quatrième étoile sur son maillot il y a deux ans, l’Allemagne est forcément devenue l’équipe à abattre. La preuve : avec deux défaites en dix matchs (en Pologne et en Irlande), la campagne de qualifications a été plus compliquée que prévu, avec un niveau de jeu bien loin de ce que l’on avait pu voir au cours des années précédentes. Seulement, la Mannschaft est bel et bien là. Et comme à son habitude, elle est montée en puissance. Redoutable dès qu’elle enclenche le mode « tournoi » , l’Allemagne ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Surtout quand on sait qu’à part 1954 (l’Euro n’existait pas encore, de toute façon), elle est toujours allée en finale de l’Euro après avoir remporté la Coupe du monde. Ce qui ne lui a pas toujours porté bonheur, puisque le génial Antonin Panenka, l’imprévisible Danemark et le clinique Fernando Torres l’ont empêchée de réaliser le doublé.
→ Parce qu’on apprend de ses erreurs
En 2006, le Sommermärchen (Conte d’été) de l’Allemagne prend fin en demi-finales face à l’Italie, à Dortmund. Jeune et insouciante, la Mannschaft se fait avaler par l’expérience italienne. Joachim Löw, alors adjoint et successeur de Klinsmann, se jure de ne pas se faire avoir, si jamais il venait à croiser la route de la Squadra Azzurra. Six ans plus tard, la Mannschaft enchante l’Euro polono-ukrainien, et semble déjà promise à son premier titre depuis 1996. De son côté, l’Italie ne brille pas forcément par les résultats (une victoire et trois nuls avant la demi-finale), mais la présence du majestueux Andrea Pirlo dans ses rangs fait d’elle un épouvantail de la compétition. Pris de panique avant la demi-finale, Joachim Löw change complètement ses plans et décide de densifier son milieu pour coincer le maître à jouer italien. Fatale erreur : l’Allemagne bégaye, Balotelli lui colle deux balles dans le buffet, elle ne se relèvera pas. « Mon plan à l’époque n’a pas fonctionné et j’ai dû en prendre la responsabilité » , concédait il y a quelques jours le Bundestrainer en conférence de presse, « même si nous avons perdu à cause d’erreurs individuelles. Ça arrive. » Même s’il affirme que cette défaite est inscrite dans le passé ( « C’est du café froid ! Je préfère un expresso tout frais » ), Joachim Löw repensera forcément à ce 28 juin 2012 à Varsovie. Car comme le dit Oscar Wilde, « Expérience est le nom que nous donnons à nos erreurs » .
→ Parce que Pellè n’est pas Balotelli
La défaite de 2012 porte le sceau d’un homme : Mario Balotelli. D’abord de la tête, puis sur un contre express fini par un pétard pleine lucarne. Il devient l’emblème de la victoire en demi-finale, devant Andrea Pirlo, grâce à sa célébration torse nu mais immobile. Sa puissance a fait la différence contre la défense mal assurée de la Mannschaft. La bonne nouvelle pour l’Allemagne est que le buteur controversé n’est pas du voyage, quatre ans plus tard. Conte n’a pas voulu de lui. Il ne pourra pas faire mal aux esprits tourmentés de la Mannschaft autrement que par ses posts Instagram plein de mauvais souvenirs.
Évidemment, Conte a d’autres joueurs sur lesquels il peut compter pour semer la discorde entre Boateng et Hummels. Mais aucun ne provoque autant de sensations que Balotelli, pas même le Graziano Pellè nouveau et sa coupe de cheveux. C’est trop classique, trop attendu. Pire, selon le psychologue Borwin Bandelow, interrogé par le Welt, le nouveau Balotelli s’appelle… « Manuel Neuer. Il provoque de l’angoisse. Quand un buteur s’avance vers lui, il est comme devant Oliver Kahn autrefois. » Ouais, la peur change de camp en 2016.
→ Parce que la défense allemande est meilleure que la défense italienne
Il y a quatre ans, Joachim Löw devait encore composer avec quelques expérimentations défensives. Boateng jouait arrière droit, par exemple, pendant que Badstuber n’était pas encore un cas de science et jouait avec Hummels en défense centrale, en prenant parfois trop de risques à eux deux. Ce temps-là est fini. Le joueur du Bayern est désormais le maître de l’axe, surtout lorsqu’il s’appuie sur Mats Hummels à ses côtés. Ensemble, ils forment la « meilleure charnière du monde » selon Franz Beckenbauer. L’Italie, même avec sa rigueur tactique, ne peut faire mieux quand il s’agit de la puissance au duel, de la propreté dans le tacle et dans la justesse de la relance. Depuis le début de l’Euro, c’est un clean sheet total pour l’Allemagne. Quant aux Italiens, les attaquants allemands ont confiance en leur capacité à les déborder. Thomas Müller en particulier, qui se souvient au micro de Sport 1 d’une « bonne expérience cette saison avec le Bayern. En deux matchs de Ligue des champions, nous en avons mis quatre(six avec le temps additionnel). Et je crois que la défense de l’Italie est, homme pour homme, celle de la Juve. » Attention tout de même, ce sera en un seul match cette fois.
→ Parce qu’on ne fait pas mieux qu’un France-Allemagne en demi-finale
Pour une demi-finale, il ne peut y avoir mieux à domicile qu’une revanche de 82 et 86. C’était le plan en 98, mais la Croatie avait fait des siennes et bouffé la Mannschaft au tour précédent. Il ne faudrait pas que cela recommence encore une fois, alors que le tableau a été bien établi pour y arriver. C’est donc l’heure. Il y aura bel et bien un France-Allemagne au stade Vélodrome, même s’il faut pour cela se faire violence et imaginer la Squadra Azzurra craquer sur le fil. Et puis franchement, un France-Italie aux portes de la finale, cela ne s’est jamais vu et ce n’est pas pour tout de suite. Désolé les tifosi, il faudra repasser pour avoir votre duel contre les Français.
Par Ali Farhat et Côme Tessier