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Galtier : Un homme en colère
Le PSG a enfin enrayé sa spirale dépressive contre Nice, samedi soir (0-2). Mais le succès parisien a largement été éclipsé par la réaction de Christophe Galtier face aux insultes descendant de la Populaire Sud.
La terne victoire du PSG face au Gym (0-2), samedi, a provisoirement sauvé la tête, jusqu’à la fin de la saison si confirmation devant Lens, de Christophe Galtier. Ces trois points engrangés, notamment grâce au miracle de Pâques de la résurrection de Lionel Messi, Sergio Ramos et surtout Gianluigi Donnarumma, ont été cependant ternis par l’ambiance de la rencontre. Et en particulier le clash entre le coach parisien et les supporters niçois, qui a fini par déteindre sur le climat général du match.
Certes, le contexte était électrique. Revenir dans son ancien club ne constitue jamais un exercice facile. Surtout à la tête d’un PSG honni un peu partout dans l’Hexagone, d’autant plus avec ses stars et son gigantisme économique. Les ultras niçois ont souvent la dent dure et peu le sens de la mesure. Ils ont régulièrement défrayé la chronique par exemple lors des confrontations avec l’OM (y compris sous Galtier, qui n’avait guère exprimé alors son opinion concernant les excès de « ses » supporters de l’époque). Sans oublier l’orientation politique de la Populaire Sud, bien dans l’air du temps. Par ailleurs, ce choc était présenté comme un couperet pour le coach parisien. Autant d’éléments qui rendaient cette confrontation singulière.
Applaudissements sarcastiques et froid mépris
Sans surprise, Christophe Galtier a été puissamment sifflé lors de la présentation des équipes. Des chants peu amènes à son encontre, et surtout envers sa mère, ont accompagné les 90 minutes, avec une banderole déployée par le kop niçois : « Avant/après, la mama di Galtier », rapidement retirée. Dès la mi-temps, selon les infos de L’Équipe, l’entraîneur parisien a interpellé les arbitres, exigeant une sanction. Le staff du PSG a aussi exprimé son indignation auprès de son homologue niçois. Mais le moment fort, à la vue de tous (y compris donc des médias), fut lorsque Christophe Galtier se rendit devant la Populaire Sud pour l’applaudir de manière sarcastique, un sourire cynique au coin des lèvres. Une réponse qui se voulait froide de mépris et grand seigneur. Khephren Thuram, ignorant ou faisant mine de ne pas comprendre la cause de geste, lui demanda des explications. De même que Jean-Clair Todibo, auquel Christophe Galtier rétorqua : « JC ! Tu as vu la banderole ? Et si on te le fait à toi ? » Il fallut que Campos le raccompagne jusqu’aux vestiaires pour mettre un terme à l’altercation qui menaçait de dégénérer.
L'échange entre Christophe Galtier et Jean-Clair Todibo à la fin de #OGCNPSG 🗣️ pic.twitter.com/xZJuam7fnW
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) April 8, 2023
En conférence de presse, l’entraîneur assuma sans aucune nuance. « Ma maman a 83 ans, elle sort d’un cancer. Point à la ligne. » Avant de rafraîchir la mémoire de ceux qui aujourd’hui le conspuent : « Si ces gens voient des matchs de Coupe d’Europe, c’est grâce à notre travail la saison dernière. » Les fans parisiens ne peuvent malheureusement pas en dire autant. Didier Digard, comme c’est généralement la règle, a esquivé le problème, l’occasion de ne pas donner l’impression de condamner d’une manière ou d’une autre son public : « Je ne m’y attendais pas. Je ne veux pas que mes joueurs s’éparpillent avec ça. L’adversaire peut avoir des réactions qui peuvent ne pas nous convenir, mais on ne doit pas porter attention à ça. Dès que l’arbitre a sifflé, j’étais focalisé sur le match de Bâle et je ne voulais pas qu’on perde d’énergie bêtement. »
🗨️ "Maman a 83 ans, elle sort d'un cancer. Point à la ligne. Si ces gens dans les tribunes peuvent aller voir des matchs de Coupe d'Europe, c'est grâce à mon travail la saison dernière"
Les mots très forts de Christophe Galtier en conférence de presse après #OGCNPSG pic.twitter.com/CJjbzB0gFP
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Chacun peut y aller de son analyse et tirer la couverture de l’indignation ou de l’hypocrisie vers soi. Du côté niçois, certains s’amuseront à noter que cette posture de Christophe Galtier sert de dérivatif à une sourde colère et frustration qu’ils ne peuvent exprimer en interne. En face, à l’instar du coach parisien, il sera souligné que tout ne doit plus être permis, et quand on a l’injure si facile, il faut accepter de se prendre un retour de flamme. Ce fossé entre la perception de ce qu’est la provocation de part et d’autre des grillages du stade n’est pas près de se résorber. En Italie, ce « décalage » camoufle souvent un racisme plus ou moins assumé, dont Lukaku a régulièrement fait les frais, encore récemment. En France, il pose la question de la lutte contre le sexisme et l’homophobie. Cette fois, il s’agit de la dignité de la personne (même si fondamentalement il est fort probable qu’aucun ultra ayant tenu cette banderole n’ait la moindre idée de qui est la mère de Christophe Galtier, ou ne lui souhaite le moindre mal, c’est peut-être même pire du coup). Il est de coutume, y compris dans la presse et sur les plateaux télé, d’exiger des joueurs et des entraîneurs de garder leur sang-froid, de rester « à leur place ». Ils sont habituellement condamnés dès qu’ils répondent. Il faudrait, de fait, d’abord leur demander d’avoir la cohérence de s’indigner également quand les insultes proviennent de leur propre virage.
Par Nicolas Kssis-Martov