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Christian Gourcuff à Rennes : insert coin, try again ?

Par Régis Delanoë, à Rennes
Christian Gourcuff à Rennes : insert coin, try again ?

La rumeur annonce avec de plus en plus d’insistance l’arrivée imminente de Christian Gourcuff sur le banc du Stade rennais. Le possible successeur de Rolland Courbis a déjà occupé ce poste par le passé : c’était lors de la saison 2001/2002 et ça s’était globalement soldé par un échec, la faute à des luttes de pouvoir, des divergences de politique et un effectif XXL très hétéroclite.

Donc Christian Gourcuff pourrait bien revenir sur le banc du Stade rennais. C’est imminent, ça aurait même dû se faire cette semaine selon les confrères du Télégramme, sauf que les fuites dans la presse ont fait capoter l’annonce officielle. Un délai supplémentaire qui ne change rien aux faits : l’ancien druide lorientais devrait bien succéder à Rolland Courbis, lequel ne se fait plus guère d’illusion quant à son avenir en Ille-et-Vilaine, lui qui avait déjà piqué la place de Philippe Montanier il y a quelques mois dans les conditions que tout le monde connaît… Courbis et Gourcuff pourraient d’ailleurs s’échanger leurs postes, c’est en tout cas ce que la rumeur annonce : l’un reprendrait la fonction de sélectionneur de l’Algérie quand l’autre reviendrait au stade de la route de Lorient, devenu depuis Roazhon Park. Car oui, si l’orange des Merlus est la couleur associée directement à Gourcuff senior, ce dernier a déjà tenté de dompter l’équipe première rouge et noir de ce fascinant club qu’est le Stade rennais. C’était en 2001/2002, pour une saison tout pile qui a laissé un large sentiment de frustration.

La folie dépensière rennaise au placard

Il faut se rappeler du contexte de l’époque. Au début de l’été 2001, ça fait trois ans que Pinault a pris en main la destinée du club breton avec la volonté de le transformer d’un habitué du yo-yo entre D1 et D2 en un poids lourd du football français capable de jouer durablement le haut de tableau. En 2000, pour sa troisième saison sur le banc, Paul Le Guen hérite d’un recrutement de taré, l’un des plus importants d’Europe. C’est le mercato du grand n’importe quoi : le soi-disant nouveau phénomène brésilien Severino Lucas déboule contre une indemnité record de 21 millions d’euros, accompagné de ses compatriotes Luís Fabiano, Cesar et Vander, sans oublier l’arrivée de l’Argentin Turdo. Du bling-bling avant l’heure, pour un résultat global décevant : Rennes achève la saison « seulement » 6e de D1, intercalé entre Sedan et Troyes. Paul Le Guen, poussé vers la sortie très tôt dans la saison, tient jusqu’au printemps, mais est finalement éjecté, puis remplacé le 21 mai 2001 par celui que la rumeur annonçait depuis des mois : Christian Gourcuff.

Un changement d’entraîneur qui laisse encore aujourd’hui un sentiment de frustration à l’un des membres de l’effectif de l’époque, Olivier Echouafni. « Je suis arrivé en même temps que les Brésiliens, l’été d’avant, resitue-t-il. On était dix nouveaux éléments à intégrer, avec une nouvelle attente autour du club, de la pression. C’était compliqué pour Paul Le Guen, et c’est vrai que le début de saison avait été délicat, mais ça commençait à vraiment prendre sur la fin (10 victoires sur la phase retour de la saison 2000/2001), un collectif se mettait en place. Et là paf, Le Guen est remplacé. Du coup, le groupe est resté sur sa faim, on ne comprenait pas ce changement d’entraîneur, alors que ça se passait bien avec Paul… Et c’était pas facile pourtant, car on entendait parler d’une arrivée de Gourcuff depuis le mois d’octobre… » C’est René Ruello, président de retour aux affaires, qui est alors à l’origine de la venue du Lorientais pour préparer cette nouvelle saison 2001/2002.

Rennes double l’OM pour récupérer Gourcuff

Avec des moyens dérisoires, mais en impressionnant son monde par le jeu produit, le FCL est à l’époque parvenu à monter deux fois en élite sous ses ordres. On parle à l’époque d’un intérêt de Robert Louis-Dreyfus pour l’amener à Marseille, mais c’est bien Rennes qui récupère l’homme aux bouclettes et à la mine renfrognée. « Nous attendons qu’il mette en pratique la conception qu’il a du football, annonce Ruello lors de son intronisation. Il va nous amener une assise collective et une vraie politique d’ensemble. Il faut que tout le monde parle le même langage dans ce club. On ne dure pas sans qualité. Nous aurons forcément des hauts et des bas, mais la garantie d’une trajectoire ascendante existe. » L’idée est alors de tourner le dos aux recrutements coûteux et exotiques pour se réorienter vers la formation et le régionalisme. Les hermines font leur apparition sur le maillot, et la venue d’un entraîneur pur beurre salé, avec un caractère têtu et un CV de formateur, correspond bien à la volonté du club. Sauf que…

