- Euro 2020
- Demies
- Italie-Espagne (1-1, 4-2 t.a.b)
Chiellini, le boss de fin
Vainqueur de l’Espagne (1-1, 4.2 t.a.b) au bout d’une longue et fantastique soirée de football à Wembley, l’Italie a décroché son ticket pour la finale de l’Euro 2020 et tentera de faire mieux qu’en 2012, où elle avait buté contre cette même Roja, pour remporter son premier titre européen depuis 53 ans. Une qualification gagnée par tout un collectif emmené par son capitaine et patron Giorgio Chiellini, 36 ans et qui tentera de soulever enfin son premier trophée international ce dimanche à Londres.
L’instant est exceptionnel. À quelques secondes du début d’une séance de tirs au but décisive, Giorgio Chiellini se présente, très décontracté, face au corps arbitral pour décider qui tirera en premier entre Italiens et Espagnols, et de quel côté du terrain. Hilare, balançant de grands gestes et n’hésitant pas à faire vibrer ses cordes vocales, le capitaine de l’Italie aborde une attitude folle qui tranche totalement avec celle de son adversaire, Jordi Alba. L’Espagnol est au contraire crispé et fébrile, le visage fermé et stoïque face aux pitreries de Chiellini. Une bataille psychologique s’installe alors entre les deux hommes, finalement remportée par le défenseur de la Nazionale. Car si le vieux briscard transalpin fait jouer son charisme naturel pour prendre le dessus, il bénéficie d’un petit coup de pouce pour gagner le toss en deux temps face au latéral espagnol, qui a forcé un deuxième lancer, et permettre à son équipe de tirer en premier. Il n’en fallait alors pas plus pour que le défenseur de la Juventus envoie un dernier uppercut en soulevant le joueur du FC Barcelone, à la manière d’un grand frère qui porte son cadet en le félicitant d’avoir tenté en vain sa chance. Une emprise psychologique rondement menée pour mettre ses partenaires dans les meilleures dispositions, tout en plongeant Olmo, Morata et leurs coéquipiers dans le doute. Le premier K.O. est posé, et neuf tirs au but plus tard, l’Italie est officiellement qualifiée pour la finale de l’Euro 2020. Tout sauf une coïncidence.
À une marche du bonheur
Avec son brassard de capitaine autour du bras et son sourire accroché à ses lèvres, Chiellini a donc réalisé une performance de patron, et pas seulement durant les dernières minutes de cet affrontement. Au cours des 120 minutes de jeu, il a comptabilisé 5 dégagements, 2 tacles réussis, 2 interceptions, touché le cuir à 71 reprises et lâché 55 passes (pour 83,6% de réussite), à quoi il faut ajouter une incroyable et incessante capacité à motiver ses troupes. Car lui mieux que quiconque dans cette équipe sait l’importance de ce parcours exceptionnel que réalise la Squadra Azzurra depuis le début de ce championnat d’Europe. Du haut de ses 110 sélections, Chiellini a tout connu ou presque avec le maillot de son pays : l’humiliation lors de la Coupe du monde 2010 (champions en titre et éliminés dès les poules) et des barrages pour la qualification au Mondial 2018 (battus par la Suède), la désillusion lors de la défaite en finale de l’Euro 2012 (giflés 4-0 par l’Espagne) où il sortit sur blessure après seulement vingt minutes de jeu, ainsi que la frustration de ne pas avoir été retenu par Marcello Lippi lors de la Coupe du monde 2006, la dernière remportée par les Italiens.
À la finale, il ne lui reste plus qu’à découvrir l’ivresse du bonheur procurée par un sacre majeur avec la sélection, celle pour qui il donne tant depuis 17 ans et qu’il devrait probablement quitter à l’issue de la compétition, alors qu’il s’apprête à fêter ses 37 ans (il les aura le 14 août prochain). Une récompense qui serait tellement méritée pour un joueur à la carrière aussi grandiose que son show, ce mardi soir, face à Jordi Alba.
Par Fabien Gelinat