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Christopher Nkunku, talent hors sol
Grand oublié des Trophées UNFP, Christopher Nkunku s'est consolé cette semaine en remportant celui de meilleur joueur de la saison en Bundesliga. Comme le signe que la réputation qu'il a acquise en Allemagne n'est pas encore arrivée jusqu'en France et qu'il s'agirait de soigner désormais avec les Bleus. Ça tombe bien : Didier Deschamps donne sa liste ce jeudi à 14 heures.
L’armoire à trophées de Robert Lewandowski était prête. Disposée à être parée d’encore un peu plus d’argent. Pourtant, ce lundi soir, le Polonais a eu la mauvaise surprise de ne pas être élu meilleur joueur de la saison en Bundesliga pour une troisième fois consécutive. Le jury, composé à 40% de fans, à 30% des clubs et à 30% d’experts, a été très clair : cette saison, c’est pour Christopher Nkunku. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le gamin de Lagny-sur-Marne ne l’a pas volé. Arrivé sur la pointe des pieds à Leipzig à l’été 2019, le milieu de terrain reconverti attaquant est aujourd’hui le fer de lance incontestable et incontesté de son équipe et, surtout, ne souffre d’aucun complexe à regarder les plus grands joueurs du monde dans les yeux. Les chiffres ne mentent pas : avec 20 buts et 13 passes décisives sur l’exercice qui vient de s’achever en Allemagne, le Français est le deuxième joueur le plus prolifique du championnat (derrière Lewandowski), laissant Haaland, Müller, Schick et consorts dans le rétroviseur.
Dembélé devant Nkunku, vraiment ?
Malgré cette envergure acquise de l’autre côté du Rhin, la mayonnaise a encore du mal à prendre dans l’Hexagone. L’exemple le plus récent date de dimanche dernier, où le gratin du football français était réuni au Pavillon Gabriel pour couronner les meilleurs élèves de l’année. Dans des festivités où Kylian Mbappé a attiré les projecteurs, Karim Benzema a récupéré le trophée de meilleur joueur français évoluant à l’étranger. Aucun scandale ici, tant la saison du Madrilène est une partition continue. Les présences de Theo Hernández et Mike Maignan (en course pour le titre en Italie) parmi les nommés sont également justifiées, celle de N’Golo Kanté peut encore s’entendre, mais on peut dès lors s’interroger sur l’absence de Christopher Nkunku, en lieu et place d’Ousmane Dembélé. Même s’il finit bien l’année, le Barcelonais aura vu sa saison être davantage marquée par les rumeurs autour de son départ que par ses exploits sur le pré. Pendant ce temps-là, Nkunku claquait un triplé sur la pelouse de Manchester City, évinçait à lui seul l’Atalanta de la C3 et jouait un rôle majeur dans l’épopée des siens jusqu’en finale de Coupe d’Allemagne (prévue ce samedi à 20h contre Fribourg, NDLR), qui pourrait bien être le point d’orgue d’une saison XXL.
Pour éteindre le petit incendie qu’a provoqué l’absence de celui qui a confié à L’Équipe « se voir à Leipzig à la rentrée », l’UNFP est sortie de son silence ce mercredi, en avançant une raison pas loin d’être bancale : seuls les joueurs ayant obtenu une sélection en équipe de France avant le début de la saison sont éligibles à être nommé pour cette distinction. Ce à quoi l’institution a tenu à ajouter que « sans ce point réglementaire, il aurait eu sa place dans les nommés » et qu’« il faudra peut-être faire évoluer le règlement pour avoir plus de flexibilité » à l’avenir. Une sorte de premier mea culpa et de validation à l’entrée du monde des grands.
Donner le Nkunku d’accélérateur avec les Bleus
Le salut définitif passera par une étape incontournable : faire son trou chez les Bleus. Nkunku avait dû patienter jusqu’au mois de mars dernier pour entendre son nom enfin être prononcé par Didier Deschamps. Comme si le sélectionneur avait attendu de voir si la hype naissante autour du Lipsien était un simple feu de paille ou non. De là avait accouché un rassemblement mitigé pour le nouveau venu, qui avait joué avec le frein à main contre la Côte d’Ivoire avant de devoir se contenter de quelques secondes de jeu contre l’Afrique du Sud. Sauf énorme surprise, DD devrait redonner ce jeudi de nouvelles cartouches au polyvalent attaquant qui n’aura cette fois pas d’autre choix que de prendre le taureau par les cornes sous le maillot bleu s’il souhaite jouir de la même réputation en France qu’outre-Rhin. « Je viens de commander une armoire à trophées. Je vais pouvoir la remplir un petit peu », sourit l’intéressé. Un achat judicieux à six mois du début de la Coupe du monde.
Par Alexandre Lejeune