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Cinq choses que Pippo Inzaghi va changer au Milan AC
C'est donc officiel : Filippo Inzaghi est le nouvel entraîneur du Milan AC. L'ancien attaquant remplace Clarence Seedorf, arrivé en janvier dernier. Une arrivée qui pourrait bien changer pas mal de choses à Milanello. On a imaginé ça.
– Apprendre aux joueurs à célébrer les buts
Du Inzaghi joueur, on se souvient de ses buts de renard, évidemment, de son placement, mais aussi, et surtout, de ses célébrations de but. Des célébrations jamais retenues, parfois même un poil démesurées. Car Pippo n’a jamais franchement ajusté sa célébration à l’enjeu de la rencontre. Qu’il marque deux buts décisifs en finale de Ligue des champions ou le but du 4-1 à la 93e minute contre Sienne, même scène : une course folle vers le poteau de corner, une bouche grande ouverte qui crie, des bras qui bougent dans tous les sens. Voilà donc ce qu’Inzaghi va s’efforcer d’inculquer à ses joueurs. À commencer par Mario Balotelli qui, niveau célébrations, est à Inzaghi ce qu’une nonne est à un fumeur de crack de la ligne 12 du métro parisien. À la fin des entraînements, le nouveau coach dédie donc une heure pour apprendre à bien célébrer. Pippo ramène même un radiocassette dans lequel il fait tourner en boucle le bruit de la foule de San Siro qui hurle sa joie après un but. Un bruit qui le rend dingue, évidemment. Et bien plus dingue que ses propres joueurs, d’ailleurs.
– Réconcilier Barbara Berlusconi avec Galliani
Depuis plusieurs mois, c’est le froid. Le Milan AC a des chefs, mais des chefs qui ont du mal à s’entendre. D’un côté, Barbara Berlusconi, fille de. Elle souhaite depuis longtemps une révolution au sein du Milan AC, et aurait même voulu introniser Inzaghi en janvier dernier. De l’autre, Adriano Galliani. Le divin chauve a recruté les plus grands joueurs au cours des 20 dernières années, et sa politique est désormais remise en question par « la Berlusconi » . Excédé, il avait même failli démissionner en décembre. Et au-dessus, il y a ce bon vieux Silvio, qui tente de contenter tout le monde pour que la chair de sa chair et son meilleur bras droit s’entendent. L’arrivée d’Inzaghi est l’occasion rêvée. Le nouveau coach organise une soirée dans les anciens locaux de Giannino, le restaurant préféré de Galliani, fermé en novembre dernier. Ce lieu de tant de rencontres revit le temps d’une soirée. Les Berlusconi sont là, Pippo et Adriano aussi. Un peu de vin, on se met bien, on se raconte des blagues, on parle du bon vieux temps, on met des vannes sur les bidoni de l’histoire du Milan AC (coucou Cosmin Contra, coucou Dominic Adiyiah, coucou Samir Beloufa). Bref, on passe une bonne soirée. À la fin du repas, Pippo, grand seigneur, règle la note. Barbara et Adriano sortent du restaurant bras dessus, bras dessous, comme en 40. Et Berlusconi de claquer un petit clin d’œil à son Superpippo.
– Travailler le hors-jeu
Tout le monde connaît la célèbre phrase de Sir Alex Ferguson à propos d’Inzaghi. « Il est né hors-jeu » , avait affirmé l’ancien manager de Manchester United, qui a croisé la route d’Inzaghi à de nombreuses reprises au cours de sa carrière. Il est vrai que Superpippo et le hors-jeu, c’est une longue histoire d’amour. Toujours à la limite, l’avant-centre a appris à danser avec la ligne fatidique. Peu importe s’il est signalé quatre ou cinq fois en position de hors-jeu au cours d’un même match, car la sixième fois sera certainement la bonne. Dès son arrivée sur le banc du Milan AC, donc, Pippo prend les choses en main : il faut bosser le hors-jeu, bordel ! Toute l’équipe est convoquée, même les défenseurs et les gardiens. Le schéma : Montolivo prend le ballon au milieu, et les attaquants se positionnent sur la même ligne que les défenseurs pour réussir à les prendre à revers. Comme Pippo n’a jamais eu une grande confiance dans les arbitres, il décide de faire lui-même le juge de ligne. Et comme il a du mal à canaliser ses émotions face au béni fuorigioco, à chaque fois qu’un joueur réussit à partir sur le fil, sans être hors-jeu, et à déposer le ballon au fond des filets, il se met à courir partout comme s’il célébrait un but. Un exercice qui, très rapidement, énerve Mario Balotelli et Adel Taarabt, qui se cassent sur un autre terrain pour aller faire des passements de jambe et des frappes de loin. Dix points pour celui qui touche la barre.
– Faire le tri dans l’effectif
Lorsque Pippo a disputé son dernier match avec le Milan AC, le 13 mai 2012, l’effectif était composé de Zambrotta, Nesta, Seedorf, Thiago Silva, Ibrahimović, Gattuso, Boateng et Cassano. Deux ans plus tard, on retrouve certes de bons joueurs comme Balotelli, Kaká, Montolivo ou Honda, mais également des joueurs jugés « indignes » du Milan AC comme Constant, Rami, Mexès ou Zapata, et des joueurs « météores » , c’est-à-dire bons pendant cinq matchs, et éteints pendant le reste de l’année (Robinho, Birsa, Emanuelson, El Shaarawy). Pour Inzaghi, pas question de se coltiner des mecs dont il ne veut pas, et sur lesquels il ne pourra pas compter. Pippo est un gars sûr, il veut donc des gars sûrs autour de lui. Il s’assied autour d’une table avec Galliani, et commence à faire sa petite liste. « Zapata ? Udinese. Rami ? Bastia. Robinho ? Barrio Latino. » Et ainsi de suite. Problème, le 12 août, à quelques semaines de la reprise du championnat, il ne reste plus que 12 joueurs dans l’effectif, dans 5 jeunes de la Primavera. Galliani et Berlusconi se mettent en mission commando pour ramener des joueurs. Mais qui ? Le 31 août, Berlusconi pète un câble. Il revend trois chaînes de télé et se paye d’un coup Fàbregas, Agüero, Mkhitaryan, Verratti et la femme d’Aquilani. On ne laisse rien au hasard.
– Mettre fin aux atrocités capillaires
Oui, le Milan, c’était mieux avant. Le Milan période Ancelotti, par exemple, où Nesta, Maldini, Inzaghi et Kaká avaient les cheveux au vent et une putain de classe. Mais ça, c’était avant l’arrivée des coiffures folles, des crêtes (décolorées ou non), des gros casques sur les oreilles. Et autant dire qu’à ce niveau-là, Pippo est plutôt de l’ancienne école. Lors de son premier jour à Milanello, il fait venir les trois meilleurs coiffeurs de Milan, des types doués avec leurs mains, habitués à s’occuper des mannequins pendant la Fashion Week. Le premier à passer sous leurs ciseaux, c’est El Shaarawy. Fini la crête, l’attaquant italien se retrouve avec une jolie brosse vers l’arrière. Rami se fait mettre des rajouts pour avoir les cheveux plus longs et pouvoir se faire une coupe à la Nesta. Quant à Balotelli, il se fait coller une moumoute blonde, coupe carré, qui rappelle étrangement celle de Schevchenko. Philippe Mexès, lui, refuse de changer de coiffure, trop attaché à ses exubérances à ce niveau-là. Sans scrupule, Inzaghi l’envoie faire ses gammes chez Tony & Guy. À Aix-en-Provence.
Par Éric Maggiori