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Christophe : « Estelle Denis est quand même la plus belle femme du monde »

Propos recueillis par Thomas Andrei et Thomas Marfisi, à Calvi
Christophe : « Estelle Denis est quand même la plus belle femme du monde »

Loin des jeunes DJs à la coupe d'André Schürrle, Christophe, son pantalon de cuir et ses longs cheveux gris détonnaient cet été à >Calvi on the rocks. Sirotant un improbable coca-citron pressé devant la finale de Wimbledon, l'auteur des Mots Bleus parlera d'esthétisme, de poker, de son père, de ses copains Colonna, Dhorasoo et Domenech. Interview d'un homme qui n'a pas de télé.

Vous avez regardé la Coupe du monde ?

Les quarts de finale, oui. J’ai regardé ça sur un grand écran, parce que je suis curieux. Puis un quart de finale Allemagne – France, c’est important, c’est quelque chose qui m’a marqué dans les années 80. Donc j’ai vu ce match… J’ai vu ce match, oui… Après, j’ai vu le Brésil – Colombie, et là j’ai pris du plaisir. Le Brésil, ça m’a toujours fait rêver. Mais j’ai toujours aimé l’Allemagne, je sais pas pourquoi. J’adore les Allemands. Surtout les Allemandes. Vous savez, moi, je ne connais pas de noms. Je ne connais pas les noms des mecs qui font la lumière dans les films, de tous les musiciens qui jouent dans les albums de mecs que j’adore. Donc je ne connais pas tous les noms de ces mecs qui jouent la Coupe du monde. Par contre, je sais ce que j’aime et ce que je n’aime pas. Dans le foot, je connais ma valeur. Parce que j’étais bon, j’ai beaucoup joué au foot. J’ai joué à l’aile droite. Et donc je me rends compte quand un match est bon, de l’évolution, du style, de tous les paramètres. Mais y a un truc qui ne m’accroche plus aujourd’hui. Mais j’aime l’esthétisme, donc, quand ça en manque, j’ai du mal. Et France-Allemagne, ça manquait d’esthétisme. Des deux côtés, d’ailleurs. C’était un match allemand.

Donc quand est-ce que avez vous commencé à trouver le football moins esthétique ?

Fin des années 80, je pense. Mais comme pour pas mal de choses. Il y a aussi des choses qui ont évolué en beauté, mais bon voilà… Je suis copain avec plein de joueurs de foot, j’en connais plein. Comme mon copain avec qui je joue au poker, avec qui je traîne aussi beaucoup… L’Indien, là…

Vikash Dhorasoo… ?

Oui ! Voilà. Ben, c’est un bon copain à moi ! On sort souvent ensemble. On s’est rencontrés grâce à un tournoi de poker, le premier que je faisais, de Texas Holdem, y a pas si longtemps, maximum quatre ans. Et c’est lui qui m’a sorti ! Je ne me souviens plus comment. Certains trucs me marquent, mais plus dans une phase d’observation. Mais le poker, ça n’a plus rien à voir avec le poker français, à cinq cartes. Là, c’est non stop. Mais comme j’aime les cartes, je m’adapte à tous les jeux.

Quand vous étiez petit et que vous jouiez au foot, vous aviez une équipe favorite ?

Non, je ne supportais pas d’équipe en particulier. J’ai toujours aimé ça comme une pratique. Comme quand j’ai fait de la course automobile, pareil. J’ai gagné un grand prix, donc j’ai connu ma valeur, je me suis testé. J’ai fait aussi beaucoup, beaucoup de basketball. J’adorais ça. Comme le foot. Pour l’un et l’autre, ce que j’aimais, c’était quand on partait en car. Quand on allait jouer à, je ne sais pas, Avron ou Choisy-le-Roi, le soir, en nocturne. J’ai vécu le cinéma que tous les footballeurs ont dans la tête. Comme tout le monde, comme vous j’imagine. Je l’ai vécu comme vous. Donc je n’étais pas un surdoué au foot, faut dire ce qui est, mais j’étais un bon petit joueur quand même. Je cherchais toujours à distribuer les balles. Ensuite quand on joue à l’aile droite, il faut pouvoir courir vite, déborder. À l’époque, c’est vrai que j’avais plus de souffle qu’aujourd’hui…

Quel est le joueur qui vous a le plus marqué ?

