- Allemagne
- Retraite de Cacau
Ciao ciao, Cacau
Après plus de quinze ans de carrière en Allemagne, Cacau a choisi d'arrêter les frais, faute de proposition intéressante pour poursuivre sur les terrains. L'occasion de revenir sur la carrière du seul Brésilien heureux un soir de juillet 2014 à Belo-Horizonte. Un tour de la Bavière et du monde en dix étapes, de la D5 allemande aux stades japonais, avant de rejoindre les bancs de la fac.
1997
Si, à treize ans, Cacau rejoint Palmeiras grâce à un essai réussi, son rêve de devenir professionnel semble tourner court. Après trois ans au centre de formation, Claudemir Jeronimo Barreto – son nom à l’état civil – est mis de côté par le club de São Paulo. Il n’est plus temps de croire au football pour se faire de l’argent. Cacau retourne dans son ancien club, l’União Mogi das Cruzes. À côté de son hobby préféré, le Brésilien enchaîne les petits jobs, comme il le raconte sur son site web. Il devient notamment vendeur de snacks ou de boissons rafraîchissantes pour les voitures prises dans les bouchons à 45 km de la plage. Oui, oui, plus de 40 km de bouchons, notamment « à Noël et au Nouvel An » , explique Cacau en 2011 au Spiegel.
1999
Après deux ans de petits boulots, Cacau débarque en Allemagne. Un choix qu’il doit à Osmar. Installé depuis 1981 en Allemagne, Osmar est musicien dans un groupe brésilien basé à Munich. Il est aussi le cousin de l’entraîneur de Cacau à Mogi das Cruzes. C’est ainsi que le contact est noué. Osmar se débrouille pour lui trouver un club en Allemagne. Ce sera finalement de la cinquième division, au sein d’un club… de Turcs. Le Türk Gücü München devient le premier club de Cacau en Allemagne, parce qu’Osmar connaît le manager via son groupe de musique. L’histoire est trop belle pour ne pas bien se dérouler. Pour autant, rien n’est facile pour le Brésilien, comme il le raconte au Spiegel. « Je me souviens encore de ma frustration au premier entraînement, car je ne recevais aucun ballon et n’avais donc pas beaucoup d’occasions. Osmar m’a calmé et dit de continuer à jouer plus tranquillement. Cet entraînement n’allait pas tout décider.[…]Toutefois, je savais que pour moi, soit je restais, soit je rentrais au Brésil pour y faire autre chose. » Après quelques semaines difficiles à ne pas se faire comprendre et attendre Osmar des heures, seul sur un banc, Cacau reste.
9 décembre 2001
Finalement, Cacau s’impose et se fait un petit nom en Bavière. Le Brésilien parvient même à convaincre le FC Nuremberg de lui proposer un essai, puis un contrat. Avec son maillot floqué Barreto, Cacau doit aider l’équipe réserve dans un premier temps. Seulement, l’Allemagne lui apporte de la réussite. Tous les buteurs du FCN se blessent tour à tour et le club est contraint d’aller chercher un joker dans son équipe B. Ce sera donc Cacau. Pour son deuxième match, au début du mois de décembre, il marque un doublé contre le Bayer Leverkusen. Nuremberg perd malgré tout largement (4-2) et se retrouve 17e. Les Bavarois viennent cependant de faire le bon choix dans l’objectif du maintien. Cacau ne retourne plus en équipe réserve, le club termine à la limite au-dessus de la zone rouge. Le Brésilien est officiellement un joueur de football professionnel et enchaîne sur une saison… un peu pourrie, marquée par deux buts seulement. C’est suffisant cependant pour Stuttgart, qui flaire le potentiel et lui accorde sa confiance. Cacau ne partira plus dans un autre club de Bundesliga.
12 mai 2007
Avec Stuttgart, Cacau accomplit sa plus grande réussite – et remporte son seul titre – à l’issue de la saison 2006/2007. À la surprise générale, le VfB parvient à gagner le titre à l’arraché devant Schalke et le Werder. Pourtant, à l’issue de la 32e journée, les Schwaben ne sont pas en position de force. Les Knappen mènent la danse, un point devant eux. Le Werder est en embuscade juste derrière. Sur le terrain de Bochum (voir à 1h25 dans la vidéo), Stuttgart est en difficulté. Menés au score à deux reprises, les joueurs du VfB reviennent grâce à un excellent Cacau. Après une passe décisive pour Hitzlberger, le Brésilien parvient à marquer en fin de rencontre le but du 3-2. Cette victoire offre la tête du championnat à Stuttgart, presque au finish, car Schalke perd dans le même temps sur le terrain de Dortmund. La victoire finale contre Rostock ne fait que confirmer l’inévitable. Schalke perd une nouvelle fois le titre. Stuttgart est Deutschmeister, et Cacau avec.
