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Ciao, mister Mazzarri
Après près de quatre ans de bons et loyaux services, Walter Mazzarri a annoncé hier soir qu’il quittait le banc du Napoli. Le coach peut se vanter d’avoir ramené le Napoli au sommet du football italien. Son successeur aura forcément la pression.
La statistique se doit d’être mise en avant. Walter Mazzarri est arrivé à Naples le 18 octobre 2009. Sur le banc napolitain, il aura donc disputé 145 matches, pour un bilan total de 73 victoires (50,3%), 42 nuls (28,9%) et 30 défaites (20,8%). Pendant son règne, Mazzarri a donc permis au Napoli de remporter 261 points. C’est simple : sur la même période (du 18 octobre 2009 au 19 mai 2013, donc), seules deux équipes ont pris plus de points en Serie A : le Milan AC, avec 295 points, et la Juve, 270. Toutes les autres : Inter, Roma, Lazio ou Udinese arrivent derrière. Cette statistique est intéressante pour plusieurs choses. D’abord, elle est le symbole du renouveau du Napoli. Sous l’ère Mazzarri, Naples a toujours terminé dans les places européennes (deux qualifs en C1, deux qualifs en C3), et n’a jamais fait moins bien que la 6e position. Surtout, elle a semblé monter en puissance d’année en année, affichant une régularité impressionnante pour une équipe qui, rappelons le, était encore en troisième division il y a de ça quelques années. L’entraîneur a su imposer son style et sa patte sur le jeu napolitain. Il a su faire d’une équipe besogneuse, un groupe uni, toujours prêt à se dépasser et à rendre fier ses supporters. L’annonce de son départ, si elle avait déjà été annoncée, n’en est pas moins un choc pour tous les tifosi. Mazzarri était devenu comme un père pour tout le monde. Il a va falloir s’habituer à son absence.
Deux exploits en trois jours
Quatre ans. Et pourtant, on a l’impression que c’était hier. Hier, que Walter Mazzarri débarque à Naples. Le club napolitain vient de s’incliner 2-1 sur la pelouse de la Roma et Roberto Donadoni, le coach, est gentiment remercié par Aurelio De Laurentiis. Le patron nomme Mazzarri, ancien entraîneur de la Samp, qui avait terminé son cycle génois par une défaite en finale de Coupe d’Italie contre la Lazio. Mazzarri ramène avec lui sa dégaine des années 80 : nuque longue, petites lunettes rectangulaires. Les supporters sont sceptiques, et attendent évidemment des résultats. Le technicien réussit sa première sortie : un succès 2-1 au San Paolo contre Bologne, avec un scénario déjà « mazzarresque » . Bologne ouvre le score, Quagliarella égalise à la 73e minute, et Maggio inscrit le but vainqueur dans les arrêts de jeu. Tout un symbole, lorsque l’on sait que ce temps additionnel deviendra presque l’une de ses marques de fabrique. Les supporters napolitains ne mettent pas bien longtemps à comprendre que quelque chose a changé, avec l’arrivée de Mazzarri.
Le 28 octobre, dix jours après son arrivée, Naples reçoit le Milan AC. Début de match cauchemardesque : les rossoneri mènent 2-0 après 5 minutes de jeu. Mais la fin de match va être complètement folle. Cigarini réduit l’écart à la 90e minute, et German Denis égalise à la 92e, dans un stadio San Paolo pas loin de l’implosion. Trois jours plus tard, le bon Walter entre définitivement dans le cœur des tifosi, en écrivant déjà l’une des plus belles pages de l’histoire du club. Mené 2-0 à l’heure de jeu sur la pelouse de la Juve, le grand rival, Naples s’impose finalement 3-2 à Turin grâce à un doublé de Hamsik et un but de Datolo. Deux exploits en trois jours : c’est bon, le bonhomme est adopté. Naples termine finalement sixième et se qualifie pour l’Europa League. L’été venu, Mazzarri demande des renforts. De Laurentiis lui débauche Edinson Cavani, Hassan Yebda, Jose Sosa et Cristiano Lucarelli, mais réussit surtout à retenir Lavezzi et Hamsik, les deux pépites du club. Commence alors une folle saison, qui va mener le Napoli, pour la première fois depuis Maradona, à lutter pour le titre.
