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Cholito deviendra grand
« Pistonné », « surcoté », on a tout entendu sur Giovanni Simeone, fils de Diego. Désormais au Genoa, le jeune attaquant argentin qui a quitté River Plate sans s’y imposer lutte pour se détacher de l’ombre de son père. Portrait.
Il s’est présenté aux yeux du monde entier avec une horrible coupe de cheveux. Victime de la tradition argentine qui oblige chaque nouveau joueur de l’équipe première à passer sous la tondeuse, Giovanni Simeone faisait ses premiers pas à River Plate à l’été 2013 avec cette tronche-là.
El repugnante corte de pelo del Giovanni SImeone (Hijo del Cholo), entrenando con RIver Plate. #FAIL pic.twitter.com/s2pbexoe3M
— Juez Central (@Juezcentral) 17 juillet 2013
Depuis, il a été prêté à Banfield le temps de s’aguerrir sous les ordres de Matías Almeyda, a tenté en vain de s’imposer dans son club formateur où Marcelo Gallardo n’a jamais daigné lui offrir le temps de jeu qu’il demandait, et a finalement été vendu au Genoa, pour trois millions d’euros au mercato dernier. Le fils de Diego Simeone, auteur de deux buts avec son nouveau club, va-t-il enfin lancer sa carrière et laisser de côté le lourd héritage d’un patronyme difficile à porter ?
Asados, conseils du père et premiers buts
Avant-centre de surface à la grinta du paternel – comme le confirme Nicolás Burdisso au micro de Sky Sport : « Il a la même faim que son père. » – Giovanni Simeone s’adapte petit à petit à la vie italienne. Sur les réseaux sociaux, il s’affiche partageant des asados avec la colonie argentine du Genoa. Sur le terrain, il montre tout doucement à l’Italie ses qualités de buteur. En quatre matchs, il a déjà planté deux fois, offrant la victoire au Genoa contre Bologne le 2 octobre dernier. Il avait déjà marqué la semaine précédente, contre Pescara, son premier but en Serie A.
#River Primer gol de Gio Simeone en Genoa: 1-1 con Pescara. Se fue lesionado Lucas Ocampos pic.twitter.com/6TPvG9oac6
— Matias Navarro (@Mati_navarro) 25 septembre 2016
Si son adaptation au football italien se passe parfaitement, c’est que le fils du Cholo peut compter sur quelques bons conseils du père, passé par Pise, l’Inter et la Lazio. « Mon père m’a dit que c’était compliqué de jouer en Serie A. Le jeu est très physique, mais il m’a dit que ma vitesse allait me servir. J’ai pris la décision de signer au Genoa. Avec mon père, on parle énormément de football, mais il n’a eu aucune influence dans ma décision. » On en revient souvent à la même chose. Chaque fois qu’un micro lui est tendu, Giovanni cite l’entraîneur de l’Atlético de Madrid.
Chaque fois que le padre est libre, il monte dans un avion pour voir jouer sa progéniture, comme lors d’un River Plate-Rosario Central où il était titulaire. Depuis le début de sa jeune carrière, le buteur de vingt et une piges subit quelques critiques. Ici, on entend qu’il doit sa place chez les jeunes de River à l’influence du père, un temps entraîneur des Millonarios. Là, qu’il n’a tout simplement pas le niveau. Alors, est-ce qu’on en fait vraiment trop pour un attaquant qui a marqué une trentaine de buts depuis 2013, année où il est devenu professionnel ?
« Il a déjà la mentalité européenne »
Ses principaux faits d’armes, Gio Simeone les a réalisés sous le maillot de sa patrie. Pas encore celui de la grande Albiceleste, mais celui des sélections de jeunes. En 2015, il dispute le Sudamericano des moins de vingt ans en Uruguay. Il termine meilleur buteur de la compétition que l’Argentine remporte contre les locaux. Gerardo Salorio, préparateur physique réputé en Argentine et membre du staff des U20, explique sa réussite sous le maillot argentin : « Tout dépend du schéma de jeu aujourd’hui. En sélection, il avait un joueur comme Ángel Correa à ses cotés. L’équipe était construite autour de lui, l’attaquant de surface. Ángel est une machine à caviars et Gio a besoin de joueurs de la sorte pour marquer. »
Il poursuit : « C’est un excellent joueur qui n’est jamais entré dans le système de jeu de Gallardo, mais il a prouvé ailleurs qu’il avait du talent. Surtout, il a une mentalité incroyable. Aujourd’hui, les jeunes joueurs argentins ne font pas attention à eux, ils ne travaillent pas bien. Gio a déjà la mentalité européenne. Certainement grâce à son père. » La sélection lui permettait surtout d’acquérir du temps de jeu, ce qu’il n’avait pas à River Plate. Le prêt à Banfield, à l’été 2015, est tout aussi salvateur. Sous les ordres de Matías Almeyda, ami de Diego, le Cholito met douze buts, dont la conclusion de ce chef-d’œuvre collectif.
https://t.co/tV3kszaSLo. El fútbol bien jugado, el que no admite debate. Golazo de G. Simeone para Banfield. Cazares protagonista.
— David Aguirre (@davidaguirre1) 22 septembre 2015
À son retour à River, il croit pouvoir s’imposer, mais Gallardo insiste pour le recrutement d’un nouveau buteur. Un message clair pour Giovanni Simeone qui fait ses bagages pour l’Italie. S’il veut faire oublier le parallèle avec son père qu’on lui rappelle trop souvent, le jeune buteur devra confirmer son bon début de saison. Peut-être qu’ensuite, on lui parlera d’un autre Argentin qui a laissé un sacré souvenir dans toutes les têtes du côté de Gênes…
Par Ruben Curiel
Propos de Gerardo Salorio recueillis par RC.