Les noms ne m’ont jamais marqué. Naturellement, je vais quand même citer Pelé, qui était merveilleux. Je l’ai plus vu jouer que Maradona.

Et des mecs comme Cantona peut-être ?

Ah ça, c’est un autre football. Comme Platini. C’est des mecs que j’observais. Chez moi, mon père était fan de foot. Moi, j’allais beaucoup, beaucoup au stade le dimanche. On allait à Saint-Cloud, là. Mon père était organisateur et il traînait avec des gens comme… le gardien de but corse, Colonna. Je sais pas quel âge j’avais, j’étais petit, je devais avoir cinq ans. Donc je dînais tout le temps avec Dominique Colonna. Et le mec qui gérait l’équipe, un mec qui s’appelait Delfour, je crois (Edmond Delfour, ancien international français et entraîneur du Stade Français, ndlr).

Vous pouvez aller voir Dominique Colonna si vous voulez, il a un établissement à Corte.

C’est fou, ça ! Dominique Colonna. Je dînais avec lui. Parce que Dominique Colonna, y en a qu’un. Donc moi, j’ai dîné avec lui. C’est l’équipe improbable, hein ? Faut se dire que ça a existé quoi… Voilà, moi, j’ai dîné avec Colonna, faut pas m’faire chier ! Je me souviens qu’il était toujours en noir. Ça me frappait. Avec ses gants noirs.
Moi, j’ai pas la télé. Cantona, quand je l’ai vu, j’ai pensé que c’était un rugbyman.

C’est quoi votre plus vieux souvenir de foot ? Votre premier souvenir palpable ?

C’est quand j’avais mon ballon. Avant qu’il y ait les grands stades comme le Parc des Princes. À Saint-Cloud, ça m’a marqué parce que je me souviens encore des noms ! Delfour, Colonna… Après, ce qui m’a marqué, c’est de commencer ma vie à moi, de mec accroc au football. Accroc aux chaussures. Accroc à la pelouse. Je me souviens que je n’aimais pas les maillots. J’étais jeune et je disais : « Putain, mais c’est affreux leurs trucs. » J’ai toujours trouvé les sportifs mal fringués, comme au tennis là (ndlr : il pointe l’écran qui retransmet la finale de Wimbledon, entre Djokovic et Federer).

Vous évoquiez Vikash Dhorasoo, vous avez côtoyé d’autres footballeurs ?

Oui. Cantona par exemple. Je vais pas vous parler du footballeur, mais je peux vous parler de l’homme. Mais tout ça, ça part du fait que je n’ai pas la télé. Faut quand même le savoir, je ne lis pratiquement pas les journaux, sauf les quotidiens auxquels je suis abonné. En ce moment, je ne lis aucun quotidien, d’ailleurs ça me manque. Mais j’ai pas la télé, je suis pas un mec branché à 20 heures. Tout ça pour moi n’existe pas. Donc pour moi, Cantona, quand je l’ai vu, j’ai pensé que c’était un rugbyman. Et un jour, on m’a dit : « Chris… C’est pas un rugbyman, Cantona, c’est un footballeur. » Ah putain… Après le mec, c’est une star. Cantona, il est cash. J’ai travaillé sur des musiques de films, vous savez. Le film d’HPG (Les mouvements du bassin, sorti en 2012, NDLR) qui est très intéressant d’ailleurs. HPG, il a pas l’air, mais il est très fou et très intelligent. Très rapide. Et c’est un mec qui a un vécu particulier. Moi, j’aime bien les mecs qui ont une histoire particulière, ça me plaît. Même si j’ai jamais vu un de ses films… J’ai jamais vu une seconde d’un de ses films ! Ça m’intéresse pas. J’ai vu une fois dans ma vie un film de cul. Un film de femmes, de lesbiennes. Parce que c’était ma compagne qui aimait bien regarder des films de cul de lesbiennes. J’ai dû m’endormir avant la fin.



