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Christian Gourcuff, le chemin de croix
Un an et quatre mois après avoir posé ses bagages de puriste au sein d'un FC Nantes aux abois, Christian Gourcuff a été poussé vers la sortie, sans avoir réussi à amener sa patte chez les Canaris. Tout simplement le quatorzième coup de balai sur le banc dans l'ère Kita.
« Je pense que c’est l’un des meilleurs techniciens en France. On a vraiment beaucoup de chance de l’avoir avec nous et c’est un entraîneur que je désirais depuis plusieurs années. Je le remercie beaucoup d’être parmi nous. » Entre ces mots doux de Waldemar Kita pour Christian Gourcuff et l’éviction de ce dernier, seize petits mois se seront écoulés. Presque long, quand on connaît l’impatience du Franco-Polonais avec ses techniciens, mais trop peu pour que le passage de l’ancien matheux laisse une trace dans la cité des ducs. En repartant, il laisse un FCN quatorzième de l’élite (à trois points du barragiste), qui n’a pas vu les trois points depuis un mois, n’a remporté que trois de ses treize premières rencontres et vient de laisser le 19e, Strasbourg, lui rouler dessus à la Beaujoire (0-4). Suffisant pour que Kita décide de procéder à ce qu’il sait faire de mieux : activer le siège éjectable de son banc, alors que Gourcuff occupait depuis plus d’un an un rôle élargi de « manager à l’anglaise ». L’idole du Moustoir succède à René Girard et Miguel Cardoso dans la case des bannis en cours de saison par le magnat de Szczecin. Ce dernier n’est décidément pas près de changer de ligne directrice : c’est la quatorzième fois en treize ans et demi qu’il fait sauter son entraîneur.
Le pompier caillassé
Au départ, la mission relevait du fardeau, surtout pour quelqu’un qui demeurait déjà en quasi-retraite après une courte expérience au Qatar : reprendre en main une maison jaune qui, encore bouleversée par le drame Emiliano Sala, se retrouvait sans commandant de bord à quelques heures de la reprise du championnat après le claquage de porte de Vahid Halilhodžić au début du mois d’août. Malgré ça, les débuts ont été transcendants avec un premier quart de championnat royal (six succès lors des neuf premières rencontres), avant que les Canaris ne rentrent rapidement dans le rang et pointe, en mars, à une très habituelle treizième place, au cœur du même ventre mou dans lequel avaient terminé Michel Der Zakarian (2013-2014, 2014-2015, 2015-2016) et coach Vahid (2018-2019) avant lui. La routine, en somme.
Cette saison, le décollage n’a jamais eu lieu, et la colère des supporters exprimée avant la rouste alsacienne ne trompait pas : le bateau tanguait et comme à Rennes trois ans plus tôt, c’est par la petite porte que le coach s’en va, alors que cela pourrait être sa dernière expérience, lui qui semble de plus en plus lassé de tout ce qui l’entoure. La plupart des recrues arrivées sous Gourcuff n’ont rien montré ou presque (Renaud Emond, Pedro Chirivella, Jean-Kevin Augustin, Jean-Charles Castelletto) même si le technicien breton aura tout de même permis l’éclosion de plusieurs éléments à Nantes, comme Imran Louza, Kader Bamba ou encore Randal Kolo Muani cette année, et aura eu du nez en replaçant Andrei Girotto en défense centrale aux côtés de Nicolas Pallois.
06/12/2020 – Avant-match #FCNRCS, les joueurs @FCNantes interpellés par des supporters : « Après un début de saison totalement bidon, on attend de vous une réaction » . #KitaOut pic.twitter.com/X0VN6s7yEX
— Rendez-nous le FCN (@rendezleFCN) December 6, 2020
Mais au pays de José Arribas, Jean-Claude Suaudeau, Raynald Denoueix et du sacrosaint jeu à la nantaise, l’attrait du père de Yoann pour un football noble et emballant n’aura jamais réellement transparu dans les prestations des Jaune et Vert, si ce n’est pas intermittence, comme face à Metz (1-1) l’espace d’une mi-temps il y a deux semaines. Le retour du spectacle à la Beaujoire est une mission vraisemblablement trop grosse pour être accomplie en quelques mois seulement, surtout dans ce contexte. Étrangement, avec son président, Gourcuff aura connu moins de turbulences que les courageux ayant accepté le poste avant lui, et c’est sans fracas que son aventure nantaise se termine. Ça ne veut pas dire qu’elle fut belle.
22 – Nantes va recourir à un 22e entraîneur différent pour officier en Ligue 1/Ligue 2 au 21e siècle (intérimaires compris), c’est au moins 5 de plus que tout autre club dans les 2 premières divisions ?? sur la période. ChaisesMusicales. pic.twitter.com/sr5OwjKHfO
— OptaJean (@OptaJean) December 8, 2020
Par Jérémie Baron