« Sauf qu’on s’était qualifié pour la Coupe Intertoto la fin de saison d’avant, et donc on doit reprendre hyper tôt la saison, ce qui a pu compliquer notre préparation et rendre plus difficile les conditions d’arrivée du nouvel entraîneur » , se souvient Echouafni. Dans la petite petite Coupe d’Europe, les Bretons se font sortir par Aston Villa au deuxième tour, puis démarrent très mal le championnat, avec une première défaite 5-0 subie à Auxerre et le quadruplé d’un jeune attaquant prometteur nommé Djibril Cissé… Dans la presse régionale, des rumeurs font alors écho d’un vestiaire divisé entre pro et anti-Gourcuff n’ayant toujours pas digéré le départ de Le Guen. Echouafni ne se rappelle pas d’un tel contexte, mais ne nie pas quelques tensions « inhérentes à un groupe élargi où tout le monde veut jouer et où les places sont chères » , qui plus est avec un Gourcuff père « très catégorique dans ses méthodes et ses choix » .

Éliminations contre Lorient

Le technicien n’a alors connu que Lorient, où il était le boss d’un club aux structures et aux ambitions modestes. Il se retrouve à Rennes avec plus de responsabilités, plus de pression et « un microcosme particulier » , toujours d’après Echouafni, dont la saison se termine prématurément en décembre à cause d’une grave blessure au genou qui l’écartera huit mois des terrains. Ce qui ne l’empêchera pas de suivre attentivement la suite de cette délicate saison à naviguer en championnat entre la zone rouge et le milieu de tableau, pour finir à la douzième place. « Mais là encore, comme la saison d’avant, il y avait eu vraiment du mieux sur les dernières journées (5 victoires sur les 8 derniers matchs). En plus, on fait un beau parcours en Coupe de la Ligue (élimination en demi-finales par… Lorient, l’ex de Gourcuff qui élimine aussi les Rennais prématurément en Coupe de France, ndlr). Mais comme avec Le Guen, on ne laisse pas le temps à l’entraîneur. » Car dès la fin de la dernière journée, Christian Gourcuff est à son tour débarqué par la direction, licencié malgré le contrat de cinq ans qu’il avait signé un an auparavant.

Son remplaçant, Philippe Bergeroo, ne tiendra que quelques mois au poste. En octobre 2002, Gourcuff commente au lance-flammes dans les colonnes de Ouest France le cirque rennais qui continue. « Cela (l’éviction prématurée de Bergeroo, ndlr) me conforte dans l’analyse que j’avais faite de ce club et des hommes qui s’en occupent. C’est un énorme gâchis. À Rennes, il fallait changer beaucoup de choses. C’était mon projet et j’étais venu pour cela. René Ruello m’avait contacté pour modifier un mode de fonctionnement, mais certains n’ont pas souhaité le faire. Il a fallu que je fasse beaucoup de concessions et je l’ai très mal vécu. Je ne pouvais pas être rayonnant, compte tenu de ce qu’on présentait sur le terrain, des résultats décevants. Toute la saison, la priorité est restée au maintien et j’ai essayé de gérer au maximum les susceptibilités, afin d’avoir un minimum d’adhésion et éviter ainsi la catastrophe. »

Fâchés pour se rabibocher ?

Dans les mêmes temps, Ruello tente d’expliquer les raisons de l’échec par le caractère abrupt de celui qu’il avait pourtant nommé : « C’est un entraîneur sans concession, alors que dans ce métier, il faut parfois en faire. Il ne veut pas prendre le temps d’expliquer pour faire passer son message différemment. Ce n’est pas un problème de fond, mais de forme. Il occulte un peu trop la dimension humaine de son travail. Il a forcément une part de responsabilité. » Les deux paraissent fâchés, irréconciliables. Pourtant, quinze ans après sa première nomination à Rennes, il se pourrait bien que Gourcuff finisse par être convaincu de nouveau par ce même Ruello de revenir aux affaires. « Le temps a pu jouer, estime Echouafni. Christian a pris de la bouteille, ça devrait lui servir s’il revient effectivement à Rennes. Ce n’est plus la même époque ni les mêmes joueurs. » Deux choses en revanche n’ont pas changé en une décennie et demie : l’instabilité rouge et noir, et les difficultés du club à mener une politique à long terme et à s’y tenir.

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