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Chucky Ferreyra, le retour
Il est le symbole du recrutement catastrophique de Newcastle. Après une saison blanche en Angleterre, Facundo Ferreyra est retourné au Shakhtar Donetsk. Un club qu’il avait quitté sur une fuite après un match amical face à Lyon.
Ce ne devait être qu’une simple rencontre amicale de pré-saison. À Annecy, l’Olympique lyonnais reçoit le Shakhtar Donetsk et sa colonie brésilienne. Nous sommes le 19 juillet 2014, et Nabil Fekir commence doucement à taper à la porte de l’équipe première. Ce soir-là, il plante d’ailleurs un but magnifique. L’OL remporte ce match contre les Ukrainiens sur le score de 4-1. Mais cette victoire sera vite reléguée au second plan. La cause ? Six joueurs du Shakhtar décident de ne pas monter dans l’avion du retour.
Une fuite menée par cinq Brésiliens, Fred, Teixeira, Dentinho, Douglas Costa, Ismaili, et par l’Argentin Facundo Ferreyra. Ce dernier, s’il est rapidement revenu en Ukraine avec ses coéquipiers, a tout fait pour quitter le pays et sa situation belliqueuse. Mais après une saison blanche à Newcastle, Ferreyra est revenu à Donetsk, en prêt. Parce qu’il ne s’est « jamais adapté aux exigences physiques de la Premier League » selon lui. Aussi, parce que le club qui a lâché neuf millions d’euros à Vélez à l’été 2013 pour l’attaquant argentin a bien besoin de ses services.
Une fuite de dix jours
La cellule de recrutement de Newcastle ressemble à la cour des miracles. Alors qu’ils alignent les échecs, les dirigeants des Magpies continuent de faire couler le club à coups de transferts foireux.
L’un d’eux concernait Facundo Ferreyra. Alors que le natif de Lomas de Zamora brille pour sa première saison en Ukraine, il souhaite à tout prix quitter le pays. La difficile situation que traverse le pays à cause de la guerre (surtout dans la région du Donbass) est son principal argument. Mais à l’époque, Mircea Lucescu, entraîneur du Shakhtar, évoque une tout autre raison, dans les colonnes de L’Équipe : « L’agent Kia Joorabchian a profité de la situation pour les enlever. Il a réussi à les convaincre de ne pas rentrer, leur expliquant qu’ils seraient bientôt libres et qu’ils pourraient prochainement signer dans un autre club »
Finalement, Facundo Ferreyra revient en Ukraine une dizaine de jours après l’évasion. Et s’excuse pour cette escapade : « Ma famille était très inquiète et ils m’ont convaincu de ne pas retourner en Ukraine. Ils pensaient que c’était très dangereux. J’ai décidé de les écouter. Mes peurs se sont dissipées après une conversation avec le directeur général du club. Il a su me calmer et me prouver qu’on serait tous en sécurité. Les autres sont revenus, sains et saufs. Je regrette de ne pas être rentré avec le groupe. Je m’excuse auprès des supporters, de mes coéquipiers et de l’entraîneur » , s’épanche-t-il dès son retour, dans une interview pour Clarín. Finalement, un mois plus tard, il est envoyé en prêt à Newcastle.
Le calvaire anglais, la renaissance ukrainienne
Facundo Ferreyra débarque en Angleterre, l’an dernier, après six buts pour sa première saison en Europe et un titre de champion d’Ukraine. Un prêt dans l’anonymat, qui soulève quelques questions. De nombreux journaux évoquent un transfert chapeauté par Fabricio Coloccini, pour sortir son compatriote du pétrin ukrainien.
Les supporters des Magpies ne verront finalement jamais le joueur formé à Banfield sous le maillot de l’équipe première (excepté lors d’un tournoi de pré-saison en Allemagne). Ferreyra oscille entre blessures (au dos notamment) et performances médiocres avec l’équipe de jeunes. Le tout pour un pauvre petit but pour l’attaquant d’alors 24 piges. Dans une interview pour Goal, il s’étonne de la dimension physique du football anglais : « Quand je suis arrivé à Newcastle, j’ai eu du mal à m’adapter. Surtout physiquement, puisque je venais d’une longue période d’inactivité en Ukraine. C’est un championnat très physique, et si tu n’es pas au niveau, tu ne joues pas. »
Pour sûr, Facundo Ferreyra, le frêle buteur qui a mené Vélez vers le titre en 2012 en terminant meilleur buteur du championnat, n’a pas vraiment le profil de l’attaquant que chérit l’Angleterre. Surnommé Chucky depuis l’enfance (apparemment il ressemblait à la célèbre poupée), Ferreyra remballe finalement ses valises l’été dernier et revient en Ukraine.
Sur ESPN, il est dernièrement revenu sur son passage frustrant sur les bords de la Tyne : « C’était très compliqué à Newcastle. Quand je suis arrivé, l’équipe était déjà complète, il n’y avait pas de place et j’ai pris énormément de retard avec mes blessures. » Un constat clair et concis pour celui qui a passé plus de deux ans sans marquer (du 26 octobre 2013, avec le Shakhtar contre Zorya Lugansk, jusqu’au 27 octobre 2015 et un penalty marqué en coupe contre Temopil). Depuis, l’ancien international des moins de 20 ans argentin porte de nouveau le maillot orange et noir qui lui sied parfaitement. Contre le Metalist, le 1er avril, il a retrouvé sa place de titulaire à la pointe de l’attaque du Shakhtar. Résultat, une victoire écrasante, 8-1, et un but pour Ferreyra. Une bonne nouvelle avant le quart de finale aller de la Ligue Europa face à Braga. Que les supporters du Shakhtar se rassurent, il sera bien dans l’avion du retour.
Par Ruben Curiel