Ciani : «Ma réponse sera sur le terrain»

Il s’est mal terminé, ce mois de mars…

En deux matches très rapprochés, on a encaissé six buts. C’est donc normal que la défense soit mise en cause.

Comment vis-tu le fait d’être critiqué soudainement après avoir été encensé il y a un mois ?

Rater un match, ça arrive à tout le monde. Mais bon, il y a des personnes qui parlent en essayant de rentrer dans le crâne des gens que ma saison se résume à ce match contre Lyon. Moi je suis là, je garde la tête haute. Si je joue à Bordeaux, ce n’est pas dû au hasard, et si j’ai été appelé en Equipe de France, ce n’est pas non plus dû au hasard. Ceci dit, il ne faut pas croire que je me fous de la critique. Ce match contre Lyon, je savais qu’il allait focaliser plus de regards que les autres, qu’il ne fallait pas passer au travers. Et moi, je l’ai raté. Mais quand même, les gens ont la mémoire courte… (malgré les trois buts encaissés contre Lyon, Bordeaux a toujours la meilleure défense de Ligue des Champions avec 6 buts encaissés, à égalité avec le Barça ; et la défense la plus imperméable de Ligue 1, ndlr).

Tu es mécontent de ton match ?

Bah je n’ai pas été bon. Ça fait chier de prendre trois buts en un match. Je suis conscient de la gravité du truc. Je n’ai pas été à la hauteur.

Le fait qu’on pointe du doigt les errements de la charnière centrale alors que les latéraux sont impliqués sur les deuxième et troisième buts te semble-t-il justifié ?

Les gens, ils sont habitués à ce qu’on leur donne du caviar. Alors le jour où ils mangent juste du pain, eh bah ils sont déçus et mécontents. Ça s’comprend.

Peut-on parler d’un coup de fatigue ?

Le coup de pompe, c’était janvier, février. Maintenant, les terrains sont en bon état et on est largement mieux qu’en début d’année. Disons que contre Lyon, ce sont plus des erreurs de concentration qu’autre chose.

En tant qu’ancien défenseur central, Laurent Blanc a-t-il insisté, lors de son discours à la mi-temps, sur ton secteur de jeu ?

Non, c’était un discours général. A la mi-temps, il nous a dit qu’il n’était pas mécontent du résultat. Que si on tenait le 2-1, ce n’était pas si catastrophique. Le lendemain, à froid, il a fait part de son mécontentement, et notamment du secteur défensif. Mais il n’y a rien d’extraordinaire ou d’anormal dans tout ça. D’autant qu’on sortait d’un match contre Marseille où, sans être particulièrement mauvais, on en avait déjà pris trois…

Cette finale de Coupe de la Ligue perdue trois jours plus tôt a-t-elle laissé des traces pour le déplacement à Lyon ?

Peut-être, mais si c’est le cas, ça relève de l’inconscient. Je pense qu’en gagnant contre Marseille, il y aurait eu un élan positif. Et quand le mental suit, le physique emboîte le pas.

Le match retour, tu le sens bien ?

Si on marque un but rapidement, ils ne pourront plus nous résister tellement on poussera pour mettre le deuxième. On a quand même montré des choses intéressantes lors du match aller, et pour une rencontre de Ligue des Champions jouée à l’extérieur, on a eu pas mal d’occasions. Et eux, ils ne se sont pas non plus créé six mille occasions franches. Ils ont eu la chance d’avoir un très bon Hugo Lloris, ça, c’est sûr. Ça aurait pu faire n’importe quel score à la mi-temps. Et puis nous, défensivement…

Tu as l’air affecté par cette performance…

Non, mais plutôt de l’exploitation qu’on en a fait.

???

Je sais que les commentateurs ont été durs avec moi.

Tu penses à TF1 ?