2009-2013, la boucle est bouclée
Avec un Mazzarri surmotivé aux manettes, le trio Lavezzi-Hamsik-Cavani fait des ravages. L’Uruguayen est la grande révélation de la saison, et ses buts permettent à Naples d’aller titiller Milan dans la lutte pour le Scudetto. Une après-midi d’avril 2011, en s’imposant 2-0 à Bologne, le Napoli rattrape même Milan à la première place. Le rêve tricolore sera détruit sept jours plus tard par l’Udinese, vainqueur 2-1 au San Paolo avec des buts d’Inler, futur napolitain, et Denis, ancien de la maison bleue. Mais Mazzarri a tout de même gagné son pari : Naples continue sa folle ascension et se qualifie pour la Ligue des Champions, après deux décennies d’attente. Entre le Mazzare et son équipe, c’est désormais à la vie à la mort. L’équipe est à nouveau renforcée, et Naples veut lutter pour le titre. Mais la magnifique campagne en Ligue des Champions ôte des forces aux Napolitains. Sorti en huitièmes de finale par Chelsea, futur vainqueur de la compétition, le club partenopeo doit se contenter de la cinquième place en championnat. Saison décevante ? Tu parles. A côté de cela, Mazzarri permet à Naples de remporter son premier trophée depuis 21 ans. Au stadio Olimpico de Rome, le Napoli abat le nouveau champion d’Italie, la Juve (2-0), avec des buts de ses hommes symboles : Cavani et Hamsik. Le coach se pose alors la question : et s’il s’en allait sur ce triomphe ? Il ne met pas bien longtemps à répondre à sa propre question. Non. Il a encore des choses à accomplir.
Sa dernière saison à Naples va être à nouveau fantastique. Mazzarri comprend qu’il a une équipe qui peut lutter pour le Scudetto, et se débarrasse quasi-volontairement des compétitions annexes. Naples est en effet éliminé dès les huitièmes de finale de la Coupe d’Italie, et dès les seizièmes de la C3. Mais à côté de cela, le parcours en championnat est splendide. Naples s’empare de la deuxième place, pour ne plus la lâcher. La Juve roule trop vite pour aller la titiller et le Napoli ne réussit pas à faire mieux que 1-1 lors de la confrontation directe au San Paolo. Mais Mazzarri s’en fout. Presque. « Mon Scudetto, c’est cette deuxième place, et je sais que sur ces dernières années, nous avons été meilleurs que tout le monde » affirme-t-il à quelques journée de la fin. Les prémices des adieux. Son dernier match au San Paolo se déroule le 12 mai 2013. Encore une fois, un match rempli de symboles. Cette rencontre se termine sur le même score que le tout premier match de Mazzarri (2-1), et suit exactement le même scénario, à la minute près. Naples est d’abord mené au score, puis égalise à la 73e minute par Cavani, et s’impose finalement grâce à un but de Hamsik dans les arrêts de jeu. Limite flippant.
De 2009 à 2013. La boucle est désormais bouclée. « J’ai terminé mon cycle ici, j’ai vécu quatre années exceptionnelles. Je pense avoir amené le Napoli le plus haut possible. Je remercie les tifosi, pour qui j’ai toujours eu énormément de respect, ainsi que le président De Laurentiis. Ce club est un trésor : je suis persuadé qu’il peut gagner le Scudetto dans les prochaines années » a-t-il affirmé lors de sa dernière conférence de presse. Le successeur, qui devrait être annoncé dans les prochains, va devoir sacrément assurer. Grazie, Mister.
28/10/2009, nuque longue pour affronter le Milan AC
2010/11, Naples lutte pour le titre
29/07/2011, nouveau look pour une nouvelle saison
20/05/2012, Naples remporte la Coupe d’Italie face à la Juve
19/05/2013, son dernier match sur le banc du Napoli
Eric Maggiori