Christophe Revault : « Beaucoup de gens parlent du Havre sans connaître la ville »
{{Doyen du club doyen, le portier du HAC n'est pas toujours facile à joindre. Six coups de fil, quatre messages irritants « {Bonjour, vous êtes bien sur le répondeur SFR de Christophe Revault . Laissez ...} » plus deux messages à la suite, il rappelle enfin. Magnanime et histoire d'économiser son forfait, on lui propose de le rappeler. 12h28, l'interview peut enfin commencer. Au cœur du bunker So Foot, l'air est frais et l'aquarium sans fenêtres. Le baromètre affiche un 19°C de saison. A l'autre bout du fil, le silence pèse autour de l'ancien kid prodige de Seine-Maritime. On le croirait chez lui. Aucun tic de langage, pas de verbiage, ni de langue de bois : l'expérience des interviews sans doute. Entretien avec un homme d'expérience.}}
Tu as bronzé pendant les vacances ? Un peu mais pas trop. Je suis parti aux Etats-Unis. Et il faisait très chaud ; j’ai donc passé mon temps à l’intérieur afin d’éviter d’attraper un coup de soleil sur le crâne.
Ça suinte ou ça transpire à grosses gouttes en cette préparation d’avant-saison ? Ça transpire à grosse gouttes. N’importe où, dans n’importe quel club, c’est le propre de la préparation d’avant-saison que de transpirer à chaudes gouttes.
Pas trop dur à 36 ans ? Cela reste toujours un plaisir. Plus on avance, plus on sait ce qu’il faut faire, plus on sait précisément ce qui est bon pour nous. Mais je ne vous cache pas que le coach me concocte un entraînement adapté à mon grand âge.
En tant que doyen de l’équipe, te considères-tu comme le meilleur représentant du plus vieux club de France ? Non, le meilleur représentant, c’est l’équipe. Tout du moins, cela devrait l’être. Je suis certes le doyen du club doyen, mais le meilleur représentant du HAC, c’est le groupe.
433 rencontres de championnat au compteur (L1, L2 et National), tu as signé jusqu’en 2010 : lorgnes-tu sur les 500 matchs ? Je ne vise rien du tout. J’espère juste en faire un maximum. 501, 502, 503. Je n’ai pas de limite.
La saison 2009-2010 sera-t-elle celle du jubilé Christophe Revault ?Pourquoi ne pas continuer après ? Si je suis performant, je n’ai pas de limite et cela ne sert à rien de s’en donner.
Est-ce qu’il t’arrive de bizuter les nouveaux… Ça commence à partir des premiers matchs. Chaque bizuth devra chanter devant tout le groupe. Dans tous les clubs, c’est comme ça. Il n’y a pas de chanson imposée. Elle doit juste durer au minimum une minute.
Chantôme déclarait récemment que Giuly avait ramené un ghetto blaster dans le vestiaire du PSG. Qui cartonne dans les charts du HAC ? Personne en particulier. En revanche, au HAC, on a perdu un grand chanteur en la personne de Guillaume Hoarau. L’année dernière, c’était lui qui animait les rangs. Il chantait tous les jours, tout le temps. Je lui ai dit de rester le même dans la capitale. J’espère qu’il enflammera le vestiaire du PSG et qu’ils n’auront donc pas à utiliser le poste de Ludo.
Peux-tu noter le recrutement du HAC ? Je ne peux pas encore vous répondre. Rappelez-moi donc en mai prochain.
Quelles différences entre le HAC version Ligue 2 et le HAC versant Ligue 1 ? Pour l’instant, la compet’ n’a pas démarré. On découvrira tout ça avec les matchs. J’espère qu’on ne changera pas d’état d’esprit. C’était notre force l’année dernière.
Le principal défaut et la principale qualité du HAC 2008 ?Il est difficile de se juger soi-même. Dans le football, on se pose des questions en permanence. Or, au HAC, nous avons un état d’esprit de conquérant. L’année dernière, malgré les victoires successives, il n’y a pas eu de relâchement. L’équipe n’avait aucun défaut. C’est donc difficile de vous en sortir un. Maintenant, c’est la Ligue 1. Ce sera un super challenge. J’ai aussi envie de vous dire de me rappeler en mai prochain.
30 ans après l’AS Monaco, le HAC peut-il être le prochain promu à gagner le championnat dès son accession en Ligue 1 ? Le championnat a évolué depuis 30 ans. Après, tout est envisageable dans le football. Mais l’objectif numéro 1 reste le maintien. Ce n’est pas un secret.
Blague à part, arrêtons cette fausse modestie, le HAC vise donc le titre de champion cette année ? On rêve tous de faire un parcours dans le haut du tableau, à l’image d’équipes comme Nancy ou Valenciennes, lors de la saison dernière. De même, faire une saison comme celle de notre voisin caennais nous plairait.
Justement Caen/Le Havre, c’est le PSG/OM du XXIème siècle ? La rivalité est plus forte avec le FCR de Rouen. Contre Caen, ce ne sera pas le derby du 21ème siècle. Sauf si on est tous les deux relégables lors des dernières journées. Là, peut-être que…
En 2002/2003, le HAC avait pris la formule express dite de l’ascenseur avec retour sous douze mois au sous-sol. Etant donné que tu as le soleil en Bélier et la lune en Cancer, peux-tu prédire combien d’années le HAC va rester en Ligue 1 ? Impossible. Lens pensait rester en Ligue 1. Et ils n’y sont plus du tout. J’espère que le club restera le plus longtemps possible dans l’élite. J’espère que quand j’arrêterai ma carrière, le Havre jouera toujours en Ligue 1.
30 buts encaissés la saison dernière, combien de fois comptes-tu travailler tes ischios-jambiers cette saison ? Le moins souvent possible bien sûr, mais si je prends un nombre considérable de buts et qu’au final, on se sauve, ça m’ira parfaitement. Ce sont les points engrangés qui importent.
Pendant la saison, le week-end, pour toi, c’est plutôt « virée à Deauville » ou « marche dans le port du Havre » ? Pour ma part, ce serait plutôt balade sur les plages normandes. Comme celle d’Etretat. Pourtant le Havre, c’est beau (sic) !
La ville est classée au patrimoine mondial de l’humanité (si, si) et, en plus, il y a le deuxième musée André Malraux de France… Carrément ! Le Havre ne cesse d’évoluer. La ville a changé depuis mon départ (Ndlr : formé au Havre, il est parti en 1996 pour ne revenir qu’en 2007), notamment le front de mer. Beaucoup de gens évoquent Le Havre sans connaître la ville. Ça me fait rire. Qu’ils viennent et ils verront.
Sur le nouveau maillot du HAC, on devine un cœur. Un message d’amour pour les supporters ou pour vos femmes ? Je ne sais pas. Les dirigeants ont choisi de mettre un cœur, mais ce n’est certainement pas un message pour nos femmes.
Serais-tu prêt à redemander ta femme en mariage après une lourde défaite du HAC ? Je pense qu’il ne faut pas tout mélanger. D’ailleurs, pour l’anecdote, au moment de l’Euro, j’étais à Las Vegas. Et avec ma femme, on s’est remariés pour rigoler.
Un favori pour le titre de champion ? Les quatre grandes équipes (Bordeaux, Lyon, Marseille et Paris) sont les quatre favoris. La lutte sera beaucoup plus acharnée que les autres années.
Mais si tu devais mettre une pièce, tu miserais sur qui ? Paris.
Propos recueillis par Maxime Marchon
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