Oui, on m’en a parlé. Larqué, il a ses cibles. Les gens regardent le match sur TF1 car en majorité, ils n’ont pas le choix. Lui, il profite de cette audience pour faire ce qu’il veut. Je sais qu’il a voulu me descendre. Il ne veut pas que j’aille à la Coupe du Monde. Peut-être qu’il préfère d’autres joueurs… Leur idée, apparemment, c’est de mettre dans la tête des gens que je suis nul. Je sais aussi que d’une manière générale, Larqué, il fonctionne comme ça. Il n’y a pas si longtemps, il a réussi à casser Mavuba, et je sais aussi qu’il en veut à un phénomène comme Ben Arfa. Je n’pense pas me tromper en disant qu’il essaie de me mettre à moi aussi des bâtons dans les roues. Et Lizarazu, il suit le mouvement de la chaîne pour laquelle il travaille. Ma réponse, je la donnerai sur le terrain.

[page]On est au mois d’avril : Bordeaux est encore en course en Ligue des Champions, leader en Ligue 1, et toi, tu es dans les plans de Raymond Domenech à deux mois du Mondial. Comment tout ça s’organise dans ta tête ?

Je n’organise rien. Je sais qu’il faut que je sois bon à chaque match. L’objectif, c’est de finir premiers du championnat en ayant la meilleure défense. Si ça se termine comme ça, ça voudra dire des choses.

Et l’Equipe de France ? En novembre, tu disais que ton but à court terme était d’y mettre les pieds. Maintenant que tu l’as atteint, c’est quoi le nouveau challenge ?

L’idée, c’est d’y rester. Pour ça, faut être bon en club, à chaque fois. J’ai un mois pour montrer que j’ai le niveau pour aller au Mondial. Mais attention, je suis nouveau ! Ce ne serait pas un désastre de ne pas y être.

N’empêche, ce match avec les Bleus contre l’Espagne, ce n’était pas un cadeau empoisonné ?

Certains m’ont dit ça. Moi, je ne suis pas d’accord, ce n’était pas un traquenard. Je ne suis pas bête, je sais aussi que j’ai été appelé car il y avait des absents. Mais je n’ai pas peur de jouer ces matches. C’est vrai qu’en face, c’était la meilleure équipe du monde, mais que ce soit l’Espagne, le Brésil ou l’Ukraine, je suis content d’être sur le terrain. Et puis je n’ai pas fait un mauvais match. Et quel aurait été le résultat avec d’autres joueurs à ma place ?

En plus, c’était ta première au Stade de France…

Il y a eu beaucoup de premières fois pour moi cette saison. Il y en aura peut-être d’autres. D’ici là, l’objectif, dans l’immédiat, c’est d’effacer des mémoires ce match de Lyon.

En attendant, il y a ce retour à la réalité, et un match de championnat face à Nancy, samedi…

C’est difficile de passer d’une compétition à l’autre, mais on n’a pas le choix, il faut gagner contre Nancy pour aborder le match de Lyon en étant bien mentalement.

Après Nancy ce week-end, le calendrier sera assez chargé pour Bordeaux….

Moi, j’adore ça, surtout quand on sort d’un mauvais match ! La motivation vient toute seule. C’est un privilège d’avoir autant de matches à enjeu à ce moment de la saison. Et à titre personnel, j’ai l’occasion d’effacer mon mauvais match dès maintenant. Car je sais très bien que les matches qu’on va jouer jusqu’à la fin de la saison vont être suivis de près (après Nancy en L1 puis Lyon en C1, Bordeaux reprendra le championnat par un déplacement à Paris, une réception de… Lyon, puis un déplacement à Lorient, l’ancien club de Ciani, ndlr). Moi, si j’ai fait des sacrifices, c’est pour en arriver là. Un footballeur, il vit ses meilleures années à 25, 26 ans. Je suis en plein dedans. Maintenant que j’y suis, je ne vais pas me mettre à trembler.

Y a-t-il un risque que la pression l’emporte sur l’excitation ?

J’aime avoir la pression, j’en ai besoin pour bien ressentir le match. Je ne veux pas de celle qui tétanise. Avant la Ligue des Champions, t’es obligé d’être transcendé, rien qu’en entendant la musique. Contre Lyon, à aucun moment je n’ai eu peur. C’est la concentration qui a fait défaut. Rien d’autre.

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