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Christophe Galtier, le défi de sa vie au PSG
Le Qatar espérait Zinédine Zidane, mais le nouvel entraîneur du Paris Saint-Germain devrait finalement être Christophe Galtier. Selon plusieurs médias, un accord est proche entre Nice et le PSG pour le transfert du technicien de 55 ans. Le choix de Luis Campos, qui l'a bien connu à Lille, et un saut dans un autre monde pour le Marseillais de naissance.
Le premier feuilleton le plus long de l’été est sur le point de se terminer, et personne ne sait vraiment quoi penser de cette révolution entamée par le PSG. Celle-ci aura mis du temps à se dessiner, malgré l’éviction express de Leonardo au soir du dernier match de la saison remporté contre Metz au Parc des Princes et le départ programmé de Mauricio Pochettino. Une période floue comme pour rappeler que ce Paris n’a pas changé et ne changera jamais : nous sommes le 21 juin, à une dizaine de jours de la reprise de l’entraînement, et le nom du coach n’est toujours pas officiellement connu. Ce ne devrait pas être Zinédine Zidane, un temps annoncé tout proche du banc parisien et rêve absolu des décideurs à Doha, qui avaient logiquement ciblé l’idole française pour concrétiser leur autre rêve, la Ligue des champions, et marquer les esprits à cinq mois de la Coupe du monde au Qatar. C’est un autre Marseillais, un ancien de l’OM même, qui devrait enfiler le costume très lourd d’entraîneur du PSG dans les prochaines heures. Selon les informations de L’Équipe et d’autres médias, un accord est proche entre Paris et Nice, autour d’une indemnité estimée à dix millions d’euros, pour le transfert du technicien azuréen. C’est assurément un nouveau départ et une autre stratégie pour Paris, où Galtier devrait découvrir d’autres facettes de son métier qu’il faudra exercer dans un autre monde.
Le choix de Campos
C’est un mariage inattendu qui se prépare, entre un club habitué au bling-bling et aux noms ronflants, et un coach incontournable dans l’Hexagone depuis plus de dix ans et dont la réputation a changé, entre ses débuts comme entraîneur principal à Saint-Étienne en 2009 et son arrivée à Nice dans la peau du champion de France, l’été dernier. Pour la première fois depuis 2016 et la fin du mandat de Laurent Blanc, le Paris Saint-Germain va miser sur un technicien français. Certains pourraient dire qu’il s’agit de la victoire d’un fayot. À Lille comme à Nice, le politicien Galtier avait pris l’habitude de glisser de temps en temps un mot gentil envers le PSG lors de ses conférences de presse, parfois même sans qu’aucune question ne lui soit posée. Seulement, il ne suffit pas de faire de belles courbettes pour être nommé coach d’un club de la dimension de Paris, qui a connu le dernier carré de la Ligue des champions lors de deux des trois dernières éditions. L’arrivée imminente de Galtier au PSG dépend surtout de celle d’un autre homme, Luis Campos, intronisé conseiller sportif du club de la capitale, le 10 juin. Quand les dirigeants qataris espéraient Zidane, lui a toujours eu un faible pour le coach niçois, avec lequel il avait formé un duo gagnant à Lille et permettant aux Dogues de conquérir un titre de champion de France en 2021 au nez et à la barbe… du Paris Saint-Germain.
Un entraîneur et un bâtisseur capables de travailler main dans la main, ce serait une nouveauté à Paris, plombé ces dernières années par des guerres intestines et des conflits d’ego. Ce qu’a d’ailleurs connu Galtier ces derniers mois à Nice, où il y a eu de la friture sur la ligne entre l’entraîneur de 55 ans et son ex-ami Julien Fournier, directeur du football au Gym. L’histoire sera différente à Paris, et elle l’est également avec Campos. Il serait possible de parler d’un coup de foudre professionnel entre les deux hommes, chacun sachant rester à sa place et laissant à l’autre le luxe de pouvoir travailler en toute sérénité. Dans le Nord, le Portugais a même éveillé le Français sur certains aspects du métier, contribuant grandement à son évolution. « J’ai été formé d’une certaine manière à la DTN, je savais que je voulais pratiquer, pas encore exactement comment y parvenir, mais Luis Campos m’a dit de me laisser porter par des rencontres, notamment ici, à Lille, où j’ai fait la connaissance d’Espagnols, de Portugais, racontait Galtier dans un entretien accordé à So Foot en décembre 2020, six mois avant la conquête de l’Hexagoal. On a réussi à construire un mix fort entre les éducations et les influences footballistiques de chacun. On a juste assemblé des compétences pour atteindre un idéal de jeu. » La méthode devrait être la même au PSG, où il devrait être épaulé par son fidèle adjoint Thierry Oleksiak dans son staff, mais également entouré de nombreux étrangers, comme Isidre Ramon Madir (analyste vidéo), Pedro Gómez Piquéras (préparateur physique), Gianluca Spinelli (entraîneur des gardiens), et peut-être même Jorge Maciel, qu’il a connu à Lille, selon L’Équipe. L’environnement sera en revanche bien différent au PSG.
Chasser les doutes
Remis en question avant même d’être arrivé, Christophe Galtier aura le temps de se mettre dans la poche les supporters parisiens et de retourner l’opinion publique. Il n’est pas Zidane, il ne le sera jamais. Il n’a pas non plus trois Ligues des champions à son palmarès d’entraîneur, mais seulement une Coupe de la Ligue et un championnat de France, ce qui est un bon début quand on a dirigé l’ASSE, Lille et Nice. Les compétitions domestiques ne sont cependant pas une priorité dans le monde à part du Paris Saint-Germain, où les saisons débutent en février-mars et les avenirs se jouent au même moment. L’expérience de Galtier en C1 est minuscule à l’échelle du club parisien, qui y a son rond de serviette depuis maintenant une décennie. Le technicien à l’accent chantant aux 448 matchs de Ligue 1 compte seulement 6 petites rencontres en Ligue des champions (5 défaites et 1 nul avec le LOSC en phase de poules de l’édition 2019-2020) et 50 soirées européennes en comptant la Ligue Europa. C’est peu, et ça suscitera des interrogations et des doutes, qui seront atténués ou renforcés à l’automne.
Une autre question risque de pointer le bout de son nez : sa capacité à gérer un vestiaire de stars, et des personnalités comme Neymar, Kylian Mbappé ou Lionel Messi. Les conseils de Pier Gauthier, son préparateur mental, et de Denis Troch pourraient lui servir pour appréhender ces caractères. « Ils m’ont appris à ne pas subir les situations négatives, précisait-il à So Foot. On a aussi travaillé la posture et les réactions face aux joueurs. » Il faudra aussi leur faire oublier Zidane, qui avait peut-être été un argument pour convaincre Mbappé de prolonger, et s’imposer comme un tacticien capable de rivaliser avec les plus grands au printemps. Reste un autre aspect tenant à cœur à Galtier, n’a jamais caché son ambition : « Un club professionnel, c’est une aventure humaine. C’est même surtout ça. On n’est pas des machines, on n’est pas des robots. L’échec est souvent matérialisé par une personne finalement, c’est inhumain, et je l’ai intégré. » Il faut au moins cela pour être prêt à poser ses fesses sur le banc du PSG.
Par Clément Gavard