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Christophe Revault : « Mon match à Munich est le pire de ma carrière »

Propos recueillis par Antoine Donnarieix
6 minutes
Christophe Revault : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Mon match à Munich est le pire de ma carrière<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Recruteur au Havre Athletic Club, Christophe Revault coule des jours heureux en Normandie depuis la fin de sa carrière professionnelle. Avant la finale de C1, l’ancien gardien du PSG a accepté de revenir sur son calvaire vécu à Munich face au Bayern en 1997.

Quels souvenirs gardes-tu de ta première confrontation face au Bayern Munich à l’Olympiastadion, le 22 octobre 1997 ? Que ce soit les bonnes ou les mauvaises performances, c’est toujours compliqué et dur à expliquer, car cela dépend beaucoup de ton sentiment sur l’instant. J’en ai fait des matchs (530 entre 1992 et 2010, N.D.L.R), mais je peux te dire que celui-ci est sans aucun doute le pire que j’ai vécu dans toute ma carrière. À titre personnel, j’avais été catastrophique. En plus, je me souviens que nous n’étions pas parvenus à nous qualifier pour les quarts de finale à cause d’une histoire de goal average… Pendant toute la saison, j’ai vécu ce match comme une double punition. J’étais un jeune gardien à l’époque, je m’étais peut-être mis une pression trop importante pour cette rencontre. Sur le premier ballon que je touche, je prends un but derrière. Et ensuite, ça s’est enchaîné…

C’était un scénario cauchemardesque au niveau collectif, mais aussi à ton niveau, car tu es fautif sur les deux buts de Carsten Jancker. Même à la mi-temps, tu n’es pas arrivé à te remettre dedans ?Pfff… C’était un truc de dingue. À la pause, Ricardo décide de faire entrer Francis Llacer pour démarrer la deuxième période. Je récupère le ballon, et je me dis : « OK, je vais la passer à Francis pour qu’il touche son premier ballon. » Je ne sais pas te dire pourquoi, mais je ne vois pas qu’un joueur du Bayern est devant lui… Derrière, ça fait but. Heureusement, mes partenaires et mon entraîneur sont venus me voir à la fin du match pour me témoigner leur solidarité. C’était vraiment sympa, car je savais que je n’avais pas mis l’équipe dans le bon sens.

Le surlendemain du match, Franck Gava et Flo Maurice avaient récupéré les manches du maillot pour me les filer. C’était une manière de me dire : « Tiens, on a retrouvé tes bras ! »

De quoi tu te souviens, autour de ce match ? La veille, nous nous sommes entraînés dans le stade olympique. Les ingénieurs du son étaient aussi dans le stade, ils testaient une musique de french cancan qu’ils mettaient après chaque but du Bayern. Là, Florian Maurice vient me voir et me dit : « Oh Tof, je ne veux pas entendre une seule fois cette musique demain ! » Elle est repassée cinq fois, la soirée suivante… Sur le coup, tu as la tête dans le sac, donc tu n’entends rien. Mais quand tu revisionnes le match, tu y repenses forcément. Aussi, je me souviens que j’avais mis un maillot orange avec des manches longues que j’avais pris le soin de couper avant le match. Je les avais mises dans la poubelle, et le surlendemain du match, Franck Gava et Flo Maurice avaient récupéré les manches du maillot pour me les filer. C’était une manière de me dire : « Tiens, on a retrouvé tes bras ! » (Rires.)

Est-ce que tu t’es senti comme le mec qui avait tout fait foirer, au moment de sortir le grand jeu ? Ah oui, tu y penses beaucoup. D’ailleurs, je me souviens que quelques jours après le match à Munich, j’avais eu un coup de fil de la secrétaire du club qui m’avait dit que monsieur Denisot, président du club, souhaitait manger avec moi. Dans ma tête, je me demandais vraiment ce qu’il comptait me dire… Nous sommes allés manger dans une pizzeria à Saint-Germain et il s’est montré très rassurant à mon égard, il m’a expliqué que cela arrivait aux meilleurs. Il est venu me réconforter, et ça, je ne l’oublierai jamais.