21 janvier 2009
Cacau devient allemand. Arrivé courant 1999 en Germanie, il fait un choix fort : prendre la nationalité de sa terre d’accueil. Un choix qu’il ne fait pas par calcul sportif, mais pour une raison extra-sportive : ses enfants sont nés en Allemagne. Tout cela semble naturel. Toutefois, la naturalisation du buteur donne des idées aux médias et au sélectionneur. Quelques mois plus tard, il connaît sa première sélection. Le phénomène Cacau commence véritablement.
13 juin 2010
Sans grande surprise après son intégration courant 2009, Joachim Löw met Cacau dans ses vingt-trois pour l’Afrique du Sud. La Mannschaft ne va pas au bout. Cependant, l’Allemagne qui fait rêver tout le monde par son jeu culotté porte aussi la marque de son buteur fantasque. Même au Brésil, dans la maison offerte par le joueur à la famille Barreto, c’est le maillot blanc qui est porté, explique alors un reporter du Welt, au milieu des « acclamations pour la Nationalmannschaft » . À quelques jours du premier match de la compétition, la cote de popularité va plutôt en faveur de Cacau. Contre la Bosnie, en match de préparation, Klose a été catastrophique et ne semble pas apte à mener l’attaque allemande. Et pourtant, c’est bien Miro qui régale une fois la compète lancée. Même si Cacau se régale aussi. Après deux minutes de jeu contre l’Australie, il marque son seul but en Afrique du Sud. Ce n’est pas le plus beau, ni le plus difficile, mais cela reste un but en Coupe du monde pour un joueur qui, dix ans auparavant, découvrait la D5 en Bavière.
10 août 2011
Quelques jours avant ce match particulier pour Cacau, il livre son secret : « Je suis à 100% allemand et à 100% brésilien » , soit un total suffisant pour se donner à 200% sur un terrain à chaque match. D’autant plus lorsque ses deux pays s’affrontent, comme au cours du mois d’août 2011. L’Allemagne gagne 3-2 à Stuttgart. Dans son stade, Cacau remplace Götze en toute fin de match, pour savourer. Sa place dans la Nationalmannschaft n’est déjà plus assurée, poussé qu’il est vers la sortie par les petits jeunes qui feront 2014. À la fin de la saison, à quelques jours de l’Euro, il n’entre plus dans les plans de Joachim Löw. Mais Cacau vient tout de même d’accomplir son 18e match (sur 23 au total) pour l’équipe nationale, pas une mince affaire.
18 mai 2015
Cacau joue alors au Japon depuis un an. Il est devenu trop souabe pour goûter à la vie nipponne. À peine arrivé, il sent le fameux Heimweh, le mal du pays. Malgré l’assistante dépêchée par le club pour s’occuper de tout ce qui peut paraître inhabituel à l’ensemble de la famille, la greffe ne prend pas. D’autant que le club d’Osaka descend quatre mois après son arrivée en D2 et ne parvient pas ensuite à ambitionner une remontée immédiate. Le 18 mai, la décision est donc prise : il est temps de repartir avec ses bagages. L’objectif est de trouver pendant l’été « un club qui joue dans la première division de son pays » , explique-t-il à la presse. Un club qu’il ne trouvera pas.
1er février 2016
Alors qu’il a donc disparu des radars du football professionnel depuis la fin de son aventure à Osaka, Cacau se signale de nouveau en début d’année 2016. Pour le meilleur ? En joueur de devoir et amoureux de son VfB, il choisit d’aider les Schwaben au plus mal… en 3. Liga. Oui, Cacau n’est pas de retour pour maintenir l’équipe première, mais la réserve, alors 19e de son championnat. Il déclare alors « avoir décidé d’aider l’équipe B dans une situation sportive difficile » . Cependant, son retour n’est pas du goût de tous les supporters de Stuttgart. Certains raillent un buteur déjà dépassé et trop lent à la fin de son dernier contrat au VfB. La suite ne leur donne pas tort. Stuttgart plonge en dernière position. Cacau ne marque que trois buts et passe la moitié du temps à l’infirmerie. Il est temps de passer à autre chose.
12 octobre 2016
C’est par une interview accordée à Bild que Cacau rend public ce qui était attendu. Sa carrière de buteur est derrière lui, « faute de proposition intéressante » . Pour autant, il n’abandonne pas la Bundesliga. L’objectif à court terme est de travailler dans le management pour une équipe, en Allemagne ou à l’étranger. Évidemment, sa nouvelle carrière commence par l’université de Nuremberg. Ensuite seulement, éventuellement, Cacau ira exporter son savoir-faire à Stuttgart si l’occasion se présente. Le VfB pourrait bien avoir encore besoin de son Brésilien pour briller de nouveau.
Par Côme Tessier