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Chris Jullien : « Dupraz ? C’est lui qui nous inspire »
Après une saison en L2 avec l'AJA et un titre de champion du monde U20 avec la génération Pogba en 2013, l'immense Chris Jullien (1,96m) a disparu deux ans en Allemagne au SC Fribourg. Après cette parenthèse pas vraiment enchantée, le défenseur central est devenu l'an passé l'un des hommes forts de Dijon, au point de figurer dans l'équipe type de L2 (neuf buts et une passe décisive). Après ses débuts en L1 au Vélodrome contre l'OM et sa première au Stadium pour le derby de la Garonne le week-end dernier, présentation de la nouvelle tour de contrôle de la défense toulousaine.
Les résultats des matchs amicaux de pré-saison et les deux premières prestations du TFC sont plutôt encourageants dans l’ensemble. Nouvelle saison, nouveau TFC ?C’est clair. Franchement, on est sortis confiants des matchs amicaux. Notre préparation physique a été très dure au début, on a vraiment souffert. Mais ça a été un mal pour un bien parce que, pendant la série de matchs de prépa, on a senti qu’on avait bien travaillé en amont, et que physiquement, on est bien. Et, du coup, on est capable sur le terrain de répondre aux attentes du coach : beaucoup de courses, de pressing, d’intensité ! C’est ce qu’on a essayé de faire sur les deux premières journées.
L’objectif de Toulouse était donc d’être opérationnel dès la première journée ?
Ah oui, ça c’est sûr ! Mais je ne connais pas une équipe de L1 qui ne veut pas être opérationnelle et performante dès le début du championnat ! En tout cas, nous on a tout fait pour. Je trouve qu’on a un groupe de qualité. Je ne suis ici, au club, que depuis un mois et demi, mais j’ai pu constater qu’il y dans ce groupe des joueurs de grande qualité et que le mixe entre jeunes et anciens fonctionne bien. Dans ce championnat, on va jouer notre chance à fond, on n’a pas à se cacher.
L’an passé, tu étais prêté par Fribourg à Dijon. Après une très bonne saison ponctuée d’une montée en L1, pourquoi ne pas avoir continué l’aventure en Bourgogne ?En arrivant à Dijon, l’été dernier, tout le monde savait que je devais repartir à la fin de la saison en Allemagne. Tout était tellement parfait avec Dijon qu’on aurait pu penser que j’étais dijonnais. Moi, en arrivant à Dijon, j’ai joué comme si j’étais un membre du club et pas comme si je venais juste en prêt. Cet état d’esprit m’a beaucoup servi, je pense, pour mon intégration dans le groupe et dans l’équipe. Mais en fin d’année, Fribourg a posé ses conditions pour mon départ. Dijon a été l’une des possibilités, mais finalement, Toulouse m’a acheté. Le coach Dupraz m’a appelé et j’ai eu un bon feeling avec lui. Il a su me convaincre pour rejoindre le club et me voici donc à Toulouse pour une nouvelle aventure.
Après Auxerre, Fribourg et Dijon, c’est peut-être aussi un choix de cadre de vie pour des hivers plus doux et un peu plus de soleil, non ?(Rires) Non, pas du tout. Pour dire la vérité, je ne connaissais rien sur Toulouse avant de venir. C’est après avoir signé qu’on m’a parlé du climat, de la ville et des bons côtés de la région. Ce sont des options supplémentaires que je n’ai pas pris en compte au moment de signer, mais je les accepte avec plaisir !
Après une première année en Ligue 2 réussie avec l’AJA (27 matchs et 3 buts en 2012-2013), tu as connu deux saisons plutôt mitigées avec Fribourg (un seul match en pro). Quel regard portes-tu sur cette expérience allemande avec le recul ?
Franchement, cela a été pour moi une bonne expérience. Elle aurait pu être excellente si j’avais pu jouer avec l’équipe première et m’imposer en Bundesliga. Cela n’a pas été le cas, mais humainement et sportivement, cette expérience a été enrichissante par rapport à ma progression. Après une saison en Ligue 2 à dix-neuf ans, suivie du titre de champion du monde en U20, je suis un peu redescendu sur terre. En Allemagne, l’intégration a été dure, notamment avec la langue. Mais ça m’a appris à être patient, à me concentrer sur mon job, sur ce que je devais faire au quotidien pour progresser mentalement également. J’en tire une bonne leçon de vie, ces deux années font partie de ma vie et m’ont fait grandir, sans aucun doute.
Surtout qu’au même moment, certains joueurs de cette équipe ont explosé (Pogba, Umtiti, Kondogbia, Digne…). Tu t’es dit quoi à ce moment-là ? Que tu étais en retard par rapport à eux ?C’est sûr que ça a été une période difficile à vivre pour moi, sans aucune jalousie de ma part. Quand je regardais derrière et que je voyais la progression des autres et que moi je stagnais, je me posais des questions. J’étais content pour eux, bien sûr. Mais un jour, je me suis levé et je me suis dit que je devais arrêter de me focaliser sur les autres et uniquement sur moi-même. Pour moi, ça a été un vrai déclic qui m’a permis de progresser et d’avancer pour arriver là où j’en suis aujourd’hui.