Donc vous préférez le foot au porno ?

Oui, je préfère faire mes affaires moi-même. Comme pour le foot d’ailleurs. J’ai jamais été abonné à Canal, j’ai pas de télé de toute façon. J’ai été très télé, vers 68. Parce que je voulais voir des films à tout prix. Ensuite, je me débrouille toujours. J’ai des repères, dans des restaurants, je me souviens de 98 et de l’Euro 2000. De la ferveur. Ou je me souviens du France-Allemagne 82, chez une amie, à Saint-Tropez. Ce sont des madeleines de Proust.

C’était quand la dernière fois que vous êtes allé voir un match au stade ?

Alors pour rien vous cacher, je suis quand même copain avec, comme s’appelle-t-il… Raymond… Raymond Domenech. Il m’a souvent invité. On est copains. Il vient souvent à la maison avec sa femme, qui est absolument adorable. J’ai toujours été invité pour être le roi au foot, mais moi je suis un mec comme ça, j’aime pas. J’aime ma solitude. C’est pour ça que je suis pas trop non plus dans le showbiz.

Ensuite, on peut trouver la solitude dans la foule. Comme dans un stade de foot, par exemple.

C’est vrai. Ça ne m’avait jamais traversé. Je sais que quand je joue aux boules, là, y a plein de monde, mais je suis dans ma solitude. Ensuite le foot, je trouve que c’est trop showbiz. Moi, c’est ça qui me plaît pas. C’est trop showbiz pour moi. C’est pas ma came. J’aurais pu aller en loge au Parc des Princes, ça m’a traversé. C’est comme Rolland Garros, j’ai toujours été invité, mais je n’y suis jamais allé. Même avant, je n’y allais pas. J’ai toujours regardé les matchs en solitaire devant ma télé.

Vous nous parliez de Raymond Domenech qui a, à un moment, été l’homme le plus détesté de France. Comment il a géré ça ?

Raymond, il est discret là-dessus, il n’en parle pas beaucoup.

Vous préférez sa femme ?

(Il sourit quelques secondes avant de répondre) Qui ne la préférerait pas ? C’est quand même une des plus belles femmes du monde. Faut dire ce qui est.

Vous n’aviez pas trouvé ça étrange, voire déplacé de demander sa femme en mariage après une défaite ?

Ouais, mais bon, on n’est pas à la place des autres. Les sentiments, je ne juge pas. Si lui est heureux de l’avoir fait, c’est bien. J’aurais été capable de le faire, tout dépend du contexte. J’ai été marié 28 ans, c’est des moments de vie. Là, je suis célibataire, je suis bien. Chez moi, j’avais une salle de cinéma à ce moment. Mais j’étais plus tennis. J’ai pas raté Noah quand il a gagné. Ces matchs de tennis étaient beaucoup plus chauds que maintenant. Donc je me souviens que chez moi, il faisait très très frais, parce que j’avais ma salle de billard et je voyais les gens qui souffraient au soleil. Moi, j’étais au top, avec un écran d’un mètre cinquante. Putain, j’étais mieux là qu’avec eux.

Pour terminer, c’est quoi la plus belle chose dans le football ?

On va pas parler de ce qu’il y a de moins beau, j’aurais dit les habits, les tenues. Le plus beau ? L’avenir. Cette équipe de France qui se forme. Peut-être que je vais me remettre à vraiment regarder des matchs. 
J’avais pas regardé de match depuis je sais pas combien de temps. Comme j’ai pas la télé… Ce que j’aimais pas dans France-Allemagne, c’était que toutes les balles étaient perdues. Ensuite, y a eu ce moment quand ce mec allait marquer et que le goal a fait ça… (ndlr : il imite la parade de robot de Neuer face à Benzema). J’ai trouvé que ce mec-là, que je ne connais pas, il avait un beau regard. Quand il a manqué, il était habité par une espèce de beauté, un truc. Il a pas fait de cinéma. Il était élégant. Il était chic. Il était grand. Il était pas comme certains maintenant… Y en a pourtant, des gros cons. Y en a pleins.
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Propos recueillis par Thomas Andrei et Thomas Marfisi, à Calvi

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