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Christophe, le paradis retrouvé
Ancien du PSG, avec qui il a évolué pendant cinq ans avant de rejoindre Lyon, Christophe Jallet retrouve le club de la capitale pour le Trophée des champions. Sans aucune amertume, tant son choix de carrière a été intelligent.
Quitter la meilleure équipe de son pays quand on a trente ans est rarement bon signe. En général, cela ne présage rien de bon : soit le passage dans ce club a été raté, soit les dernières années ont été mauvaises, soit le joueur est (déjà) sur la fin de sa carrière. Sauf, évidemment, si on rejoint une équipe étrangère pour connaître une nouvelle aventure au-delà des frontières, ou qu’on est malheureux dans la ville où l’on habite. Pour Christophe Jallet, rien de tout ça. Quand il décide, en 2014, de partir du grand PSG pour l’Olympique lyonnais, deuxième force du pays, le latéral reste sur quatre saisons à plus de quarante matchs et une dernière un peu plus compliquée (18 parties seulement). Pour lui, c’est un avertissement, il doit chercher un nouveau projet. Mais prendre ce choix pour un manque d’ambition serait une grosse erreur. Intelligent, le bonhomme a parfaitement ciblé son nouveau point de chute.
Ce qui n’est pas forcément le cas chez les anciens Parisiens recrutés sous l’ère qatari et partis sous d’autres cieux : Alex et Jérémy Ménez sont allés s’enterrer dans un Milan qui ne ressemble plus à rien, Milan Biševac n’a pas franchement convaincu à Lyon ou Rome, Momo Sissoko a préféré son goût du voyage au sportif, et Ezequiel Lavezzi a cédé aux billets chinois… Le choix de carrière de Jallet trône donc à la première place du classement, seulement concurrencé par celui de Kevin Gameiro. « Il n’a jamais pris ses décisions à la va-vite, se souvient Pascal Gastien, ancien entraîneur des Chamois Niortais qui l’a eu au centre de formation et en équipe première. C’est quelqu’un de véritablement réfléchi. Je me souviens que quand nous sommes tombés en National, nous avions eu une discussion et je lui avais conseillé de rester encore une année pour se perfectionner. Il en a alors parlé avec sa famille et a préféré continuer avec nous, en National, plutôt que de brûler les étapes. »
L’Olympique du kiff
Le natif de Cognac s’éclate chez les Rhodaniens. Aussi bien sur le terrain qu’en dehors. Cette réussite s’explique par plusieurs raisons, que le défenseur avait bien en tête au moment de signer le contrat tendu par Jean-Michel Aulas. D’abord, il apparaît évident que l’OL est un club qui correspond bien plus au profil de Jallet que Paris et ses paillettes dorées. Discret mais allergique à la langue de bois, le monsieur sait très bien qu’il figurait comme un ovni au sein de ce PSG nouvelle génération, comme il l’a déjà déclaré dans L’Équipe : « Oui, je n’avais pas un nom clinquant aux yeux de certains. Ça faisait un peu tâche en matière de renom. »
Du coup, l’ancien Lorientais et Niortais, habitué aux environnements un peu plus calmes que la capitale, s’est totalement, et en très peu de temps, adapté à l’esprit Gones. Sans dire adieu au top niveau, puisqu’il dispute toujours la Ligue des champions et qu’il joue pour une team qui n’a peur que de… Paris. « L’OL a de l’ambition et c’est tout ce que je recherche dans le football. D’ailleurs, le mariage s’est fait assez rapidement. On a des atomes crochus, assurait-il ainsi en février 2016 dans le Progrès.Je me plais à Lyon autant dans ma vie de footballeur que dans ma vie d’homme. C’est un très, très bon compromis, surtout quand on a la chance d’être dans un club comme celui-là. L’OL cultive ce petit plus qui vous donne envie de continuer votre carrière et de progresser. Même à 32 ans. » Sans oublier que le garçon a toujours su faire le caméléon, selon Gastien : « Il s’intègre très facilement, où qu’il soit. Il a un fort, mais bon caractère. »
Expérience et équipe de France
D’autant que la satisfaction est partagée. L’OL, qui fonde ses ambitions avant tout sur son centre de formation et le talent qui en pousse chaque année, a besoin de joueurs confirmés capables d’apporter leur expérience dans un vestiaire. Christophe Jallet en a bien conscience, comme en témoignent ses propos dans L’Équipe : « Comment un trentenaire trouve-t-il sa place dans un groupe où il y a de nombreux jeunes ? J’ai dû m’habituer à cette différence d’âge et ça ne pose aucun problème, surtout quand les jeunes, comme à Lyon, sont à l’écoute et ont envie de progresser. » Le latéral formé à Niort s’applique donc à sa tâche au quotidien, et s’en sort très bien. Plusieurs fois, il s’est permis d’élever la voix lorsque les mauvaises périodes l’imposaient. « Je n’ai aucun doute sur le fait qu’il aide les plus jeunes et fait profiter tout le monde de son expérience, reprend Gastien. Quand il était à Niort, il ne parlait pas pour ne rien dire, mais c’était un leader. Il en imposait, en quelques sortes. »
Enfin, si certains doutent encore du bien-fondé de son départ à Lyon, il suffit de jeter un coup d’œil à son CV. En deux ans avec sa nouvelle équipe, le passionné de vin a déjà plus joué avec les Bleus qu’en cinq ans au PSG : six sélections en EDF comme Lyonnais, contre cinq en rouge et bleu. Comble du bonheur, Didier Deschamps lui a fait confiance pour l’Euro 2016, ce qui lui permet d’afficher une finale de championnat d’Europe à son compteur. « Je suis tellement heureux que j’en ai pleuré(…)C’est un rêve de participer à cette compétition. Cela fait quatre ans que je côtoie l’équipe de France et c’est une chance de pouvoir vivre un tel rendez-vous une fois dans sa vie » , s’extasiait-il sur le site de son club juste après l’annonce de la liste des 23 appelés. Le paradis de Christophe.
Par Florian Cadu
Propos de PG recueillis pas FC