02/11/2019 à 21h
Coupe du monde U17
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Il s’est mis André Villas-Boas dans la poche
Pour certains, Isaac Lihadji est un caméléon : capable de se faire tout petit quand il ne connaît pas, comme de se lâcher sur du coupé-décalé quand il est en confiance. À l’OM, c’est un petit peu le même cheminement : discret à son arrivée, déroutant aujourd’hui. «
Vif, rapide, technique, une bonne vision de jeu et provocateur » , c’est ainsi que le gaucher se décrit dans une interview à
L’Équipe. Et c’est pour ces qualités que le petit jeune de 17 ans a séduit André Villas-Boas, le Portugais lui offrant cet été une première apparition avec les pros lors d’un amical contre Naples. Ses potes d’enfance étaient en tribune, Lihadji ouvrait grand les yeux et les oreilles avant de se lancer. «
Le coach me dit : « Tu vas rentrer, fais comme tu fais d’habitude, n’aie pas peur, tente. »
Je me suis dit :« C’est le moment de me faire voir, c’est ton moment, essaie de faire rêver les supporters. »
Et ça s’est bien passé. » Plutôt pas mal, en effet, puisqu’il est ensuite entré à deux reprises en Ligue 1 contre Dijon et Amiens.
Un minot des quartiers nord de Marseille
Ils sont quatre, tous âgés de moins de 20 ans. Quatre gamins ayant vu le jour à Marseille et défendant aujourd’hui les couleurs de leur ville. Après l’éclosion de Boubacar Kamara, et en attendant les confirmations de Lucas Perrin et Alexandre Phliponeau, c’est Isaac Lihadji qui est la grande attraction du réservoir phocéen. Issu d’une famille comorienne, le bonhomme d’1,77m a grandi dans le quartier de Kallisté, l’un des plus pauvres de l’agglomération. Dans le parc donnant le nom à la localité, Isaac tapait le ballon avec son frangin Daniel en s’imaginant être Ronaldinho, l’idole suprême, avant de prendre une licence à 9 ans au FC Septèmes. Dans ce club cher à la famille Nasri, il trouve une famille. Et depuis la mort de son père à la suite d’une maladie, c’est son éducateur Nabil Hannachi qui l’a pris sous son aile et l’a accompagné dans son début de carrière. Un quartier qu’il n’a pas oublié, puisque après son internat à la Commanderie, il est revenu s’installer avec sa mère dans un appartement plus spacieux de la tour I.
Une grave blessure l’a détourné du Barça
Isaac a 11 ans et vient de cartonner au tournoi de Fréjus. Comme souvent, ce petit gabarit surprend son adversaire par sa technique et la qualité de son pied gauche. Son coach Stanislas Delapeyre racontait à
L’Équipe la tactique qu’il employait alors : «
Sur le coup d’envoi, on donne la balle à Isaac, il dribble, il marque, on mène au bout de 20 secondes de jeu. Combien de fois c’est arrivé ! Il est tout petit, tout maigre, l’adversaire se dit qu’il ne va rien faire du tout, mais quand il a le ballon, plus personne ne le revoit. » Rien de plus, mais suffisant pour attirer l’attention de Michel Zamora, le recruteur du Barça. Lihadji est alors convoqué à un stage à Colomiers, fait deux essais à la Masia et convainc même les responsables catalans de le garder. Tout semble alors ficelé… jusqu’à un foutu match de championnat U12 en novembre 2013 avec le FC Septèmes face au Burel FC, Isaac continue de virevolter, mais sur un face-à-face, il se fait faucher par le gardien, sorti les deux pieds en avant. Un attentat qui lui cause une fracture du tibia droit. «
On entend tous le bruit, raconte Delapeyre.
Le geste est violent, la moitié des enfants sont en larmes.[…]
Il était notre prodige, celui qui devait signer au Barça, celui que les recruteurs de Manchester City ou du Paris-SG venaient superviser. Je m’en suis longtemps voulu de ne pas avoir su le protéger. »
Son histoire avec l’OM n’était en rien écrite par avance…
À la suite de cette blessure, dans une période cruciale pour un adolescent, Issac Lihadji mettra presque deux ans à retrouver son niveau. Sa mobilité et la puissance de ses frappes sont alors méconnaissables, alors que les recruteurs ont déserté depuis longtemps. Seul l’OGC Nice continue de croire en lui et, logiquement, c’est pour le centre de formation des Aiglons qu’il semble opter. Mais au dernier moment, José Anigo entre dans la danse et rencontre Nabil Hannachi et l’entourage d’Isaac. Dans les bureaux olympiens, on murmure : «
On a raté Zidane, alors si on rate Isaac… » Et à l’été 2014, Lihadji est un joueur de l’Olympique de Marseille, avec un contrat aspirant pro courant jusqu’en 2020…
… pas plus que son avenir en ciel et blanc
Depuis le 14 juillet dernier, les négociations sont âpres entre la direction et l’entourage du joueur. Si bien que cela a un impact sur son temps de jeu en équipe première. « Pour Isaac, on attend la signature de son premier contrat pro, expliquait Villas-Boas fin septembre. Ça, c’est important pour l’OM. On peut avoir des bonnes nouvelles la semaine prochaine. » Pourtant, à l’heure à Lihadji s’éclate au Brésil, rien n’est encore réglé. Désireux de blinder un joueur suivi de prêt par la Juve, le Barça, les deux clubs milanais et la galaxie RedBull, Andoni Zubizarreta avait tiré par la manche le président Eyraud à un match des U19 pour qu’il se rende compte du phénomène. De l’autre côté la maman, Mariata, a pris son temps avant de choisir l’agent de son fils. Aujourd’hui, c’est Moussa Sissoko – le conseiller d’Ousmane Dembélé – qui a récupéré le dossier. Pour le moment, le garçon ne se pose pas trop de question, estimant qu’ « être sur le banc, c’est déjà énorme, donc être titulaire à l’OM(pourrait être) un grand truc. » En attendant, Isaac a quelques exploits à signer aux côtés d’Adil Aouachiche, le meneur parisien avec qui il porte techniquement cette équipe de France U17.
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