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Ciao Toto !
Ce n’est plus du tout une blague, Antonio Di Natale va bien quitter l’Udinese après ce dimanche de foot. Pour retourner à Empoli ? Finir aux États-Unis ? En Chine ? Pour prendre sa retraite ? Peu importe, c’est la fin d’une histoire et ça fait mal.
Lui l’assure, il veut finir dignement. Et c’est tout à son honneur. Le genre de mec qui sait mettre un terme à une relation proprement, enlever le pansement d’un coup sec : « Si je m’en vais, j’ai envie de partir la tête haute. Je suis fier de ce que j’ai accompli ici. Ça a été douze très belles années, et je dois remercier le club. J’ai passé douze magnifiques années, je remercie tout le monde, les coéquipiers et les tifosi. Ma carrière à l’Udinese est digne d’un film, mais maintenant le protagoniste n’est plus là. J’ai envie d’être en forme pour jouer le dernier match à la maison contre Carpi et fêter mon départ avec tout le monde. » C’était il y a deux semaines et c’est toujours d’actualité. Et cette fois-ci, ça semble être la bonne.
Fidélité
Car Antonio Di Natale a déjà fait le coup il y a deux ans. L’année dernière aussi : « En juin, j’arrête le football. » Il n’est jamais sûr de pouvoir rempiler encore une saison, alors il cultive le doute à l’approche de l’été. Comme si par peur de décevoir, il préférait annoncer le pire dans un premier, quitte à surprendre dans un second temps. C’est d’ailleurs pour cette raison que les hommages se font rares. Aussi parce qu’il est possible qu’il reste en Serie A. Que ça ne semble pas être la fin de sa carrière, juste celle d’un immense chapitre. D’ailleurs quand on lui demande si c’est vraiment la fin, il évacue la question d’une blague maladroite : « Je vais demander à Totti… » Avant de rester vague : « Je suis vieux, mais je me sens encore bien. »
Et pourtant Toto mériterait un hommage national pour tout ce qu’il a apporté à la Serie A. Né à Naples, formé à Empoli, taillé en Serie C, Toto rencontre l’élite au début des années 2000 et répandra à partir de là des douceurs sur les pelouses de Serie A. Régulièrement pendant plus d’une décennie. D’abord la montée avec Empoli, ses 16 buts, son premier titre de capocannoniere, le Trap, la Nazionale, la lutte pour le maintien, sa moustache de hardeur, son triplé face à Reggina…
… Le retour en Serie B, son transfert à l’Udinese, son association avec Iaquinta, un premier lob et une première grosse reprise de volée, ce sens du but, la grande Europe, le maillot trop grand, cette défaite 4-3 contre le Werder avec un doublé…
… Le nouveau duo avec Quagliarella, le brassard de capitaine, un nouveau CDD, encore un doublé face à l’Ukraine et ce penalty raté face à Casillas, les larmes, les blessures…
… Le record d’Oliver Bierhoff, la barre des 100 buts, les nouveaux titres de capocannoniere, la reconnaissance, l’appel turinois rejeté de Marotta, le double coup du chapeau en deux semaines contre Lecce et le Napoli, le numéro 10 en Nazionale, de nouveau la grande Europe, des buts, encore des buts, des lobs, des reprises de volée en veux-tu en voilà, l’appel chinois rejeté de Lippi, la revanche face à Casillas à l’Euro 2012, puis la souffrance en finale, encore des larmes, la barre des 200 buts, une Madjer pour passer devant Baggio…
… Les sifflets du Friuli, les prolongations de contrat in extremis mais toujours le même sourire, la même joie, le même regard d’enfant, la même course bras levés, comme un avion, quand le ballon entre dans les filets.
Divorce
Bref, malgré ce qu’Antonio veut bien dire, malgré la dignité avec laquelle il souhaite s’en aller, malgré la fête qui aura lieu ce soir, preuve en est encore une fois qu’un divorce, c’est toujours aussi moche. On dit souvent qu’il vaut mieux partir trop tôt que trop tard. Mais pas en Italie. Ciao Toto ! En espérant que ce ne soit qu’un au revoir.
Par Ugo Bocchi