Avec qui gardes-tu un contact particulier parmi les membres de ce groupe champion du monde ?Avec Yaya Sanogo, que je connaissais déjà avant d’être en sélection puisqu’on était ensemble en formation à l’AJA. Même s’il était souvent surclassé et qu’on n’a pas toujours joué ensemble en équipe de jeunes à Auxerre. C’est un ami avec qui j’ai un contact régulier et avec qui je pars parfois en vacances. Malgré nos trajectoires différentes, nous sommes toujours restés proches.
Maintenant, à vingt-deux ans, après tes débuts en L1, quels sont tes objectifs à court et à moyen terme ?Déjà, essayer d’enchaîner les matchs d’un point de vue personnel, et les victoires pour l’équipe ! Devenir un bon joueur de L1, ça serait déjà bien. Je préfère me projeter sur le court terme, sur la saison à venir qui m’attend. Cette année avec le TFC, je veux progresser tactiquement, techniquement et physiquement dans l’optique de m’améliorer. Après, les choses qui devront arriver, elles arriveront ! Je pense juste à ce que je dois faire chaque jour pour pouvoir progresser.
En arrivant à Toulouse, as-tu ressenti les effets du sauvetage miraculeux de la saison passée ? Les joueurs, le coach, en parlent-ils encore ?Oui, un peu. Mais le coach en parle surtout pour insister sur le fait que l’équipe est capable de réaliser de bonnes choses.
Ce maintien, c’est un exemple à suivre pour nous cette saison. Quand le coach est arrivé l’an passé, il a répété à tout le monde que le maintien était possible, même si pas grand monde n’y croyait. Maintenant, il nous répète que, dans un contexte différent cette saison, on doit être capables et on doit être convaincus qu’on peut faire quelque chose. En L1, il y a deux, trois équipes qui sont au-dessus du lot, mais on ne doit rien envier aux dix-sept autres. Il faut se le mettre en tête et surtout y croire.
Un mot sur le coach justement. Comment le définir ?Il est naturel et déterminé. Comme je l’ai déjà dit, il me fait penser un peu à Diego Simeone, l’entraîneur de l’Atlético de Madrid. Il vit les matchs intensément, il est toujours à fond. Il est également très proche de ses joueurs, et tous les jours, il nous répète qu’il sera toujours notre premier supporter et qu’il fera tout pour nous, qu’il nous défendra toujours. Du coup, en tant que joueur, c’est plus facile de donner ta confiance, de tout donner sur le terrain pour lui. C’est lui qui nous inspire en fait, en tant que joueur, on le suit les yeux fermés.
En arrivant dans ce groupe toulousain, avec quel joueur as-tu directement accroché ?Il y en a plusieurs. Pantxi (Siriex) est proche de tout le monde au club. Il a toujours la bonne parole pour chacun, mais il sait aussi écouter et être une oreille attentive. Mais le joueur qui, pour moi, est un exemple à suivre, c’est Martin (Braithwaite). Il est super professionnel, il sait où il va, ce qu’il fait et pourquoi il le fait. C’est un très bon modèle de capitaine pour le groupe.
La saison dernière, tu as commencé la saison très fort (5 buts sur les 9 premières journées de L2). Tu sembles continuer sur la même lancée cette saison après ton but contre Bordeaux. Tu comptes avoir les mêmes stats cette saison ?(Rires) Je ne sais pas du tout. Je peux répondre oui et ne plus marquer aucun but ! Ou l’inverse… Donc je préfère ne pas m’avancer.
Surtout qu’avec ton physique de basketteur et ta réputation de buteur en série de la tête, difficile d’être discret, tu risques d’être surveillé…
La seule chose que je puisse espérer, c’est que les joueurs de L1 ne regardent pas la L2 ! Comme ça, j’aurais un peu plus d’espace pour marquer quelques buts peut-être. Bon, maintenant, ils sont au courant après mon premier but. Mais, honnêtement, marquer des buts, ce n’est pas mon objectif premier en tant que défenseur. Mon rôle, c’est de bien défendre et d’être rassurant derrière. Si je peux mettre le même nombre de buts que la saison passée, je signe de suite, bien sûr ! Les coups de pied sont très importants et quand je monte, c’est toujours pour essayer de marquer, mais ça n’est pas un objectif personnel en débutant cette saison.
En tant que francilien, tu as déjà coché dans le calendrier les deux matchs entre Toulouse et le PSG ?Franchement, pas du tout. J’ai fait exprès de ne pas regarder le calendrier pour ne pas trop me projeter. J’attendais vraiment le début de la saison, le premier match pour, après, prendre les matchs un par un. J’ai des amis qui m’ont de suite parlé du match contre Paris, en me demandant des places au Parc. Quand ce sera le jour J, ok, je serai dedans, mais pas avant. Je n’ai pas envie de penser à ce match en particulier, de penser à qui je vais marquer comme joueur… Je préfère me concentrer sur les matchs à venir, puis sur les matchs qui vont suivre et laisser venir ce match contre le PSG tranquillement. J’espère ne pas me blesser d’ici-là, et, si je suis performant et dans le groupe contre Paris, alors là oui, ce sera une semaine assez particulière pour moi.
Propos recueillis par Benjamin Laguerre