- Copa América 2015
- Quarts de finale
Cinq histoires que vous ne connaissez peut-être pas sur la Copa América
Trois penaltys manqués dans le même match, des équipes qui se retirent pour protester contre un mauvais arbitrage ou encore Bielsa qui poursuit son gardien deux ans après une « erreur » : telles sont les improbables anecdotes de la plus vieille compétition de football de l'histoire.
Le cauchemar de Martín Palermo
En 1999, Martín Palermo ravit déjà la Bombonera avec son instinct de buteur redoutable. L’attaquant de Boca Juniors enfile alors le maillot de la sélection pour mener l’attaque argentine lors de la Copa América au Paraguay cette même année. Après un doublé lors du premier match de l’Albiceleste face à l’Équateur, l’Argentine affronte la Colombie. Palermo sera le triste protagoniste d’une humiliante défaite, cinq ans après l’historique victoire colombienne à Buenos Aires (5-0 en éliminatoires de la Coupe du monde 1994). Ce soir-là, le numéro neuf argentin rate trois penaltys. Le premier est un missile qui finit sur la barre. Palermo enverra le second dans la tribune. Puis, Miguel Calero, le gardien colombien fait entrer l’attaquant de Boca dans le livre des records en arrêtant son troisième penalty. Résultat, la sélection alors entraînée par Marcelo Bielsa perd trois à zéro. « C’est le pire moment que j’ai vécu sur le terrain. À ce moment-là, j’avais besoin que la terre m’aspire, je voulais disparaître » raconte le désormais entraîneur au chômage après son éviction du club de Godoy Cruz. La traversée du désert commence pour Palermo, qui portera une nouvelle fois le maillot de sa patrie neuf ans après sa nuit cauchemardesque.
L’Argentine en manque de joueurs
La première Copa América (Campeonato Sudamericano à l’époque) a lieu en 1916, en Argentine. Le pays hôte aurait pu être éliminé très rapidement. Ne comptant que onze joueurs pour disputer le tournoi, l’Argentine se retrouve en danger lorsqu’un d’eux est contraint de quitter l’équipe pour son travail. À cette époque, les remplacements n’existaient pas. Après avoir gagné le premier match face au Chili sur le score de six buts à un, l’Albiceleste se retrouve contrainte à déclarer forfait pour la rencontre suivante face au Brésil. Dans le stade qui doit accueillir la rencontre se trouve José Laguna, attaquant d’Huracán, non convoqué pour la compétition. L’entraîneur lui demande alors de descendre des tribunes et d’enfiler les crampons pour sauver la nation. « El Negro » marquera même l’unique but argentin de la rencontre, qui se terminera sur le score de un partout. La première édition de cette compétition manquait aussi d’arbitres. Carlos Fanta, entraîneur du Chili, et Sidney Pullen, un joueur brésilien, ont été contraints d’arbitrer lors du tournoi.
1919, le tournoi le plus improbable
Après le premier Campeonato à Buenos Aires, et le second à Montevideo, c’est désormais le Brésil qui doit accueillir la troisième édition du tournoi continental. Problème, une épidémie de grippe touche Rio de Janeiro en 1918. La compétition se déroulera donc un an plus tard. Le tournoi de l’enfer pour le Chili. Pour rejoindre le Brésil, les joueurs chiliens se rendent à Buenos Aires en train, puis se dirigent vers le Brésil en bateau, avec la sélection argentine. À la fin du tournoi (qu’ils termineront à la dernière place), la route des Andes est fermée à cause d’une tempête de neige. Après quelques jours à Mendoza (en Argentine, à la frontière chilienne), les hommes de la Roja, sans aucune ressource financière, décident de rentrer au pays à dos de mulets. Le voyage durera une quarantaine de jours. Aussi, cette même année, le Brésil gagne son premier titre, après un match long de 150 minutes. Le 29 mai 1919, l’Uruguay et le Brésil se neutralisent. Deux premières prolongations de quinze minutes ne suffiront pas. Deux autres périodes seront disputées. Le but d’Arthur Friedenreich, fils d’un Allemand et d’une Brésilienne, offrira le titre au Brésil. Ce même joueur qui sera interdit de sélection par le gouvernement d’Epitácio Pessoa (au pouvoir entre 1919 et 1922), car les joueurs noirs n’étaient pas autorisés à représenter leur pays.
Bielsa et la lettre pour Abbondanzieri
Roberto Abbondanzieri peut témoigner de la folie de Marcelo Bielsa. Après la Coupe du monde 2006, l’ancien gardien de la sélection argentine reçoit une lettre de l’entraîneur de Marseille. Deux ans plus tôt, « El Pato » a encaissé le but de Luisão, qui a offert la Copa América à la Seleção. « Un jour, à l’entraînement, un postier m’amène une lettre de Bielsa » , se souvient l’ancien gardien de Boca Juniors. « Il parlait du but que j’ai encaissé face au Brésil. Il m’a demandé pourquoi j’avais mis trois joueurs dans le mur au lieu de quatre. » L’Argentine perdra finalement aux tirs au but. « Plus tard, je lui ai expliqué, mais ma réponse ne l’a pas convaincu. » « El Loco » a la rancœur tenace.
Et aussi…
En 1922, l’Uruguay se retire de la compétition, pour contester l’arbitrage lors de la défaite un à zéro face au Paraguay. Vingt ans plus tard, c’est le Chili qui se retrouve lésé. Lors de la finale face à l’Argentine, l’arbitre siffle un penalty pour la Roja, mais se rétracte quelques minutes plus tard. Le président de la Fédération chilienne ordonne alors à son équipe de quitter le terrain. L’Argentine gagnera donc le tournoi par forfait.
Par Ruben Curiel, à Santiago de Chile