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Christian Koffi : « En Italie, tu ne viens pas en équipe première en étant inconnu »

Propos recueillis par Maxime Renaudet
Christian Koffi : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>En Italie, tu ne viens pas en équipe première en étant inconnu<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Formé à l'INF Clairefontaine, puis à l'AS Monaco, Christian Koffi a quitté la Principauté pour rejoindre la Fiorentina à l'été 2018. Un saut dans l'inconnu, et un énième départ loin des siens, ce qui ne l'a pas empêché de s'intégrer à merveille au football italien. Élu meilleur joueur de Primavera pour la deuxième année consécutive, le natif de Gentilly ne compte pas s'arrêter là. Entretien avec un jeune talent habitué à l'exil.

Pour débuter, comment se passe le confinement pour toi ?(Il réfléchit.) Ça va un peu mieux, mais les premières semaines ont été difficiles vu que je vis tout seul. J’ai essayé de rentrer en France au début du confinement, mais comme on ne savait pas si le championnat allait reprendre, le club a demandé à ce qu’on reste sur Florence. Là, comme on est encore confiné, c’est toujours un peu compliqué, mais ce n’est pas grave, ça endurcit.

C’est la première fois que tu vis tout seul ? Oui, et c’était un truc un peu nouveau pour moi en arrivant ici en 2018. C’est vraiment à Florence que j’ai appris à être autonome parce que c’était la première fois que j’avais un appartement tout seul.

Tu avais déjà l’habitude d’être loin de ta famille, vu que tu as quitté le domicile familial à 14 ans, au moment d’intégrer l’INF Clairefontaine. Comment se sont déroulées ces deux années d’internat ?Entrer à Clairefontaine, c’était comme un rêve. Les tests sont longs, on est énormément à les passer. Moi, je les ai commencés en me disant que je n’irais pas pour ne pas me mettre la pression. Mais une fois que j’ai été sélectionné, c’était quelque chose d’incroyable. Les premières semaines, ça me faisait peur, mais ça s’est vite dissipé. Après, ça a été deux ans uniques, surtout que ça t’oblige à sortir de ton cocon familial.

Tu décides ensuite de signer à Monaco, et de t’éloigner encore davantage de ce fameux cocon familial. Pourquoi l’ASM ?J’avais signé avant d’entrer à Clairefontaine, en fait. À la base, j’avais fait des tests sur Paris, mais quand on est parti à Monte-Carlo, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas mieux pour le développement d’un joueur et pour son confort.

À Clairefontaine, il n’y avait pas vraiment cette pression de devoir signer pro à tout prix, car il n’y a pas réellement de concurrence entre nous comme en club.

À l’INF, j’étais quand même un peu proche de ma famille, mais à Monaco, j’étais complètement détaché, même si l’INF t’y prépare un peu.

C’est aussi à ce moment-là que tu te rends compte qu’il faut faire des sacrifices pour devenir pro ?Exactement. À Clairefontaine, il n’y avait pas vraiment cette pression de devoir signer pro à tout prix, car il n’y a pas réellement de concurrence entre nous comme en club. Mais quand tu arrives à Monaco, tu te rends compte que c’est un autre décor. Quand j’ai signé pro, ma mère n’était pas vraiment contente, elle disait : « C’est bien, tu as signé ton premier contrat, mais il manque le bac, il faut que tu l’aies. » Donc au moment où j’ai voulu me relâcher, et que je me suis dit : « Tu as signé pro, profite », elle m’a tout de suite rappelé à l’ordre, et j’ai finalement obtenu mon bac pro commerce.

En juillet 2018, tu t’en vas encore plus loin de Gentilly puisque tu files en Italie. Pourquoi la Fiorentina alors que tu étais proche de Liverpool ? Il y a plein de choses qui entrent en compte. Mais quand on m’a présenté les deux contrats et les deux aspects sportifs, le choix de la Fio était le meilleur. L’Italie, c’était vraiment un championnat où je ne voulais pas aller initialement, car c’était un peu contraire à mon football. Mais après en avoir parlé avec ma famille, je me suis rendu compte que l’Italie allait beaucoup m’apporter. Et je ne me suis pas trompé.

Comment ça se passe avec la langue, les consignes n’étaient pas trop difficiles à comprendre au début ?J’ai pris des cours pendant les vacances qui ont précédé mon départ, avant de continuer en arrivant à Florence.

Montella m’a directement montré qu’il aurait pu compter sur moi, donc ça prouvait que mon travail en Primavera payait.

Puis, le coach de la Primavera m’a accordé sa confiance dès le début et m’a dit que la vérité était celle du terrain dans tous les cas. Je suis venu pour bosser, j’ai appris l’italien et ça s’est super bien passé. Aujourd’hui, je parle couramment l’italien, mais toujours un peu avec l’accent de Gentilly. (Rires.)

Depuis ton arrivée, tu joues essentiellement avec la Primavera. Ce qui ne t’a pas empêché de faire ta première apparition dans le groupe pro en mai 2019 contre l’AC Milan.J’aurais aimé entrer, mais ça ne s’est pas fait. Après, Montella m’a directement montré qu’il aurait pu compter sur moi, donc ça prouvait que mon travail en Primavera payait. Quelques mois après, il m’a convoqué pour le stage de pré saison aux États-Unis, c’était la première fois que je partais en stage de préparation avec une équipe première.

Quand vous rentrez des États-Unis, vous apprenez d’ailleurs que Boateng et Ribéry vont s’engager au club. Tu as vu ça comme un obstacle pour ta présence dans le groupe pro ou pas ?Non, j’étais content, je n’ai pas vu ça comme un frein ou un obstacle.

Même en Primavera, les supporters nous suivent partout. C’était pareil l’année dernière quand je jouais avec Vlahović et Sottil.

Car il faut toujours apprendre des joueurs comme eux, et ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de les côtoyer. Ribéry, c’est un joueur dont j’étais fan quand j’étais plus petit.

En arrivant en Italie, tu t’es aussi rendu compte que tu arrivais dans un vrai pays de football.C’est vrai, et c’est un truc de fou. Même en Primavera, les supporters nous suivent partout. C’était pareil l’année dernière quand je jouais avec Dušan (Vlahović) et Riccardo (Sottil). En Italie, tu ne viens pas en équipe première en étant un inconnu, ils te connaissent déjà, ce qui change un peu de la France, et surtout de Monaco. Ici, le football, c’est presque une religion, en fait.

Normalement, vous allez pouvoir jouer la finale de Coupe d’Italie Primavera, pour la seconde année de suite. On imagine que c’est ce genre de rencontres qui peuvent te rouvrir les portes de l’équipe de France. Est-ce qu’on est moins regardé par le staff tricolore quand on est jeune et qu’on évolue à l’étranger ?Franchement, je ne sais pas. Après, je prends mon mal en patience et je continue à travailler dans mon coin. Le plus important, c’est de faire des grosses performances, le reste arrivera après. J’essaye de ne pas trop me mettre ça dans la tête. La finalité, c’est le terrain.

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