Quoi qu’on en dise, c’est une fierté personnelle d’avoir porté le maillot du PSG. Quand j’étais gamin, j’allais gratuitement au Parc des Princes au début des années 1980 parce que mon père bossait là-bas en tant que stadier.

Après ce match, tu ressentais les réactions désagréables des gens dans la rue ? Oui. J’arrivais à passer au-dessus de ça et je savais que je devais me remettre en question, mais c’était surtout compliqué pour mes proches. Je suis parisien de naissance, donc j’étais forcément confronté à ma connerie. D’une certaine manière, c’était aussi logique que je sois jugé sur ma performance ce soir-là. Je n’ai pas envie de te dire que ça m’a rendu service, mais je pense que sans ce match, je n’aurais pas fait une aussi longue carrière. Quand tu redeviens bon et que tu vois les critiques plus élogieuses envers toi, tu te mets à relativiser. Ce qui ne tue pas rend plus fort. Je n’en étais pas fier, loin de là. Mais j’ai appris à prendre conscience qu’à Paris, un mauvais passage se paie cash.

Tu fais seulement une saison au PSG, puis tu quittes la capitale. Qu’est-ce qu’il s’est passé, pour que ton départ soit aussi précipité ? Le retour de Bernard Lama a beaucoup joué, Charles Biétry reprenait le club et il y avait un désir de le faire revenir. Là, j’ai senti le vent tourner. J’avais envie de jouer, et dans le même temps, Paul Le Guen terminait sa carrière de joueur et me proposait de signer au Stade rennais. Ça se goupillait bien. Quoi qu’on en dise, c’est une fierté personnelle d’avoir porté le maillot du PSG. Quand j’étais gamin, j’allais gratuitement au Parc des Princes au début des années 1980 parce que mon père bossait là-bas en tant que stadier. Là-bas, j’ai aussi joué le premier match de ma carrière et j’ai gagné la finale de Gambardella avec Le Havre contre le PSG en 1989. Paris, c’est un fil conducteur dans ma vie.
Venons-en à cette finale PSG-Bayern. En tant que gardien, quelles faiblesses vois-tu dans le profil de Manuel Neuer ?Oula, c’est difficile de lui trouver des faiblesses ! Honnêtement, je n’en vois aucune, il fait partie des tout meilleurs gardiens du monde. Après, je te dis ça aujourd’hui, mais si ça se trouve, il va faire une couille ! En tout cas, il était parfait pour contrecarrer les offensives lyonnaises. Je vais laisser le soin aux attaquants du PSG de trouver des failles chez lui, ça me paraît plus sage.
Concernant Sergio Rico, il est l’habituelle doublure de Keylor Navas au PSG, mais il connaît déjà l’atmosphère d’une finale européenne puisqu’il était titulaire lors de la victoire du FC Séville contre le FK Dnipropetrovsk en 2015. Comment doit-il se préparer pour cette finale de C1, d’après toi ?Je n’ai jamais joué de finale européenne, mais je pense qu’il est parvenu à trouver la bonne formule en demi-finales. Avec son expérience, il sait gérer ce type d’événement et j’imagine qu’il doit aussi échanger avec Keylor Navas sur le sujet, car leur entente m’a l’air plutôt bonne.
En tant qu’ancien joueur du PSG, qu’est-ce que ça te ferait de voir le Paris Saint-Germain soulever la Ligue des champions ? Ce serait fantastique. Depuis le temps que le club cherche à jouer cette finale et avec tous les moyens mis en œuvre pour gagner cette compétition, cela serait logique et mérité. Maintenant, ils savent aussi que le Bayern marche sur l’eau. Malgré cette période de pandémie, je considère que gagner cette édition de la C1 serait tout aussi prestigieux que les autres années. D’ailleurs, j’aime plutôt bien ce concept de match à élimination directe, car je vois une forte intensité dans les rencontres et moins de calculs.

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