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Christophe Pignol : « Se passer de Fabinho et Thomas Lemar m’a surpris »
Double champion de France en 1995 avec le FC Nantes et en 2000 avec Monaco, Christophe Pignol a passé trois saisons sur le Rocher. L’ancien latéral gauche analyse l’élimination de l’ASM de la Ligue des champions, après sa défaite 2-1 sur la pelouse de la Juventus.
Qu’est-ce que vous retenez de cette demi-finale retour remportée 2-1 par la Juventus ?Monaco a certainement perdu contre l’une des meilleures équipes d’Europe, si ce n’est pas la meilleure – on verra bien en finale. Les Monégasques ont perdu face à plus forts qu’eux sur les deux matchs, et ça n’enlève rien à leur beau parcours européen. La Juve a joué le match aller comme à domicile, ça lui a permis de faire la différence 2-0. Ce match retour a démarré comme on pouvait s’y attendre. C’est-à-dire Monaco qui se jette dans la bataille, en sachant qu’il y a ces deux buts à remonter, et puis la Juve qui laisse passer l’orage. Ça n’a pas duré longtemps, la Juve a eu sa première action au bout de huit minutes. C’est une équipe redoutable. Collectivement, c’est une vraie machine, c’est vraiment impressionnant. Des gars qui jouent avec beaucoup d’abnégation, de conviction.
Qu’est-ce que vous pensez des innovations de Leonardo Jardim : se passer de Fabinho et Thomas Lemar, mettre en place une défense à trois. Ça a marché au début du match…En sachant qu’il y avait deux buts à remonter, faire une défense à trois et laisser la liberté à Sidibé et Mendy, c’était pas mal vu. Il fallait surprendre. On sait quand même que le jeu monégasque repose sur les latéraux. Après, Fabinho et Thomas Lemar sont des joueurs indispensables à l’équipe. Peut-être que le coach était dans la gestion pour le titre de champion de France. Ça me semble difficile à comprendre si c’est le cas. Une demi-finale de Ligue des champions, on la joue pour la gagner. Plus que l’aspect tactique, c’est le fait de se passer de Fabinho et Thomas Lemar, des joueurs qui ont fait la saison comme titulaires, qui m’a surpris.
Qu’est-ce qui a fait la différence quand la Juventus a repris le contrôle des opérations en première période ?Dans un premier temps, les Turinois les ont laissés venir – il y a eu quelques actions intéressantes de Monaco. Et puis après, comme à leur habitude, ils se reposent sur une bonne défense, ils ont commencé à se mettre dans les intervalles, à l’image de Dybala ou des décrochages de Higuaín. Marchisio, quand il entre (à la place de Khedira, blessé, dès la 10e minute, ndlr), ça soulage pas mal le secteur offensif parce que c’est un mec qui fait beaucoup d’efforts au milieu de terrain.
Le jeu de la Juve se base sur ça : une grosse confiance dans son secteur défensif, des milieux de terrain qui coupent les trajectoires de passes, des latéraux qui n’arrêtent pas de monter, de descendre. Leur jeu s’est mis en place, après, il fallait s’attendre à ce que les Monégasques se découvrent un peu, donc ils en ont profité pour se mettre dans les intervalles. Parce qu’en plus d’être bien organisés, d’être intelligents et de se déplacer ensemble, ils sont très bons techniquement. En deux, trois passes, ils sont capables de faire basculer le jeu. Forcément, ça met le doute dans l’esprit des Monégasques. Eux, ils ont certainement cru qu’au bout de cinq minutes, ils avaient un coup à jouer, mais quand il y a eu la première action de la Juve, déjà, ça leur a mis le premier doute. Si Subašić ne sort pas vainqueur de deux, trois face-à-face, le match est déjà plié au bout de dix minutes.
Est-ce que c’est Monaco qui a été meilleur au retour qu’à aller, ou bien c’est la Juventus, du fait de son avantage acquis à Louis-II, qui a levé le pied ?Je pense que la qualification, ils l’ont déjà perdue au match aller. C’est ce premier match qu’ils ont raté, alors que la Juve a joué ce match aller comme si elle était à domicile. On a vu la différence entre le Monaco du retour et de l’aller, je trouvais qu’ils étaient beaucoup moins tendus, dans les courses, c’était plus libéré au match retour. Mais moi, je n’ai pas vu de différence entre la Juve de l’aller et du retour. Ils jouent de la même façon, se déplacent de la même façon et accélèrent de la même façon. Et voilà ce que ça fait : on en prend deux au match aller, deux au match retour.
Propos recueillis par Florian Lefèvre